Comme appuyé d'une force invisible, l'elfe fendit l'air comme l'eau. Il nageait avec grâce jusqu'à atteindre Valmys qui pataugeait au milieux des eaux noires, visiblement pas dans son élément. Il avait à présent largement distancé la frégate qui faisait tout son possible pour ne pas repartir sans eux, et après l'avoir enfin atteint il attrapa fermement le demi-elfe, mais adoucis sa prise à la vue de la coloration écarlate de l'eau. Etait-ce le dragon qui l'avait blessé dans sa chute ? Ou quelque chose d'autre rôdait dans les parages... La douleur et la peur étaient palpables sur son visage et le guerrier remercia l'Hermione de tout mettre en oeuvre pour les récupérer : Dans cette eau... ils n'étaient pas seuls.
Manquant fort heureusement de les atteindre, des harpons furent tirés pour abattre les serpents qui se rapprochaient d'eux. Et lui qui était heureusement bien plus à l'aise que le demi-elfe dans l'eau réussi finalement, après quelques efforts d'une nage énergétique, à atteindre le navire sans subir de morsures.
Utilisant l'appui offert par un valeureux marin, il remonta sans lacunes à bord de l'Hermione, le bras de Valmys autour de son cou, le soulevant lui même juste assez pour lui permettre de se déplacer sans trop souffrir de sa blessure il les hissèrent tout deux bien vite sur le pont du bateau. Le maître d'arme se débarrassa alors de son haut et se laissa sécher au vent alors que Valmys préféra s'isoler pour se soigner en paix, apparemment très mal à l'aise. Un marin osa se risquer à lui demander d'un ton maladroitement bourru s'il n'avait rien, ce à quoi il répondit par un sourire avant d'être interrompu par le capitaine, visiblement en colère.
Il cru un instant qu'il recevrait également un coup, à la place, elle lui fit la morale d'un ton hautain sur l'héroïsme et les risques de ses actes, son sourire s'effaça quelques peu, il préférait largement la montagne à la mer, mais il eu l'espace d'un instant peur d'avoir entraîné de graves conséquences, heureusement tout semblait aller pour le mieux.
Il la fixa yeux et oreilles parfaitement attentifs, ne sachant trop comment prendre la remarque, et lâcha un soupir. Les hommes semblaient décidemment toujours aussi impulsifs et méfiant envers les autres races. Il s'amusa un instant à penser à la tenue et au respect qu'elle avait exigé des hommes sous ses ordres quand il la voyait ainsi traiter Valmys. Il pouvait comprendre que l'humaine devait faire figure de force auprès de ses hommes, et loin de là l'idée de vouloir la contredire ou de la ridiculiser mais si une vie était en jeu, il se soustrairait sans aucun remords à son autorité et agirait comme il le fallait, au vus des blessures de son ami, de sa chute et des dangers rôdants dans cette eau, Valmys aurait très bien pu ne pas s'en sortir.
Il répliqua donc, d'une voix neutre, mais douce. Ses yeux verts cernés par les contours or de son masque blanc emprunt d'un regard curieusement aussi attristé qu'amusé.
“Je comprend tout à fait que vous vous sentiez mal vis à vis de cet incident, mais je m'excuse, la valeur d'une vie dépasse tout commandements... ”
Devant l'expression affligée de la capitaine du navire, il pencha la tête sur le coté en souriant, espérant que son attitude amicale aurait raison de ce rôle autoritaire dans lequel le capitaine semblait s'être perdus.
“...Vous comprenez ?”
C'était sa seule et unique manière de vivre, le seul commandement auquel il se soumettrais depuis que Kaalys l'avait fait revenir d'entre les morts, lui, responsable de la mort de tant des siens, et de tant des hommes. Il jurait par la nouvelle identité, la nouvelle chance que lui offrait le masque de faire en sorte que tous conserve la sienne. Mais... c'était peut-être difficile à comprendre.
“Je suis désolé..” ajoutât-il simplement avant de s'en retourner à son compagnon.
Valmys semblait s'être parfaitement remit de sa blessure, il cachait un talent certain aux arts du chant, lui n'en était pas surpris, mais cela lui instilla la drôle de sensation que cet être là, qui le remerciait chaleureusement un peu pâlot et attristé mais toujours vibrant d'énergie, sous ses apparences cachait bien des secrets. Encore une fois, il ne répondit que d'un sourire, perdu lui même dans ses propres pensées. Et le laissa tranquille, à son repos.
Il rassembla ses affaires et se revêtit de sa robe de vagabond qu'il avait laissé sur le pont, le chant des marins repris, mais il ne retoucha pas à sa flûte pour les accompagner. Il s'était plutôt isolé à l'une des rambardes, penché au-dessus de l'eau, et se délesta de son masque pour le nettoyer et en retirer l'eau qui en perlait encore, et faire profiter à son visage le plaisir d'un vent puissant. S'assurant d'être seul et de n'être vus que de dos, il se laissa aller à la contemplation des reflets de nacre de son masque, c'était étrange de pouvoir ainsi contempler son propre visage...
Et puis son regard se perdit dans l'un des trous qu'il plaçait en face des yeux, dans son propre regard, au fond, il y vit de l'eau, et puis un nénuphar, et des racines qui faisaient surface. Une odeur épouvantable faisait surface, une odeur de chair en décomposition. C'était le moment de refaire surface, il repositionna son masque et sortit de sa trance, inquiété par le soudain avertissement de Kaalys. Ils étaient visiblement arrivés, le cratère était parfaitement visible, mais pourraient-ils l'approcher plus par le biais des eaux ? En plus d'une route impraticable, la domination du règne végétal sur le climat désertique avait pris une envergure folle.
Et enfin, aveugle était celui qui manquerait le colosse de chair qui se dressait face à eux . A l'apparence d'un immense cerf. Mais était-il seulement vivant ? L'oeil vif du guerrier ne distinguait qu'un alliage de chair et d'étranges végétaux qui s'y mêlaient, une parfaite symbiose entre l'animal et le végétal, aussi majestueux que terrifiant...
Il fixait ses orbites de la créature, il ne pouvait pas y distinguer la moindre émotion, mais par sa posture, et par sa simple présence, par un inexplicable présentiment, le fils du vent su qu'il ne les laisserait pas passer.
“Sans doutes préférerait-il que nous partions...”
Il était le gardien des lieux, comme l'avait souligné Valmys, lui aussi tiré de son sommeil par la présence de cet être imposant. L'équipage entier semblait l'espace d'un instant, totalement absorbé par le gardien. Le silence se fit total lorsque tous l'aperçurent, comme si soudainement, les exilés de la terre des chimères avaient retrouvé l'un de leur dieux.
La curiosité, la peur et le devoir accompagnaient toujours le cœur du maître d'arme, il lui fallait passer la forêt pour gagner le cratère, mais si la créature les avertissait, ne fallait-il pas l'écouter ? Et s'il avait peur, lui aussi ? Une fois de plus, le petit elfe à ses cotés se révéla juste dans ses paroles, ils n'avaient pas encore été chargés ou attaqués, ils ne devaient surtout pas être les premiers à lancer l'assaut. Et alors, un chant s'éleva de l'Hermione...
Pas le chant bourru des marins non, c'était un chant doucereux et bienfaisant, incroyablement plaisant à l'oreille, et pourtant si faible. Lui, sorti de sa robe une sombre et magnifique flûte traversière, bien mieux taillée que celle qu'il avait sculptée lui même. Il la porta à ses lèvres et laissa le son parfait de l'instrument accompagner le chant, et envahir progressivement la jungle entière.
Une mélodie douce à la note grave, en parfaite harmonie avec le chant de l'environnement et du demi-elfe, la musique entra en résonance avec chacun, ou du moins chacun de ceux qui acceptaient de lui laisser ouvert leurs cœurs. Et un profond sentiment de calme et de sérénité abaissa petit à petit toute les tensions. Le musicien n'avait qu'un message à faire passer au cerf et aux hommes :
objet utilisé :
-Flûte de Paix :
Petite flûte traversière, à mi chemin entre la flûte traversière pure et le fifre, fabriqué en bois de buis ou d'arbre fruitier, et de tonalité plutôt aiguë. Un instrumentiste expérimenté pourra en jouer toutes les variations, mais même un apprenti parviendra à tirer quelque son de cette flûte et surtout à en utiliser quand même l'usage principal : en effet cette flûte a la propriété que sa musique apaise les esprits, même les plus coléreux ou les plus désespérés. La douce mélodie de cette flûte permet d'apaiser les sentiments les plus néfastes et les plus exacerbés, apportant paix et réconfort quelque soit votre race, quelque soit votre alignement. Il n'est pas dit toutefois qu'une fois la musique éteinte ces sentiments ne flambent pas de nouveau...
Effets : apaiser les esprits, apaiser la colère, le désespoir, et tout sentiment pas trop fort et négatif. Apporter la paix et la sérénité autour d'elle... le temps de sa musique. Peut être contrée au prix d'un minimum de concentration.
Glyphe : Apaisement – Asbeth
directives :
Aeglos et Valmys sont sains et sauf sur l'Hermione. Valmys s'est soigné lui-même tandis que le navire reprend la route. La végétation change peu à peu tandis que l'Hermione traverse l'entrée du cratère. Le paysage désertique se transforme en milieu tropical. La température est humide et chaude. L'air est étouffant.
Une odeur nauséabonde de charnier se lève...
Le cratère connaît un très vaste écosystème végétal. Sa végétation, caractérisée par la stratification verticale, est grandement dominée par les plantes, surtout les espèces fleurissantes et les arbres. Une vaste canopée recouvre le cratère.
Après avoir pénétré le cratère, une créature attire votre attention : un énorme cerf aux traits particuliers. Kaalys vous partage ce qu'il a su obtenir comme information quant à l'animal. Cet dernier a pour but de protéger la zone et d'empêcher quiconque d'y entrer. Le cerf vous considère comme ses ennemis. Il ne vous veut pas sur ce territoire.
Aeglos croit-il que la musique serait une solution pour l'apaiser, comme le pense Valmys? L'apprenti-baptistrel se met à chanter un chant très bas. Le brouhaha du navire le couvre amplement. Il est difficile d'entrer sa voix. Comment Aeglos réagit-il à la situation? A-t-il une idée pour chasser la bête?
Par exemple: utiliser une des armes du navire serait une solutiion, non? Ou peut-être couvrir la bestiole de flèches? Ou veut-il faire comme Valmys et tenter d'amadouer le grand cerf? Tant de questionnements... Mais au final, c'est Aeglos qui connait les réponses.