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descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyLes mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Elysiennes, Elysiens,
:renne:

Le principe de ce jeu est simple. Vous trouverez ci-dessous une liste de mots et d'expression de Noël que vous devez employer lors de la rédaction d'un RP.

Les mots ou les verbes peuvent être conjugués, accordés au masculin/féminin ou singulier/pluriel. Chaque mot vaut un point.

La répétition des termes ou expressions ne donnent pas de points supplémentaires. Par exemple, si vous écrivez 100 fois neige, cela vaudra 1 point quand même.


Ami
Amour
Arbre
Âtre
Barbe
Blanc
Bonheur
Botte
Bougie
Boule
Brillant
Buche
Cadeau
Carillon
Chandelier
Chanson
Châtaigne
Chaussette
Cheminée
Chœur

Ciel
Cloche
Confiserie
Conte
Couronne
Coutume
Danse
Décembre
Décorer
Diner
Don
Écharpe
Émotion
Enfant
Encens
Étoile
Esprit
Famille
Fascination
Festin

Feu
Froid
Gant
Givre
Glace
Grelot
Hiver
Joyeux
Lumière
Magie
Merci
Mère
Merveille
Minuit
Miracle
Musique
Neige
Nœud
Nuit
Offrir

Pain d'épices
Père
Renne
Réunion
Rêve
Rire
Rites
Rouge
Sacré
Sapin
Scintiller
Souhait
Soulier
Sucre
Surprise
Tradition
Veillée
Vent
Vert
Vœu

Le but est de faire un RP avec le plus de termes possible, sans perdre de sens ! On additionnera les points pour connaître les gagnants.

   Première place : 1000 PP
   Deuxième place : 700 PP
   Troisième place : 400 PP
   Participation : 100 PP


Vous devez poster votre message RP ici et colorer les termes dans votre message. Ajoutez également le lien du RP

Date butoir : 2 janvier, midi heure française

descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyRe: Les mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Voici ma participation :

Quinze jours ! Ou peut-être quatorze ? Ou seulement treize ? Il en avait perdu le compte, il devait l’avouer. Même s’il tentait de garder le fil du temps en se basant sur les sorties, une à deux fois par jour, que les sbires de la Triade lui permettaient, pour ses besoins naturels.

Oh non il n’allait pas cracher sur l’elfe. Sans lui, il ne serait pas ici. Certes, les conditions étaient drastiques, plus drastiques que le voyage jusqu’à Cordont. Ce n’était certainement pas la croisière paisible dont il avait rêvé. Pas qu’il ait eu beaucoup de voyage en bateau paisible, cela dit. Même s’il devait avouer avoir gardé un assez bon souvenir de son séjour sur la Glacern au mois de décembre dernier. Mais cela aurait pu être pire devait-il concéder. S’il était dans une caisse, au moins il s’agissait d’une caisse de luxe. Même si elle embaumait l’argent du Marché Noir… Il devait avouer s’être étonné que l’elfe ait autant d’attention pour lui. Ils n’étaient pas amis… pas vraiment. Ils auraient pu l’être cela dit. Ilhan devait même avouer qu’il en aurait été ravi. Tous deux auraient fait une paire dangereuse avec leurs plans chantant une douce musique de complot. Mais voilà ils avaient choisi différentes voies.

Ilhan contempla de nouveau le nœud de bois qui le narguait depuis quinze jours, là, juste à hauteur des yeux. Il en traça pour la énième fois les contours. Deux mètres de long, sur deux mètres de large, et deux mètres de hauteur, peu étaient ceux pouvant se targuer d’avoir une telle caisse pour y séjourner en catimini. Il devait s’estimer heureux. De nombreux coussins rembourrés, de chaudes couvertures, un petit orbe de lumière qui lui permettait de s’éclairer sans s’épuiser avec sa faible magie… Tout avait été pensé. Il avait même trouvé quelques livres, qui l’avaient aidé à s’occuper, en plus de ses propres parchemins. Mais cela n’avait pas empêché son esprit de voguer vers d’autres cieux qu’il appelait de tous ses vœux. Des cieux emplis d’étoiles scintillantes, les étoiles d’antan qui avaient illuminé de joie sa famille quand tous encore étaient là. Des cieux où tristesse et nostalgie pleuraient en une douce symphonie.

Il revoyait alors ce vieil arbre couvert de givre, un haut sapin aux branches vertes couvertes de leur solennel manteau blanc, où il avait demandé la main de son épousée. Pure formalité, puisqu’ils étaient déjà liés depuis leur tendre enfance. Mais, là, près du lac couvert de la glace hivernale, au son des grelots du carillon d’une petite boutique au loin, au milieu d’un hiver froid et neigeux, il avait voulu renouveler lui-même ses vœux qui les liaient et avaient appelé Amour à les unir à jamais. Il lui avait ôté doucement son gant, avait enserré cette main fine dans les siennes pour qu’elles ne gèlent pas, s’était mis à genoux et les yeux brillants lui avait fait don des mots les plus doux qu’il connaissait. Les plus sincères aussi. Elle avait accepté, dans un baiser chaste mais empli de promesses. Ils avaient signé là, plus encore que sur le papier, la réunion de deux êtres qui s’étaient ensuite aimés avec ferveur et immortelle tendresse.

Il se rappelait ces belles fêtes où tous étaient réunis, profitant de la douce chaleur de l’âtre ronflant, tout près de cette noble et haute cheminée où les bûches chantaient en craquant sous les flammes caressantes du feu. Tous chantaient alors en choeur cette vieille chanson, telle une tradition en cette Veillée qu’ils célébraient en Althaïa, tout en dansant une ronde main dans la main. La douce odeur d‘encens se mêlant aux rires de bonheur, les enivrant de toutes ces saveurs. Le festin de roi ensuite, les châtaignes brûlantes mais fondantes, ce délicieux pain d’épices si joliment décoré, mmmh.. Et ces confiseries en forme de petits souliers rouges pleins de sucre dont il raffolait tant, pour clôturer dignement ce dîner. Venait ensuite le temps des cadeaux, que Père et Mère se faisaient un plaisir de distribuer. Il revoyait leur sourire joyeux, leurs yeux emplis d’amour quand les enfants ouvraient avec fascination les merveilles qu’on leur offrait, les cris de surprise et les mercis timides, tandis que le vent portait au loin tous leurs souhaits de bonheur en plein coeur de la nuit.

Et ensuite, tel un rite sacré, chacun allumait une bougie sur les grands chandeliers. Fête de joie, fête de partage, fête de lumière. Tous se rassemblaient une fois encore au coin du feu, qui s’emmitouflant dans son écharpe, qui se serrant dans les bras de son aimé, et tous écoutaient le plus vieil ancêtre raconter ces vieux contes d’antan. C’était là sans doute la coutume qu’il avait toujours préférée. Surtout ce conte du renne couronné qui avait défié le ciel pour lui avoir ôté son enfant si chéri.

Ilhan sentit une boule d’émotion se coincer dans la gorge à ces tendres et douloureux souvenirs. Il entendait encore la cloche de Minuit, comme sonnant le glas de ce miracle qui n’était plus. Mais non, réalisa-t-il abruptement, ce n’était pas la cloche de minuit. Ce n’était pas le rire et les voix de sa famille clamant joie… mais celles des nouveaux siens rugissant combat. Ilhan sauta sur ses pieds en un bond et manqua se cogner la tête contre le panneau de bois. Il se frotta la barbe, tentant de rassembler ses idées. Bon, l’heure de sortir avait sonné. Il allait devoir s’habiller. Décemment. Il jeta ses vêtements puant les vieilles chaussettes et enfila braies, tunique et pourpoint propres. Puis bottes. Quand vint le moment de revêtir son armure, il inspira un grand coup.

Se rappeler des cours de Sigvald, se tança-t-il en marmonnant pour lui-même. Fâcheuse habitude qu’il avait prise de se parler tout bas. Déjà qu’il se parlait bien souvent tout seul dans sa tête…

Il attrapa son armure de cuir, d’une main étonnamment tremblante, et la considéra un instant circonspect. Plastron ? Dos ? Il hésita, l’enfila, se trompa, bougonna et recommença. Il dut s’y prendre à trois fois pour enfin parvenir à l’enfiler et l’attacher convenablement. Il sursauta un instant quand il entendit un bruit sourd sur sa caisse. Comme si… une masse… était tombée dessus. Un bruit qu’il avait déjà entendu à plusieurs reprises lors de son voyage. Quelqu’un osait s’asseoir sur SA caisse. Est-ce qu’il allait encore entendre les talonnements agaçants qui avaient jalonner si souvent, trop souvent, son pénible voyage, menaçant de le rendre plus fou que la caisse ne le rendait déjà ? Il écouta un bref instant, mais aucun martellement ne vint. Il reprit donc, dans un lourd soupir, la lourde tâche de s’affubler de tout… cet attirail de malheur.

Il attacha sa cape, accrocha sa broche sur la poitrine. Puis maugréa de longues minutes quand il dut d’une main et de dents attacher ses brassards. Ces fameux brassards protecteurs, qui d’ordinaire lui étaient mis par un de ses serviteurs, et qu’il portait sous ses vêtements. Pour cette occasion, ils les porteraient telle la véritable armure qu’ils devaient être. Les liens de cuir avaient été noués entre eux et autour pour ne pas le gêner.

Il en était au deuxième, quand soudain, un craquement résonna au-dessus de sa tête. Son coeur fit une embardée et il se figea, aux aguets, la tête bourdonnante. Diantre, les chimères étaient-elles déjà là ? Il avait mis trop de temps, il avait manqué le début des combats. Il était vraiment un boulet en matière de guerre… Ah vouloir se battre, et tout, tel un fier soldat, hein ? Alors bouge-toi, se morigéna-t-il. Il dut prendre une profonde inspiration et faire appel à tout son courage pour attraper ses derniers effets, les mettre dans ses poches, puis agripper son sabre d’apparat pour sortir de sa caisse. D’une main tremblante, il agrippa la petite échelle qui lui permettait d’atteindre le haut, puis... entendit des voix. Pour des combats, ils avaient l’air peu agités, dut-il avouer. C’est toutefois avec précaution qu’il jeta un œil par dessus le rebord.

Et aperçut l’elfe près de lui, tenant le haut de la caisse qu’il avait soulevé. Oh, il était venu le chercher ? Quelle délicate attention.

– Parbleu, Sire Leweïnra, vous m’avez fait peur.

D’une main il s’appuya sur le rebord et, fort peu gracieusement, mais à sa décharge il était fourbu, pâle comme la mort, et les membres encore tremblants, il bascula, plus qu’il ne sortit, hors de sa prison dorée, et atterrit sur les genoux. Il repassera pour le charisme et la prestance, hein, mais il plaidait circonstances atténuantes. Alors qu’il se relevait péniblement, tout en protégeant ses yeux d’une main tant la lumière du jour lui brûlait la rétine, il aperçut une silhouette… inopinée sur le côté. Qui semblait le narguer d’un air bien goguenard.

– Dame Dalis ? Avons-nous transité sur un navire vampire ?

Il frémit légèrement à cette idée, mais son regard happa de fières silhouettes délimariennes. Non ils étaient a priori toujours sur le même bateau. C’était peu de le dire d’ailleurs, susurra une voix cynique dans sa tête.

Rha, voilà qu’il perdait l’esprit. Il se gifla mentalement. Ou peut-être le fit-il réellement ? Sa joue brûlait soudain d’un feu qui n’avait rien à voir avec le vent mordant de la mer...

– Vous ici ? En si belle compagnie ? Je savais que vous rêviez de me revoir, mais de là à prendre tant de risques pour moi, susurra-t-il d’un air mutin, un fin sourire revenant sur ses lèvres bien pâles, puis se figeant soudain quand une brusque pensée lui vint.

Il s’approcha d’un pas vers le vampire. Un pas, pas plus, mieux valait se méfier quand même, et lui susurra tout bas.

– Ne me dîtes pas que les talonnements au rythme des battements de mon coeur sur cette maudite caisse venaient de vous ou je… me ferais une joie de vous remercier de ce leitmotiv qui a vrillé mon esprit.

Mots aux consonances fortement ironiques, bien entendu, qui promettaient en fait mille tortures tel que seul le Tisseur en connaissait. A savoir harcèlements arachnides en tout genre.

Il se força à détacher son attention de cette dame maudite et son regard fit alors le tour de son environnement… et se figea soudain, effroi et surprise brillant de concert dans son regard sombre, quand il aperçut deux hautes, très hautes silhouettes, qu’il aurait préféré éviter avant le début des combats. Il était mort. Heureusement il avait déjà rédigé son testament…

— Ma Reine, murmura-t-il, la voix presque étranglée.

Aussitôt, il fit deux pas et s’agenouilla devant elle, la tête baissée, les yeux sur le sol, une main sur le coeur. Un coeur battant à tout rompre, de nouveau. La main qui tenait son petit sabre sur le côté bien trop tremblante à son goût. Il n’en menait pas large et dans son état peinait à totalement se maîtriser. Bon, déjà, il avait réussi à ne pas fuir dans les cales, c’était un grand pas.

– Je sais que je ne devrais pas être là. Je sais vous désobéir. Vous m’aviez ordonné de rester, de… Vous m’avez dit que j’étais trop précieux. Trop précieux, répéta-t-il en articulant bien ces deux mots d’un ton âpre. Je ne sais si je dois m’en sentir flatté ou vexé, précieux par mes talents ou précieux par mes manières ?

Il osa enfin relever les yeux qu’il planta droit dans ceux de Tryghild.

– Je sais commettre sans doute un crime de lèse-majesté, Ma Reine. Et j’assumerai ma peine, quand l’heure viendra. Votre sentence sera la mienne et je ne m’y soustrairai pas. Mais… si vous pouviez ne me tuer… qu’après ? Enfin, si nous survivons bien sûr.

Il tenta un sourire taquin, qui aussitôt se fana. Et soudain son expression se fit mortellement sérieuse. Un air qu’on lui voyait rarement arborer.

– Mais je ne pouvais rester en arrière. Je ne peux regarder mourir nos jeunes et notre avenir, je ne peux vous regarder partir, vous tous, si jeunes et si vaillants, sans rien faire, moi vieil homme bientôt grabataire. Pourquoi devriez-vous mourir et moi vous survivre ? Vous n’avez peut-être pas réalisé toute l’ampleur de ce que je vous ai révélé il y a peu. Mais, Ma Reine, si vous mourez, je mourrai aussi. Car avec vous s’envoleraient toutes mes folles utopies, tous mes beaux espoirs pour l’avenir humain. Sans vous… je ne suis plus rien.

Son regard vogua un court instant sur l’elfe et le vampire non loin.

– Et si Dame Dalis, entre tous, a l’honneur de combattre avec vous… Je vous félicite d’ailleurs de ce geste d’alliance fort et marquant qui balaye pour cet instant fatidique toutes vos justes rancoeurs, mais si… si cet honneur est accordé à ces autres, pourquoi ne pourrais-je moi aussi vous apporter mon maigre tribut dans ce dernier combat ?

Il déglutit et avala la salive âpre qui manqua l’étouffer. Il avait soif soudain. Et ce n’était pas faute d’avoir eu de l’eau, merci à cette outre infinie.

– Ma Reine. Vous pourriez me balancer à la mer, qu’encore je trouverai un moyen de revenir. Et si vous doutez de ma détermination sur ce fait, pensez à celle qu’il m’a fallu pour voyager sur votre navire quinze jours durant dans cette caisse.

De son sabre tremblant, sans détourner les yeux, il désigna ladite caisse. Dont son esprit vacillant allait garder des cauchemars, assurément.

Puis lentement, il se releva et porta son poing fermé à son coeur. Tel le salut délimarien.

– Je vous suivrai, ma sœur…

C’était peut-être osé. Mais les délimariens se disaient souvent frères et sœurs de coeur et d'armes. Pour lui aussi, ils étaient devenus tels, d’une certaine manière. Il donnait tout, et donnerait plus encore, pour ce peuple qui s'était montré fier de ses espoirs les plus fous, quand il pensait que le peuple humain était perdu dans ses plus viles fourberies.

– Ma capitaine..

Ils étaient sur un navire. Et si Sigvald était le Général de l’armée, en cet instant c’était elle, Tryghild Svenn, Dame Loup, qui était le capitaine du navire.

– Ma Reine.

Et ces deux mots résonnèrent gravement de son timbre althaïen.

Bon sans doute son air solennel aurait eu plus d’impact si son deuxième brassard qu’il n’avait pas eu le temps de finir d’attacher ne menaçait pas de se faire la malle. Et si son sabre n’était pas au final qu’arme de pacotille certainement bien inutile face aux terribles chimères qu’ils allaient affronter. Il n’en baissa pas pour autant le regard, quand bien même il n’en menait pas bien large. Et attendit le verdict.


Lien du rp : L'armada du crépuscule [Groupe 1]

Je pense avoir tout casé. catkiss

descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyRe: Les mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Tu as bien les 80 mots Ilhan, cela fait 80 points. Et je viens te talonner avec les 80 mots également @___@

L'accolade était venue d'un coup, brillante par son imprévisibilité, comme un cadeau tombé du ciel. L'elfe avait beau être le père de Valmys, il était surpris. Il n'avait pas encore eu droit à ce genre de proximité avec son enfant. Non pas que cela lui déplaise, car cela faisait sens à ses yeux qu'une famille se devait d'échanger de la sorte, mais il savait que sa boîte à musique avait subi un traumatisme de nature à réduire les contacts physiques. Il comprenait et respectait, si bien qu'il eut le réflexe de vouloir s'écarter, au moins juste un peu, pour protéger son fils de son propre contact et puis, pour toute l'affection sincère qu'il lui portait, il referma sur lui ses bras, comme pour l'enfermer dans un écrin de bonheur où il ne grelotterait plus de peur. Le protéger. C'était fou comme ce mot lui revenait en boucle, comme le glas régulier d'une cloche, dans son esprit, claquant le métal de tout son cœur, pour lui rappeler que c'était ce qui brûlait au fond de son âtre, comme un brasier. Protéger. Etait-il devenu malade pour que cela devienne un rite impeccablement exécuté, une tradition gravée dans son âme comme on forge un être entre le feu, l'enclume et le marteau en un carillon de force ? Elle lui fit du bien, cette étreinte, à lui qui avait tant besoin de se reconstruire. Lui qui avait été abandonné par le destin, comme une vieille chaussette.

Et puis, dans l'étrangeté du comportement, il y avait ce ton, peu ordinaire, qui venait clamer son prénom. Il n'avait plus souvenir que Valmys l'appelle autrement que père, ou d'un surnom affectueux du même acabit. 'Aldaron', cela sonnait aussi spécialement que 'Mère'. Cela lui ressemblait, au moins un peu, sans pour autant le caractériser. Cela lui donnait l'impression de se prendre une bûche à l'arrière du crâne et, sonné, il clignait des yeux d'incrédulité. La suite termina d'achever sa réflexion lorsque Dawan lui fut offert dans son plus simple appareil. Comme un chœur, il répétait, encore perturbé : « Heureux de te voir... D-Dawan ? Comment ? » Il savait que le Chanteciel avait l'habitude d'intervenir dans les rêves. Il se souvenait de celui où il s'était retrouvé avec Valmys et son amie Luna. A la fois magique et perturbant. Il se souvenait avoir mangé des confiseries. Du chocolat. A l'intérieur, une petite figurine surprise représentait un inséparable. Il se souvenait avoir été un œuf d'or, niché sur la branche d'un arbre. Il n'avait pas voulu sortir, là, au chaud, dans sa coquille... Protégé. Cela devenait aussi bizarre que dans ces contes pour enfants où on se moquait bien du sens tant que cela faisait une histoire, partageait de l'émotion, de la joie ou de la peur. Seule la leçon comptait, pas le réalisme.

Qu'avait donc fait Dawan pour en arriver là ? S'il venait dans les rêves, était-ce possible que son fils soit en train de dormir et de marcher, comme un somnambule ? Il ne voyait que cette explication logique. Rien d'autre ne faisait du sens... Mais était-ce important ? Ne pouvait-il pas simplement profiter un peu de sa présence ? Ce n'était pas tous les jours que Dawan et lui étaient réunis. Cela relevait plus du fabuleux ou du miracle qu'un tel moment leur soit offert. Mais à peine eut-il cette idée en tête que le Baptistrel des Étoiles le mettait encore en déroute en lui collant un radis rouge et blanc contre l'oreille. Il entendit battre son propre cœur, clignant des yeux aux mots qu'on prononçait, et puis, sans opposition aucune, il le suivit à l'écart. « Beaucoup de chose en vérité, mais bien peu que tu ignores, je me trompes ? » demanda-t-il, fronçant les sourcils : « Comment as-tu fait pour le savoir ? Tu es... Intemporel, comme les rêves ? » Il posait beaucoup de questions, il cherchait encore comment et se fustigea de le faire. Pour tout l'amour qu'il éprouvait pour ce monde, ne pouvait-il pas cesser un peu de réfléchir ? Il chantait toujours la même chose, lui-même se fatiguait d'être aussi pragmatique plutôt que fasciné par les merveilles qui l'entouraient. Avait-il perdu son âme à Morneflamme ?

Passant une main dans sa barbe inexistante, il finit par secouer la tête de gauche à droite, en accordant un signe de la main à Valmys pour lui faire comprendre qu'il était inutile qu'il s'échine à lui fournir une réponse. Le mystère éthéré lui allait comme un gant, au fond. Tout savoir n'était pas bon. Il s'assit sur un banc de bois peint de rouge pour l'occasion. C'était plus calme, même si on entendait la musique rythmée et joyeuse en fond. Ici, cela semblait étouffé. Un chandelier d'argent portait des bougies blanches, immaculée pour célébrer l'union sacrée de Luna et d'Orfraie. Son ombre portait sur un sol enneigé, que le froid avait couronné de givre. Cela scintillait à la lumière des flammes vacillantes, comme celles d'une cheminée. « Merci d'être là, cela fait du bien de te revoir, Dawan. » Même si son fils lui manquait aussi énormément. Avec l'incident de Cordont, il était bloqué loin des siens. La peine grandissait dans sa gorge telle une boule sournoise qui finirait pas le faire suffoquer. Fort heureusement, le traité avait été signé la veille et il faisait le vœu que cela perdure encore assez longtemps pour qu'il puisse retrouver au moins sa fille, Eleonnora, avant la fin du mois de décembre. « J'ai effectivement adopté Valmys, je pense que nous avions tous les deux besoin de nous trouver. Je sais qu'il ne remplacera pas mon fils biologique mais il... M'apprend à devenir père. Eleonnora aussi, à sa façon. Ils sont si différents tout les deux et pourtant, même si j'ai l'impression de ne pas savoir sur quel pied danser, nous nous trouvons. Cela fait une grande différence... J'ai toujours eu plus de facilité avec une famille que je choisis plus qu'avec celle que le sang m'a offert. N'est-ce pas cruel ? Celeborn ne mérite pas de traverser tous ces hivers sans un père. »

Ou peut-être que si, au fond. Peut-être était-il le seul à se faire un sang d'encre pour lui. Celeborn avait pu tourner cette page douloureuse. Cela faisait plus que quatre siècles qu'il était absent, il avait largement dépassé le délai de minuit pour rentrer chez lui. En vérité, c'était tout le mal que la Triade lui souhaitait. Plutôt qu'un festin de souffrances rongeant son âme à l'idée d'un père qui ne reviendrait jamais. « J'ai aussi retrouvé Ivanyr, nous nous sommes lié de l'Inséparable, il y a quelques jours et... Quand j'ai revu son visage, mon cœur s'est arrêté. Vraiment. Ma vie avait été soufflée par un vent de glace. La nuit pour moi, plus qu'éternelle. J'ai eu de la chance d'avoir un habile guérisseur à mes côtés qui a été capable de me faire revenir. Tu as peut-être bien fait de me garder la surprise, mais pour une seule et unique raison : tu m'aurais tué sans le vouloir. Enfin... Pour dire vrai, je ne sais même pas si je t'aurais cru. Je pense que... Tant que je ne l'aurais pas vu de mes propres yeux ou... Senti, j'aurais refusé d'accepter cela pour vrai. C'était... défaire un nœud si rudement serré pour mon propre bien, tu comprends ? C'était trop dur. » Il eut un sourire, triste en coulant un regard sur Valmys avant de reléguer cela au passé.

« Nous allons nous marier, au printemps. » Quand ils pourraient quitter leurs bottes pour des souliers légers en cette période de la renaissance. Il lui montra l'alliance de corail moiré qui fait office de bague de fiançailles. « N'est-ce pas merveilleux ? Cette coutume est peu de chose à côté de notre union spirituelle mais je voulais porter son nom. » Aldaron avait toujours eu un nom qui le définissait. Leweïnra était le père, la Triade était le frère. Bientôt, il en aurait un troisième pour se désigner comme époux. « Tu pourras venir, Dawan, si tu le souhaites. Enfin... Laisse aussi mon fils en profiter un peu mais... Le mariage chez les humains dure deux jours. Il y aura des chants, des jeux, des rires. Tu seras bienvenue. Peut-être pourras-tu nous jouer un peu de musique ? Tu sais que j'ai gardé ta vielle à archer ? Avec mon marché, j'ai récupéré beaucoup de souvenirs. J'ai aussi une écharpe, à toi. Je ne sais pas comment tu as eu la patience de la tricoter. » Dawan avait toujours eu du mal à se concentrer sur une seule et même chose. S'il l'avait vraiment faite de lui-même, il avait du s'y prendre à plusieurs fois, sans aucun doute. « Viens pour le dîner. Tu as l'air de te régaler de ces petites choses sucrées, pain d'épices, gâteau à la châtaigne. »

L'ivoire tranchait la cendre des ses lèvres pour un sourire sincère : « Je comptais demander à Valmys, pour la décoration. Je voulais quelque chose de vert, très naturel. Loin de la ville. Il y a une petite forêt de sapins au sud de Caladon, cela sent meilleur que de l'encens, je trouve. » Il y avait peut de personne avec qui il arrivait à parler aussi fluidement, sans filtre, sans retenir ses pensées. Assurément, la présence de Dawan lui faisait un bien fou. Il resta coi un instant : un renne non loin d'eux. S'ils ne bougeaient pas trop, ils ne l'effraieraient pas. Doucement, il le désigna à Dawan.

descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyRe: Les mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Je suis venu, j'ai fait ce que j'ai pu, et j'en peux plus.
Cela se passe ici et franchement, ce fut long.

L’hiver était bien avancé et n’allait pas tarder à se terminer. Mais cela n’empêcher que le froid régnait en maître sur la terre comme au ciel. Debout sur le pont de l’Intrépide, Honor frissonnait dans la nuit glaciale. Elle serra un peu plus fortement sa cape blanche doublée de fourrure toute aussi immaculée contre elle. La fatigue lui brûlait les yeux mais elle était de quart et se devait d’être vigilante un minimum, bien qu’à l’heure actuelle, presque minuit, il ne devait pas encore y avoir de danger.

Un bruit de bottes se fit entendre sur le pont, en contrebas du château arrière. Une nouvelle silhouette blanche apparut en bas. Les cheveux en queue de cheval, une grosse écharpe blanche autour du coup pour la protéger du froid. Honor sourit en voyant sa fille monter vers elle. Puis elle fronça les sourcils. Léopoldine devrait être en train de dormir actuellement, pas de se balader. Son quart n’était pas le suivant et si elle restait debout plus longtemps, elle sera dans le même état que sa mère quand son tour viendra.

Léopoldine se plaça contre la rambarde, à côté de sa mère et observa les flots. Je n’arrive pas à dormir. Dit-elle pour toute excuse et préambule. Sa voix était lasse, et la fatigue se faisait pourtant sentir dans son ton. Mais Honor savait la raison de l’insomnie de sa fille. La capitaine posa une main pleine d’amour sur l’épaule de sa fille ainée. Elle se força à sourire de façon rassurante, bien que même la Salamandre s’inquiéter de ce qui allait bientôt advenir.

Il y avait peu, alors qu’Honor dinait avec ses officiers dans les messes de l’Intrépide, la vigie avait annoncé l’approche d’un vaisseau. Le VMA était encore stationné à Délimar, laissant à une partie de l’équipage une dernière nuit de permission avant de lever l’ancre. L’équipage était serein, les cales étaient pleines de vivres ou de matériaux brut, sel, sucre, fruit au sirop, une confiserie originale à base d’amande, de chataîgne et de pomme dont raffolait le père d’Honor, des minéraux de fer, quelques petites caisses de joaillerie, des peaux de différentes bêtes, afin de concevoir des manteaux assez chaud pour résiter confortablement à l’hiver : hermine, mouton, renne, tout ceci et bien plus, à amener à Sélénia et tout se passait à merveille.

Il était de coutume sur l’Intrépide que les officiers se rassemblent tous aux messes pour un repas d’avant départ et s’était un moment convivial et d’une franche camaraderie, assez éloignée du professionnalisme que réclamait la Capitaine. Les discussion autour du petit festin avaient un ton joyeux et les rires allaient bon train sur le regard serein de la capitaine. Même elle se déridait un peu exceptionnellement sur son navire. Même si elle faisait mine de désapprouver cela, Honor attendait avec une certaine impatience le moment où les plus téméraires de ses officiers entonneront des chansons aux thèmes peu respectables, alors que l’autre partie prendra un air offusqué avant de reprendre en chœur, Léopoldine ne faisant pas exception, avec pour tout accompagnement à cette musique le rire de leur Capitaine, qui ne fera qu’augmenter le volume des chants jusqu’à ce qu’ils deviennent un  brouhaha joyeux que l’équipage de quart ou dormant entendra quoi qu’il arrive. Mais ce qui était devenu une tradition sur l’Intrépide voulait que personne ne parle de ce seul moment où les officiers se comportaient un peu moins comme des officiers et plus comme des marins.

Mais cette veillée se fit donc interrompre par l’approche d’un navire. Rien d’inquiétant à première vue, jusqu’à ce qu’il fût observé que le navire non identifié ralentissait à leur approche. Une attaque pirate était impossible aussi proche de Délimar que ça, mais alors qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Tout de même pas les Chimères. Leur présence avait été révélées et Honor avait vu la flotte de guerre partir les affronter plus loin, mais aurait-elle été complètement vaincue ? Etait-ce un éclaireur ? Pourquoi ralentir alors comme pour affronter l’Intrépide dont le tonnage était bien plus important que ce que la silhouette semblait donner. La réponse vint bien assez tôt, lorsque le navire fut identifié comme une caravelle. Mais l’obscurité rendait impossible son identification précise.

Puis de petites lumières se mirent à bouger, dans une danse saccadée, étrange et pourtant bien chorégraphiée. La réaction sur le pont fut immédiatement et un grand soulagement s’empara de l’équipage. Les officiers qui étaient eux aussi sortis avec leur capitaine pour voir ce qu’il se passait cachèrent toute fois leur soulagement, mais en leur for intérieur, ils disaient un grand merci aux Esprits. Le message était clair, le code et l’identification faîtes. Il s’agissait d’un vaisseau de la Hanse et il devait parler à Dame Harrington au plus vite.

Honor aurait presque souris en voyant le message que la caravelle envoyée. Au pus vite… voilà comme c’est original. C’était absurde, puisque le message avait déjà perdu du temps en voyage. Mais ce qui l’empêcha de sourire, c’était bien qu’à la Hanse, tout le monde savait qu’un message prenait du temps pour rejoindre son destinataire, et il fallait souvent un miracle pour que l’information soit toujours valable lorsque le destinataire en prenait connaissance.

Un nœud se forma dans l’estomac de la dame blanche et ses mains se crispèrent légèrement, croisées dans le dos. Heureusement, ses gants blancs dissimulèrent cette crispation et les années d’entrainement permirent à la dame de ne rien laisser paraitre. Elle fit le souhait fou que ce ne soit rien de vraiment urgent, juste une panique stupide de quelques bureaucrates arriérés qui n’avaient jamais réussi à s’élever par le commerce et finalement ne servaient qu’à expédier les affaires courantes. Elle l’espérait, mais elle savait pertinemment que ce n’était pas ça.

Elle secoua la tête et reprit le contrôle de ses émotions. Ne rien laisser paraître, rester le seul maître.

Les deux navires réussirent à se placer l’un à côté de l’autre, en grande partie grâce à l’aide de Léopoldine et de son contrôle du vent. Honor ne le disait jamais, mais elle était incroyablement fier de son enfant. Elle ne le disait jamais, mais le montrer autant qu’elle le pouvait, mais depuis la disparition de son mari, elle n’arrivait plus à dire les choses qu’elle avait sur le cœur.

Les planches furent tirées et un homme s’avança dessus pour rejoindre le pont de l’Intrépide. Il s’arrêta avant de descendre et regarda Honor et le petit groupe réuni pour l’accueillir au cœur de cette nuit. Capitaine Castlet. Je demande la permission de monter à bord. Capitaine Harrington, permission accordée.

L’homme sauta avec légèreté sur le pont. Sa tenue était voyante, une veste rouge d’une tissu brillant et souple, certainement de la soie, tout comme son pantalon, d’un vert clair du plus mauvais goût. Un costume qui tintait à chaque pas du tintement des grelot. Sans compter sa barbe qui lui dévorait le visage. Cela créait un personnage unique et original. Mais la famille Castlet était connue pour essayer d’explorer les plus étranges recoins de la mode sans jamais réussir à les rendre populaires, certainement parce que c’était toujours moche et que cela piquer les yeux et cela mener presque à une certaine fascination

Puis il délivra enfin son message. Le visage d’Honor resta impassible, mais son sang se tourna immédiatement en glace et une boule se forma dans sa gorge. Les chimères étaient bien plus nombreuses et proches que ne le penser la Hanse et Sélénia allait être attaquée. Du moins c’est ce que penser le conseil des marchands. Pour défendre la ville et la chambre principale, il allait falloir le plus de force possible. La caravelle portait le message à chaque VMA de l’alliance et l’Intrépide était le plus proche et probablement le seul à pouvoir arriver à temps. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Peu importe, il fallait y aller.

Il ne fallut pas plus longtemps pour qu’une série de barque fut mise à l’eau et qu’on ramène les permissionnaires. Aussi fou que cela fut, Honor fut pressé le départ. Pourtant, il n’était plus à l’heure près. Mais Honor n’en était plus si sûre. Pendant que l’équipage se dépêchait de finir les préparatifs, elle fit ses adieux au capitaine Castlet. Le barbu était un ami de la famille depuis longtemps, en particulier du mari disparut d’Honor. Le bruit de ses souliers et les grelots de sa tenue fantaisie s’éloignaient sur le pont reliant les deux navires. Il amenait avec lui la joie du repas, le calme de la nuit, une odeur de pain d’épice et les vœux d’Honor pour qu’il prévienne le reste des marchands de la Hanse à temps.

Pendant que le reste de l’équipage rejoignait le VMA Intrépide, la caravelle s’éloignait sous le regard de la Salamandre et de sa fille. Puis, l’ancre fut lever et le navire pris sa route vers sa destination. Une destination terrible et terrifiante.

Cela ramène à la mère et la fille, l’une ne pouvant dormir par devoir et l’autre à cause de la bataille à venir. Honor aurait voulu réconforter plus sa fille, mais elle n’avait rien de mieux à offrir qu’un peu de chaleur maternelle. Elle réfléchit un moment puis céda. La dame blanche enlaça sa fille d’une étreinte forte. Ne t’en fais pas. Ça va bien se passer ma chérie. Mère, j’aimerai tellement que ce soit un rêve. J’aimerai me réveiller et que père soit là, et que les chimères n’existent pas. Moi aussi, ma chérie, mais hélas, on ne peut revenir en arrière. Tout ce que nous pouvons faire, c’est aller de l’avant et vaincre nos problèmes.

Les marins de quart eurent le bon goût de ne pas regarder avec trop d’attention l’une des rares preuves d’affection publique d’une Harrington. Tout en serrant sa fille, le regard d’Honor regardait les côtes, l’ombre des arbres contre le ciel plein d’étoiles scintillantes. Le pont du navire était brillant à la lumière des bougies.

Honor se mit à penser à ses propres parents, dans le manoir Harrington. Sa mère derrière son immense bureau, croulant sous les rapports commerciaux. Dans l’âtre, un feu vorace dévore une dernière buche. Honor imagina son père vieillissant, somnolant dans son fauteuil, devant la cheminé

Son vagabondage fut arrêté par un flocon de neige qui finit sa course sur son nez. La magie de l’instant cessa et Honor lâcha Léopoldine. Le pont était humide, mais il ne fallut pas longtemps ni d’ordre pour que l’eau du pont soit retirer le plus possible pour éviter le givre. Le froid était terrible, bien plus fort que celui de décembre.

Retourne dans la cabine. Ce n’est pas la peine que tu prennes froid sans raison. Mais… Non. Ordre du capitiane. Retourne te mettre au chaud et pense à mettre une grosse paire de chaussettes pour ton quart. Il va faire froid. Honor regarda sa fille retourner se coucher avec un air boudeur, comme sa mère à son âge. Les chiens ne font pas des chats.

La nuit toucha à sa fin et Honor se força à profiter de chaque minute de repos et força le reste de l’équipage à en faire autant. Le VMA Intrépide était un navire de commerce, mais il était aussi armé pour la guerre plus exactement pour lutter contre la piraterie, si bien que l’équipage savait se battre et le vaisseau possédait une compagnie de soldats, de vrais soldats de métier qui s’étaient entrainés depuis deux ans aux combats de bateau à bateau. Aujourd’hui, cet entrainement allait être un don, au même titre que l’habitude des batailles navales qui permettait à l’équipage de rester calme avant l’affrontement. Mais cela était plus difficile que d’habitude. Cela faisait plusieurs jours que l’idée de la bataille hantait l’esprit des hommes et des femmes de la Hanse, alors que lorsque des pirates attaquent, il n’avait que quelques heures à attendre avant le combat.

Mais l’attente touchait à sa fin. De nouveau rassembler dans la cabine du capitaine, les officiers du vaisseau de ligne ne présentaient plus le même visage. La pièce n’était plus décorée pour la fête, mais la table était vide à l’exception d’une carte d’état-major de la région de Sélénia. Elle permettait de donnait une vue rapide de la situation géographique car ils ne connaissaient pas du tout la situation militaire. Pire encore, ils n’étaient pas des militaires de carrière. Ce n’était pas leur métier de briser des sièges ou de faire face à des flottes ennemies complètes. Il n’y avait que dans les contes que les héros solitaires surgissaient pour sauver la couronne des créatures des ténèbres. Dans les faits que pouvait faire un seul vaisseau, aussi gros soit-il, comme le VMA Intrépide. La réponse que tous craignaient était rien. Mais à Sélénia, presque tous avaient une famille. Ils ne pouvaient tout simplement pas se contenter d’ignorer la menace.

D’ici quelques heures, la bataille pourrait avoir lieu comme le vaisseau pourrait briser le blocus sans rencontrer aucune résistance, grâce à l’épais brouillard qui avait fait disparaitre les sapins qui poussaient sur la côte. La cloche du branle-bas de combat avait depuis longtemps sonné pour que l’équipage soit en alerte et plus encore, pouvoir maintenir un vaisseau paré au combat et maintenir un effet de surprise si par mégarde, l’ombre d’un navire étranger apparaissait. Dans ce cas de figure, l’Intrépide était déjà paré à attaquer sans faire le moindre bruit.

Ce brouillard était un cadeau inespéré, mais dans la cabine éclairée par des chandeliers d’Honor, les discussions animées étaient loin de respirer le bonheur. La réunion stratégique de dernière minute menaçait de tourner à l’empoignade à cause de la tension qui n’avait cessé de croitre pendant le voyage de retour. Les officiers étaient à cran et complétement désemparé. Certains imaginaient même que la cité était déjà tombée, que leur famille avait été massacrée. Quand certains cherchaient des solutions d’autres préféraient se morfondre.

Léopoldine essayait de calmer les esprits mais sans résultat, pendant que sa mère semblait ailleurs. Honor restait en retrait, à côté d’une petite table. C’était toujours comme ça avant un affrontement. Elle réfléchissait seule, avant de rassembler les officier dans la cabine ou pendant qu’ils commençaient à discuter. Parfois ils restaient juste silencieux, attendant poliment que leur Capitaine finisse son petit rite de méditation.

Honor allumait toujours un bâton d’encens avant une bataille. L’odeur l’aidait à se concentrer, à se détendre. Certains hommes et certaines femmes présentes approuvaient cette sensation et constataient des effets apaisant sur eux aussi. Mais pas aujourd’hui. Pas à quelques heures d’une bataille d’une envergure qu’ils n’avaient jamais connue.

Honor revint vers la table et Léopoldine lui céda sa place de présidente de tablée. Toujours sans parler, Honor saisit une petit cloche et le doux son du carillon ramena le calme immédiatement à l’assemblée. La Salamandre fit durée un peu le silence, le temps que tous se tournent vers elle et qu’elle puisse leur rendre un regard.

Bien. Messieurs, Mesdames, je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler la situation. Notre objectif est de rejoindre le port de Sélénia pour communiquer avec les autorités compétentes et pouvoir connaitre la situation exacte. Cependant, il y a un problème majeur à cet objectif. Si le port est en état de guerre, avec ce brouillard, si nous essayons d’entrer, nous pourrions être considéré comme des ennemis et donc attaqués par les mêmes personnes que nous sommes venus aider. A la place, nous pourrions attaquer les navires potentiellement assiégeants, mais sans savoir s’ils sont amis ou ennemis.

On toqua et la porte de la cabine s’ouvrit sur un sous-officier. Ce dernier entra calmement, salua d’un hochement de tête avant de parler. Pacha, trois navires sont en vue. Et à première vue, par leur forme, leur état et leur capacité à se mouvoir tout de même, ce ne sont pas des navires Séléniens. Et d’après les informations que nous avons, ce sont des chimères.

Un sourire cruel fleurit sur le visage d’Honor. La salmandre reprit la parole d’une voix forte et énergique. Et bien voilà une information qui nous retire une sacrée épine du pied. Préparez-vous à l’abordage. On attaque la plus proche. Je veux qu’elle brûle et commence à s’abîmer dès notre premier passage. On aborde la deuxième. On l’accroche et on l’emmène avec nous. Que les hommes se méfient de tout ce qui se trouvent chez l’ennemi. Qu’ils ne se laissent pas aller à la facilité. Il faut que chaque situation soit complexe, chaque mouvement demande de l’énergie. Je les veux sous tension constante. Sinon, c’est que des chimères essayent de prendre possession de leur corps. Qu’on surveille ses camarades et qu’on signale toute sensation étrange. Action.

Ces consignes avaient déjà été données mais il valait mieux les répéter pour limiter la casse. L’ombre du VMA s’approcha du premier navire chimérique mais impossible de savoir si l’autre savait que la Hanse était là. En tout cas, une fois à bout portant, les archers de l’Intrépide firent flamber leurs flèches et les ouvertures de flanc s’ouvrir dans un ensemble fabuleux. Des catapultes tirèrent des pots remplis d’huiles puis une première volée de flèche mit feu au navire ennemi. Pas beaucoup au début, mais l’huile commença lentement à se consumer, attaquant doucement le bois bitumé de bateau. Une nouvelle volée, puis une autre. Finalement, le navire ennemi se mit à flamber pleinement et des silhouettes dansaient sur son pont ou se jeter à l’eau.

Ce n’était pas la méthode la plus simple de neutraliser un bateau car il était possible que le feu ne prenne pas bien, mais c’était la plus efficace si ça fonctionner. Un cri de joie accueillit le bucher des chimères du côté de la Hanse.

L’autre navire approcha de l’Intrépide et cette fois, les projectiles n’étaient pas enflammés. On commença par harponner le navire pour le garder prisonnier du grand vaisseau qu’était l’Intrépide. Très vite les échanges de projectiles devinrent horizontaux et puis les deux navires se touchèrent.

Honor, tout de blanc vêtue, Ritournelle à la main, s’élança à l’abordage de l’ennemi avec une première compagnie de soldat. Elle se mit à danser la mort au milieu des corps possédés. Le blanc de sa tenue se rougissant et se salissant du sang ennemi à mesure qu’elle tailladait la chair. La Salamandre ne laissait jamais ses hommes seuls face aux dangers. Elle était toujours sous le feu.
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descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyRe: Les mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Ayé j'ai réussi !!! Les 80 mots sont là, tout chauds tout beaux !

Le ciel azuré était vide de tout nuage, clair et libre, annonçant une belle journée, en un temps idéal pour naviguer. Par bonheur, leur voyage depuis Néthéril s'était déroulé sans encombre, paisible et serein ce qui n'était pas anodin en cette période de l'année où les vents pouvaient s'avérer violents et où les tempêtes se déclaraient promptement. La terre qu'ils avaient quitté vivait sous l'emprise d'une chaleur constante, même dans les mois les plus froids de l'année. Ce n'était pas le cas de Calastin, qui disposait d'un climat plus tempéré et connaissait ainsi la morsure du givre au sein de l'hiver. La rencontre des vents chauds et froids pouvait conduire à quelques surprises de tailles, parfois même mortelles. Fort de cette connaissance, le capitaine du navire sur lequel l'elfe voyageait n'avait eut de cesse de le prévenir. Et lui n'avait, bien entendu, eut de cesse de lui affirmer que tout irait très bien, et qu'il prenait le risque en toute connaissance de cause. Ainsi, à présent qu'ils approchaient du port de Caladon, Kehlvehan se trouvait satisfait d'avoir effectuer ce pari. L'hiver était la saison la plus propice aux déplacements, pour lui, car c'était la saison où ses devoirs le contraignait le moins, contrairement au printemps, temps du renouveau, la vie couronnée de triomphe revenant en ce monde pour le faire déborder de ses dons. Ce temps béni était encore absent, alors que Décembre tirait sa révérence et que les premières [color=#ff0000]lumières[:color] d'une nouvelle année scintillaient dans les cieux autant que dans les demeures. Il viendrait bien assez tôt et avec le carillon de son arrivée, le Gardien tirerait sa révérence pour s'en retourner sur le Domaine afin d'y célébrer l'éveil de la Mère Terre. Il y aurait alors des chants, de la musique et de grandes festivités. La fête de la Terre avait toujours été particulièrement importante pour l'Ordre, d'aussi loin que remontait sa mémoire. Son père y tenait particulièrement et il savait que son grand-père l'avait toujours fêté avec une passion, illuminant le Domaine de lueurs stellaires, plus brillantes que des milliers de bougies, lançant vers le ciel son défi au désespoir, un hymne vibrant d'émotions, une ode à la Vie, à l'Espoir. Il aurait aimé pouvoir en être lui-même témoin.

Un soupire lui échappa, alors qu'il émergeait de ses ruminations pour revenir à l'instant présent, un arrière goût amer dans la bouche. Repenser au passé n'était jamais une bonne idée, mais repenser à l'époque où il avait encore une famille réelle et unie était pire encore. Son enfance au sein du Domaine sur l'ancien continent était un rêve lointain, beau, nostalgique, et qui ne reviendrait jamais. Jamais. Y repenser ne servait à rien, sinon à le rendre triste et pire encore, à retourner l'ignoble couteau dans la plaie. Il devait se focaliser sur l'avenir, comme on se focalisait sur le retour inéluctable du printemps. La seule différence qui le démarquait ? Il voyait surtout l'Hiver revenir par la suite, avec son cortège de glace, et de nuit. Il y avait aussi de la beauté dans cet univers nocturne, mais il n'était plus aussi doux à son cœur meurtrit. Non, les songes du passé ne lui réussissaient vraiment pas. Mieux valait regarder droit devant soi. Sur le pont, les marins s’affairaient à préparer le navire pour l'arrivée à quai et son arrimage. On bordait les voiles, on tendait les cordages, on nettoyait le pont avec énergie au son des chansons entraînantes de la haute mer. Installé dans un coin en tant qu'invité d'honneur, le Gardien leur laissait le champ libre, se contentant de suivre l'activité des yeux, et se perdant parfois sur le vol d'une blanche mouette venant jouer entre les mâts en se moquant d'eux. L'eau scintillait contre la coque, sous les reflets du soleil haut dans le ciel, à peine teintée d'écume. Puis la fascination de son entourage immédiat se rompit tandis que la clameur des quais déferlait sur lui comme une puissante marée qu'il aurait totalement ignoré jusque là. Surpris sans le vouloir, Kehlvehan se redressa et se détourna du pont pour observer le port contre lequel ils accostaient à présent. Même au cœur des frimas l'activité se poursuivait au sein de cette haute place marchande, avec son échange de richesses, mais aussi la souillure d'un vicié mensonge, inhérent lorsque l'on touchait aux affects d'une cité et de ses besoins. Il aurait voulu pouvoir affirmer que c'était là un défaut du peuple enfant, mais hélas, il ne pouvait y prétendre. Même chez les elfes la fourberie existait, il était le mieux placé pour le savoir, même si celui qu'il était venu voir en avait également une excellente expérience.

D'autres navires étaient amarrés le long des docks, transportant des marchandises provenant de nombreux horizons. On y trouvait pourtant quelques incontournables de cette période de l'année. Les arbres dont le bois servirait à garnir les cheminées, mais également les chatoyantes cargaisons dont raffolaient les nantis de la ville, le vin venu des grandes propriétés, l'encens elfique, l'ambre et le sucre de néthéril et tant d'autres encore. Il pouvait être difficile de croire que de telles richesses terrestres étaient véhiculées dans des caisses d'aspect si pauvre, sur des quais humides et odorants, mais ainsi était le commerce, cœur de cette grande ville. Beaucoup de ces marchandises ne se retrouvaient jamais dans les entrepôts du Domaine, pas parce qu'ils ne pouvaient se les offrir mais bien parce qu'il n'était pas dans leurs coutumes de céder à une telle opulence. La Rhapsodie maintenait un esprit de pragmatisme, d'utilité et de sobriété… un esprit qui contredisait parfois avec ses propres goûts d'ailleurs mais qu'il avait apprit à aimer très tôt. Quittant son recoin il suivit finalement les marins qui déchargeaient les biens de leurs passagers et fit récupérer ce qui lui appartenait afin que ses effets soient livrés directement chez son hôte, un vieil ami qui s'était établit à Caladon comme guérisseur. Donnant l'adresse, il n'accompagna cependant pas la charrette, préférant faire un petit détour afin de prendre la mesure de la Revenante en hiver. L'année passée, il avait établit ses quartiers de saisons à Sélénia. Cela le changerait pour quelques semaines que de profiter des merveilles qu'avait à offrir la cité de l'or. D'un pas paisible, l'elfe emprunta une des rues principales menant aux échoppes et au cœur actif de la ville. Sous ses bottes, la neige crissait légèrement, fraîche et coupante. Elle ne datait que de quelques heures, et encore était-ce là une large estimation. Les murs des entrepôts et des nœuds logistiques de la ville laissèrent bientôt la place à des façades fringantes aux décorations hautes en couleurs et pourtant plus subtiles qu'on ne pourrait l'attendre du peuple enfant. Le rouge parme de certaines toitures le disputait au vert des espaces de végétation, les constructions s'agençant adroitement avec les carrés naturels. Néanmoins, cela manquait d'ambition à son goût, cela manquait de cette magie inhérente au domaine et au royaume elfique. Et oui, il se jetait des fleurs.

Dépassant le premier carrefour, l'elfe bifurqua après avoir demandé son chemin à l'un des gardes de la ville, vers les boutiques des tanneurs. Une destination étrange pour un membre de sa race, sans doute, mais il désirait trouver une peau pour le nouvel instrument qu'il travaillait à l'heure présente. Il avait effectué un premier essai avec une peau de chèvre et désirait tenter un second essai avec une peau de renne pour l’acoustique. S'étant vu conseillé l'un des tanneurs spécifiquement, il entra en faisant sonner le grelot de l'entrée et manqua rire à l'expression du marchand. Néanmoins, il n'était nullement d'humeur à le laisser bailler aux corneilles et mena sa barque sans lui laisser l'occasion de tisser le moindre boniment. Il ressortit une trentaine d'âpres minutes plus tard avec son acquisition, dans un nouveau bruit de cloche. Le paquet sous un bras, Kehlvehan déambula encore pendant un moment, continuant de s'imprégner de l'atmosphère citadine puis se convainquit enfin de faire son apparition chez son ancien apprenti. Humain, Lyssien, il arborait les traits typiques de son ethnie, avec des cheveux et une barbe blanchis, un peau couleur de pain d'épices et des yeux clairs brûlant d'un feu étincelant. Leur réunion fut joyeuse après une année de séparation et de très nombreux dangers, et Tau l'invita à profiter de cette première journée en sa compagnie avant de proposer une rencontre au Bourgmestre. Coi, Kehlvehan se garda de lui rétorquer que ce serait sans doute Aldaron qui viendrait à lui, après tous les agents du marché noir devant lesquels il était passé. Mais il s'en garda, car il n'était pas de son ressort de révéler ce que certains chuchotaient. Il ne mettrait pas en péril la discrétion de cette organisation simplement pour avoir le dernier mot dans une discussion amicale. A la place, il accepta sobrement l'invitation et le remercia de lui permettre de profiter de la chaleur de sa famille pendant quelques heures. Tous deux se comprenaient à demi-mots, tous deux savaient combien l'elfe souffrait encore de la perte de sa famille.

La fin de la journée fut des plus apaisantes pour lui. Installé avec son hôte dans deux fauteuils superbement décorés, ils discutèrent longuement, d'une voix tranquille. Près d'eux, l'âtre grondait d'une belle flambée, pour chasser un froid que seul les humains ressentaient. Les bûches crépitaient et crépitèrent d'autant plus lorsque le jeune fils du guérisseur se trompa et y déposa un morceau de sapin. Lui observa la réprimande d'un œil bienveillant, tentant tant bien que mal de ne pas se tourner vers son propre passé pour y trouver semblables échos. L'amour qui émanait de ses souvenirs n'avait d'égale que la douleur toujours aussi vive de la trahison subie.  Lorsque la nuit vint à recouvrir la ville, il se trouva gêné de constater que le dîner préparé à son intention était un véritable festin. Il comprenait aisément leur tradition de fêter dignement la venue d'un être apprécié surtout quand les visites étaient rares mais… tout de même. La table débordait beaucoup trop pour lui. Il mangea avec parcimonie, se consacrant avant tout aux éléments les plus nobles de la tablée : fruits de saisons, légumes rôtis. Le dessert, composé de confiseries à base de châtaigne, fut abandonné sans scrupule aux enfants qui s'en régalèrent. Les trilles de joie rendaient leur satisfaction plus palpable encore. Et elle ne fit qu'augmenter lorsqu'il quitta finalement la table pour chanter ses vêpres. Héritier de la lignée fondatrice, il était dépositaire de rites anciens et sacrés de l'Ordre et tenait à les faire vivre, aussi chantait-il chaque matin à l'aube pour saluer le soleil, et veillait-il chaque soir jusqu'à minuit afin de saluer la lune et les étoiles lorsqu'elles étaient au plus haut dans le ciel. Chaque journée était ainsi rythmée, et il ne dérogeait à la règle qu'en cas de besoin majeur. Pour cette fois, il fut accompagné de son ancien élève, qui lui servait de chœur, ayant prit cette habitude du temps de sa jeunesse, lorsqu'il étudiait sur l'ancien continent auprès de lui. Une façon de se rapprocher d'autant plus près de la perfection qui lui était si chère et si douloureuse.

Lorsqu'il eut achevé les vêpres et que le silence s'abattit de nouveau sur eux, le maître-chanteur souhaita une bonne nuit à son hôte et gagna la chambre qu'on lui avait allouée. Un chandelier constitué de coraux était installé dans un coin, la flamme des bougies tremblotante, jetant des lueurs et des ombres dans la pièce. Il se mit à l'aise, défit sa chevelure et se coucha sans toucher à cette source lumineuse, l'observant et se laissant bercer jusqu'à sombrer dans un sommeil sans rêves. Le lendemain matin, il était levé bien plus tôt que tout autre âme dans la maisonnée. Chantant les aubades, Kehlvehan attendit que son ancien apprenti se lève avant de prendre congé pour le reste de la journée, ayant reçu la confirmation que le Bourgmestre l'attendait par messager. Contrairement à ses habitudes, le Gardien se vêtit sobrement d'une tunique couleur de neige aux longs pans frôlant le sol, aux doublures d'argent et aux délicats filigranes, de gants sombres en daims ornés d'une fine doublure de fourrure poivre et sel aux poignets, d'une écharpe de soie aux chatoyantes couleurs, don de sa femme voilà longtemps et qu'il affectionnait particulièrement et d'un long manteau d'un vert pâle comme une jeune pousse. Tressant simplement ses cheveux, il en glissa la pointe dans son écharpe puis quitta les lieux et se dirigea vers la demeure du Bourgmestre. Il aurait pu se présenter à son office, si c'était là ce que l'Indigne avait voulu, mais de toute évidence, leur rencontre se ferait sur un terrain plus personnel, et ce n'était pas plus mal, en un sens, sachant les nouvelles qu'il devait lui conter. Là encore, il n'était pas bien difficile de se repérer pour arriver à destination, et il laissa à l'un des employées de maison le loisir d'annoncer sa présence au maître des lieux. Introduit dans la riche demeure, un coup d’œil alentour et les vibrations du lieu lui apprirent que Valmys avait déjà commencé à faire de cette maison la sienne. Des souliers dans l'entrée, dans lesquelles on avait fourré à la hâte une paire de chaussettes, un rond, ou une boule, peinte derrière un meuble. Ah tient, il avait goûté aux spécialités Caladonniennes alors ?

- -

On le guida jusqu'au salon, après lui avoir prit son manteau et il prit le partit de s'asseoir sagement en attendant la prompte venue du maître des lieux qu'il sentait non loin, certainement très occupé par ses devoirs, qu'ils soient officiels ou familiaux. Distraitement, le chanteur jouait avec les deux dagues cérémonielles dont il se servait pour ses danses. Elles ne quittaient presque jamais sa ceinture, sans que lui-même soit tout à fait capable de dire pourquoi. Un souvenir ? Un vœu pieu ? Une dernière volonté ? Parfois il se demandait simplement s'il n'était pas fou. Les pas de son cadet le tirèrent de ses pensées et il se releva finalement pour le saluer sobrement.

« Leweïnra »

La voix grondante était dépourvue d'hostilité mais elle n'était pas pour autant chaleureuse. Il se montrait cependant rarement chaleureux avec qui que ce soit, ce n'était donc pas une marque de jugement de leur relation. Celle-ci, au demeurant, s'avérait de bon aloi lorsqu'ils s'en tenaient à des considérations purement officielles et pratiques. Car bien que certains puissent penser que leur cohabitation relevait du miracle, il n'en était rien. Tous deux étaient bien assez intelligents, normalement, pour différencier le privé du public et au demeurant, tous deux savaient se montrer courtois en toute circonstance. Ce n'était pas le cas de tous, et récemment, le Gardien des préceptes avouait aisément avoir été agréablement surpris de la constance et du doigté dont il avait fait preuve. Plus encore de sa résilience face aux épreuves.

« Merci de me recevoir »

Jamais il ne prenait la parole sans pleinement supporter les mots prononcés, à l'exception de ceux dictés par ses coupes. Il connaissait la charge de travail de son interlocuteur, pour partager nombre de ses devoirs au sein de son propre Domaine. Un bref instant, il l'observa attentivement, jaugeant de son état de santé en expert averti, puis, sans faire voix de ses conclusions, produisit hors du sac qui l'accompagnait deux bouteilles de verre scellées, l'un au contenu sombre, presque noir, l'autre au contenu aussi rosé que les écailles d'un saumon de rivière. Il avait motivé l'introduction d'activités supplémentaires lorsque le Domaine avait été reconstruit et parmi elles, celle qu'il appréciait définitivement le plus était le travail des vignes. La première année, les vins n'avaient pas été totalement satisfaisant, mais ça ne l'avait guère étonné. Cette fois cependant, ils étaient dignes d'une table extérieure.

« Il me semble que c'est une coutume locale que d'offrir un cadeau lorsque l'on vient visiter, n'est-ce pas ? »

Lui transmettant les deux bouteilles frappées du sceau de la Rhapsodie, l'elfe fit un pas pour reculer, croisant ses longs doigts avant de planter son regard dans celui de son vis à vis avec une tranchante franchise. Il s'était montré peu prolixe sur les raisons exactes de sa venue, pour de nombreuses raisons, mais rendu devant le principal intéressé… il allait bien devoir s'ouvrir, une chose extrêmement difficile à faire. Surtout à froid, alors qu'ils venaient juste de se saluer. A la place, il décida donc d'entamer sur autre chose, comme l'ouverture de la symphonie mène à son rythme principal à retardement. Fort heureusement, ils avaient de nombreux sujets communs qui pouvaient servir à dépasser le stade des premières hésitations.

« On a porté à ma connaissance votre souhait commun, avec l'Intendante, d'effectuer une modification du serment qui se trouve incrusté dans l'épée de l'Alliance... »

descriptionLes mots de Noël [Jusque 02/01/19] EmptyRe: Les mots de Noël [Jusque 02/01/19]

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Voici ma contribution rapide, je n'ai pas eu le temps de le faire sur mes autres persos.

La neige qui tombait sans discontinuer avait transformé la forêt en une vaste étendue d’un blanc immaculé et les rayons du soleil faisaient scintiller les branches des arbres, décorées d’une fine pellicule de givre. Aurore et moi poursuivions notre route à travers les bois et je tentais, tant bien que mal, de ne pas trébucher car mes bottes dérapaient sur le sol recouvert de glace.

Le loup nous mena jusqu’à sa tanière où se trouvait sa compagne ainsi que des louveteaux affamés. En cette saison, le gibier était rare, notamment les troupeaux de rennes et de sangliers qui constituaient les proies habituelles de ces animaux. Je me tournais vers mon amie qui grelottait en raison du froid mordant qui régnait dans ces cimes enneigées en hiver et des bourrasques de vent glacial.

Afin de réchauffer les lieux ainsi que la jeune fille, je décidais de faire appel à la magie Baptistral et d’entonner le chant du Feu avant de lui proposer de nous rendre dans le village le plus proche, en quête de nourriture pour ces animaux.

Enthousiasmée par mon idée, Aurore proposa d’acheter de la nourriture aux villageois et de passer au domaine pour aller chercher sa jument. Je décidais de l’accompagner pour également prendre ma monture prénommée Lune d’Argent, avant de nous rendre dans le village le plus proche et lui conseillais de se munir d’un manteau chaud, d’une écharpe et de gants.

Après un rapide passage au domaine, nous primes la route d’un village de montagnards, mais à cause des mauvaises conditions climatiques nous n’y parvînmes qu’une fois la nuit tombée. Le ciel nocturne était empli d’épais nuages qui masquaient la lumière des étoiles et la clarté de l’astre lunaire. A travers, la pénombre, nous aperçûmes une grande bâtisse d’où s’échappait une musique endiablée et nous décidâmes de nous y arrêter.

A côté de l’entrée, se trouvait une petite cloche et après l’avoir fait carillonner, quelqu’un vient nous ouvrir la porte. Il s’agissait d’un homme de grande taille à l’allure débonnaire, arborant une longue barbe blanche et qui nous gratifia d’un sourire plein d’aménité.

- Bonsoir! dit-il d’un ton joyeux. Vous arrivez à temps pour célébrer la fête de l’Hiver du village et sa veillée nocturne.  Entrez vite !

Puis l’homme s’écarta et nous laissa entrer à l’intérieur d’une vaste salle pleine à craquer de monde. Des bougies placées sur des chandeliers en argent éclairaient la pièce et l’atmosphère était emplie d’émotions de joie et de bonheur. Les buches en bois de sapin qui flambaient dans l’âtre dégageaient une odeur agréable ainsi que l’encens qu’on avait répandu dans la salle.

Au plafond, des boules colorées et brillantes étaient suspendues, décorant agréablement les lieux. Je remarquais également des longues chaussettes accrochées à la cheminée. J’observais cette scène emplie de liesse avec une fascination non dissimulée et je m’empressais de demander au vieil homme de m’en dire plus à propos de la fête de l’Hiver.  

Ce dernier nous expliqua qu’il s’agissait d’une ancienne tradition propre à son village. Chaque année, à partir du mois de Décembre jusqu’à début Janvier, avaient lieu les rites de célébration de l’Hiver qui étaient l’occasion de grandes réunions de famille ainsi que de festoyer en dansant toute la nuit.

De plus, lors de ces festivités sacrées, les pères et les mères offraient des cadeaux et des confiseries à leurs enfants en remplissant leurs chaussettes et leurs petits souliers.

C’était également l’occasion pour les aïeuls de transmettre les légendes ou de raconter des contes aux enfants afin de perpétuer les traditions. Une ancienne légende racontait que la nuit de la fête de l’Hiver, peu avant minuit, il fallait faire un vœu et que si notre cœur était pur et rempli d’amour, notre rêve le plus cher ou un miracle pouvait se réaliser.

- Qui sait vous aurez peut-être une belle surprise cette nuit, répondit l’homme barbu avec un rire plein de gaieté. La magie de la fête de l’hiver peut parfois produire des merveilles et exaucer les souhaits.  

- Merci pour ces explications. Je les trouve très instructives, répondis-je. Hélas, j’ignore si nous pourrons rester car nous avons trouvé des louveteaux affamés dans la forêt et je crains que si nous ne retournons pas rapidement auprès d’eux ils finissent par mourir de faim.

En effet, malgré l’ambiance festive qui régnait en ce lieu, je gardais à l’esprit les jeunes animaux transis de froid et affamés qui nous attendaient dans leur tanière.

L’homme parut réfléchir un bref instant puis il répondit :

- Ma foi, pourquoi ne resteriez-vous pas pour le dîner ? Si ces louveteaux ont besoin de nourriture vous pourriez emporter les restes. Cela serait un bon compromis ?

- Pour ma part, c’est d’accord, dis-je en me tournant vers Aurore. Et toi que penses-tu de cette proposition ?

Dès après une jolie jeune femme vêtue d’une robe rouge vint nous proposer de nous installer à une table. Ses cheveux noirs étaient coiffés en couronne tressée et ses grands yeux vert émeraude pétillaient de malice. Cette dernière nous conduisit vers une table située dans un coin de la salle et bientôt elle nous apporta un succulent plat de dinde aux châtaignes digne d'un festin de roi. Et de la buche glacée comme dessert.

- Aurore, je suis un elfe et mon régime alimentaire est végétarien. Mais nous pourrions emporter cette dinde et la donner aux bébés loups.

Une fois que les convives eurent terminé leur repas, les enfants présents dans la salle entonnèrent en chœur une chanson traditionnelle avant de faire un don aux invités. Je reçus un paquet cadeau et après avoir défais le nœud et retiré l’emballage,  je trouvais à l’intérieur un pain d’épice et un sucre d’orge.




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Merci tous les quatre pour votre participation ! Et bravo, c'était fastidieux !

@Ilhan Avente @Honor Harrington @Kehlvehan Vairë et @Aldaron Leweïnra remportent la première place du podium et ses 1000PP chacun.
@Ilyanth Neolenn, sauf erreur de ma part, je n'ai trouvé que 79 mots, il manque le mot "Coutume" (dis-moi si je me trompe). Tu obtiens donc la seconde place et 700PP.
Un admin passera pour distribuer ces PP.

:renne:

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PP distribués

Félicitations à tous o/

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