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[INTRIGUE] Le visage de la cruauté

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JET DE DES OPPOSES

La suggestion de l’antilope fonctionne sur des cibles avec une FM inférieure à Maître (ce qui est la cas pour Asolraahn), sur accord joueur. Comme nous sommes en intrigue, cela je joue en jet de dés opposés, en faveur de celui qui aura la plus haute MR.

TEOTL - SUGGESTION

Compétence utilisée : Charisme niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

- Sainur : +5

Résultat => 100 - 57 = 43 => Réussite remarquable


ASOLRAAHN - RESISTANCE MENTALE

Compétence utilisée : Force Mentale niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

- Graärh : +5

Résultat => 50 - 67 = -17 => Réussite médiocre


Spoiler :



Dernière édition par Le conteur le Sam 21 Déc 2019 - 12:26, édité 2 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 57, 67

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En se jetant sur son ennemi sans défense, Asolraahn vit la victoire être proche. Soudain, un mouvement fugace attira son attention, à l’orée de son regard. Par pur instinct, il s’esquiva en positionnant son arme dans un geste défensif. La pointe d’un dard acéré jaillit mais le géant opalin attrapa l’aiguillon au sein de sa poigne juste avant qu’elle ne le perce. Trahison ! Il poussa un long feulement de colère avant de planter le dard dans la jambe du roi pirate, en travers de la cuisse :

-Et maintenant, tu meurs, dit-il.

Son bâton se leva et s’abattit avec toute la force de ses bras sur le gredin, mais le Graärh au pelage sombre se jeta devant lui, faisant barrage. En entendant son cri de douleur, Asolraahn gronda de surprise. Par les Esprits ! Son semblable était-il devenu fou ? Etait-il manipulé par un esprit pervers ? Il renifla autour du Graârh et feula de nouveau. A l’évidence, il fallait croire que la vilénie des pirates n’avait pas de limite. Qu’importe qui était cet être abject qui essayait de le duper, il était également son ennemi mortel. Et un ennemi blessé, désarmé face à lui. Il bloqua le dard contre sa patte, prêt à porter le coup fatal au roi. A cet instant, une voix grandit dans sa tête, suave et entêtante. Elle assaillit son esprit, mais au lieu de la combattre, Asolraahn l’écouta et s’y perdit. Tout désir de tuer s’en était allé, et il recula comme sonné. Le dard empoisonné se retira de la plaie béante qu’avait récoltée le gredin. Au même moment, les shikaaree de sa troupe les rejoignirent, l’un d’eux indiqua les familiers de Sa’Hila, pris dans la glace et hors d’état de nuire. Le géant opalin dut faire un effort exceptionnel pour leur donner son ordre, et deux d’entre eux s’approchèrent de la tigresse et la panthère afin de briser les liens gelés qui les retenaient prisonniers.

Au loin, le tonnerre des canons se faisait puissant et meurtrier, on aurait dit que les tambours des Esprits s’étaient élevés dans le ciel pour battre une musique funeste. Leur bourdonnement et l’action qui se déroulait autour du géant opalin ramena des couleurs sur ses coussinets. Bien que l’attaque mentale l’ait plongé dans la confusion, il reprit ses esprits. Et la colère de voir les Graärhs son propre peuple mourir, qui avait disparu, revint par vagues. Lancinante. Cuisante. Il songea aux Garal qui essuyaient les tirs des vaisseaux pirates. Il fallait que cela cesse, tout de suite ! Il fallait leur faire gagner du temps pour qu’ils survivent à ce lieu de malheur. Et ça tombait bien, car Asolraahn avait désormais le moyen de faire cesser le carnage entre ses griffes et ses crocs.

Il leva la pointe de son bâton vers le gredin et son esclave. Puis il déclara d’une voix profonde et mauvaise, dans le parler commun :

-Arrêter le combat ? C’est ce que vous souhaitez, n’est-ce pas ? C’est pourtant un discours que je n’ai jamais attendu de la bouche des pirates ! Encore moins lorsque leur roi git à terre comme un petit ver. Seul et faible dans sa lâcheté. Bah ! Il est facile d’être roi lorsqu’on est le seul habitant de son pays.

Le géant opalin émit un sifflement autoritaire et donna un ordre à sa troupe. Ces derniers s’insinuèrent autour des quais en ruine, encerclant le curieux duo. Il était aisé de deviner que ces deux-là fomentaient  déjà un plan pour s’enfuir, un trait de caractère manifestement propre à tout pirate. Comme c’était commun de leur part ! Et leur sournoiserie commençait à lui faire perdre patience :

-De quoi parlions-nous déjà, gredins ? De reddition, il me semble. J’en ai une à vous proposer. Elle commence par l’arrêt des canons qui tirent sur notre légion. Je me doute que vous pouvez contacter vos navires de là où nous nous trouvons. Dites-leur de faire taire leurs armes crachant le feu et de libérer les esclaves qui demeurent. Dites-leur de partir loin, pour ne plus jamais revenir. A moins que vous ne vouliez mourir sur-le-champ ?

Non loin d’eux, les Graärhs grondèrent.

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¤ Ne me contraignez pas à vous faire plus de mal ¤

Tout, ou presque, s’était déroulé selon le plan élaboré par les pirates. Il s'agissait d’un plan complexe qui reposait pourtant sur un élément extrêmement simple : les sentiments des graärh. Tout le plan reposait dessus. Pourquoi des piloris avaient été dressés le long du marais pour indiquer le chemin à suivre jusqu’à Athgalan ? Pourquoi Nathaniel s’était-il présenté au premier plan ? La colère des graärh, leur désir de vengeance, ou de justice, leur soif de sang et de violence. L’elfe sombre avait tout fait pour qu’ils cèdent à leurs pulsions les plus primaires, pour qu’ils pénètrent en masse à l’intérieur de la ville. Si les graärh s’étaient contentés de rester en dehors de la ville, ou simplement d’y envoyer plusieurs petits groupes, mais surtout de garder la tête froide, le plan des pirates ne se serait pas aussi bien déroulé. Malheureusement pour eux, et heureusement pour les pirates, les graärh avaient investi la ville la rage au ventre. Alors la ville préparée pour cet accueil avait pu les étreindre de ses bras mortels. Athgalan la Perfide n’avait jamais aussi bien porté son nom. Eärendil jubilait intérieurement, les graärh avaient été menés par le bout du museau d’un bout à l’autre de cette journée. Le sang avait coulé à foison, promettant une aube rouge pour le jour prochain qui placerait la nouvelle année sous le signe du sang et de la violence. L’objectif des pirates ? Semer la mort dans les rangs ennemis. Pour autant, les pièges disséminés à travers la ville étaient-ils là pour cela ? Non, tout ceci n’était qu’une préparation et surtout diversion destinée à détourner l’attention de l’ennemi de la phase finale du plan : le grand massacre. Nathaniel maniait la peur et la violence afin d’exercer un contrôle sur l’esprit de ses victimes et de ses hommes. Et tout ceci n’était qu’un de ses stratagèmes, mais à l’échelle de tout un peuple.

Bienvenue à Athgalan ! Venez ! Pénétrez dans ma cité ! Perdez-vous dans ses ruelles ! Fouler ses innombrables pontons ! Toujours plus loin dans l’éteinte de la perfide cité. Votre ennemi est devant vous, dépêchez vous de l’atteindre avant qu’il ne fuit. Quel magnifique simulacre. La menace n’était pas devant les graärh, elle était derrière eux. Rampant en silence, mue par une faim bestiale. Le marais était l’ennemi des graärh ! Un marais aguiché par l’importante odeur du sang qui se dégagerait d’Athgalan. Cette fois-ci, la masse que Nathaniel utilisait pour éclater le crâne de ses victimes ne serait pas à prendre au sens propre, mais au sens figuré. Sa masse ce serait Athvamy ! Plus les graärh approcheraient du port, plus ils auraient de chemin à parcourir pour fuir le marais, plus ils auraient de créatures de combattre, plus leur attention se focaliserait sur le combat … alors la dague perfide des pirates frapperaient à nouveau au travers pièges qui n’auront pas été activés ou désamorcés. Voilà le grand massacre. Et tant qu’à faire, si l’elfe sombre pouvait canonner la ville durant ce combat contre la nature afin d’ajouter encore plus bazar à la situation et briser l’esprit des graärh, il ne s’en priverait pas. Oui, absolument tout depuis le début de cette journée était un piège, un piège dans lequel les félins s’étaient empêtrés en fracassant la porte des bêtes.

Quand bien même les graärh en prendraient conscience maintenant, il était déjà trop tard. Ils avaient pénétré trop profondément dans la ville. À partir de maintenant, ils ne pourraient, qu’éventuellement, réduire leurs pertes. La mort allait régner dans le marais, les cadavres et le sang des graärh ne serviraient qu’à rendre les créatures y habitant plus fortes, tel le fumier pour les cultures.

Oui, tout, ou presque, s’était déroulé selon le plan élaboré. Presque, car il y avait eu quelques accrochages. Rien ne se passait jamais à la perfection. Il faut savoir s’adapter, rebondir sur la situation pour contrer les aléas. La flèche dans le genou en était un, l’irruption devant lui d’un graärh massif en était un autre, les esclaves libres sur la place centrale en étaient encore un. Pour autant, l’elfe sombre avait su rebondir de manière adéquate pour que les choses continuent à tourner à son avantage et que le plan ne soit pas défait. À présent qu’il arrivait sur le port, l’elfe sombre pouvait considérer que le plan était, ou quasiment, boucler. Le reste ne serait donc que du bénéfice. Et le premier bénéfice serait le portail. Il avait fait un merveilleux appât, le gredin était prêt à l’abandonner pour la réalisation du plan, mais à présent il pouvait espérer l’embarquer avec lui. Cela aiderait grandement à la suite des opérations.

Malheureusement, les aléas du destin n’avaient pas fini de mettre des bâtons dans les roues du gredin. Un grand graärh bondit sur lui, dressant une queue de scorpion. Comment était-il arrivé jusqu’ici celui-là ? Quoi qu’il en soit, le gredin s’apprêtait à faire usage de l’orque pour le renvoyer d’où il venait quand le félin rugit un mot : Potiron. L’elfe sombre eut du mal à retenir un sourire. Parfait, finalement il ne s’agissait pas d’un aléa, mais qu’un de pouce du destin. Son fils avait donc eu besoin de la potion. Il avait eu raison de les faire préparer. Excellent. Lui n’en avait pas eu besoin, pour cette fois. Quoi qu’il en soit, ce dernier fonçait sur lui en posture d’attaque. Le gredin se prépara à se défendre, tout en veillant à laisser une ouverture que Teotl saurait utilisée. L’elfe sombre n’avait guère besoin d’explication. S’il venait à lui de cette manière, c’était pour leurrer l’ennemi. Alors il jouerait le jeu. Très rapidement un puissant feulement se fit entendre, suivit du grincement du bois. Le géant, il était là ! Merveilleux. Avec l’aide de son fils, ils le captureraient. L’elfe sombra allait repartir avec son portail et un combattant pour son arène. Voilà qui serait merveilleux. Le félin distrairait ses hommes pendant qu’ils festoieraient à cette victoire sur le peuple graärh.

Sans communiquer, les deux Eärendil s’entendirent sur la procédure à adopter. Teotl neutraliserait le géant à l’aide de son venin, celui-ci étant tout indiqué, pendant que lui s’occuperait des gêneurs. Ainsi, lorsqu’Asolraahn arriva au niveau des deux pirates, les masques tombèrent. Deux félins, des animaux cette fois pas graärh quand bien même la frontière est mince pour ne pas dire inexistante, se jetèrent sur l’elfe sombre. Nathaniel n’eut aucun mal à les neutraliser. Il esquiva de justesse le coup de patte et de croc, l’un des coups de patte venant simplement lui érafler la jambe d’une petite trace de griffure qui aurait pu être autrement plus grave. Puis, le roi utilisa l’eau environnante et en abondance pour piéger dans la glace les membres des deux animaux. Ils ne bougeraient pas de sitôt. Pendant ce temps-là, Teotl s’occupait du géant. Malheureusement, ou peut-être est-ce heureusement, l’opalin était un très bon combattant et la ruse des deux gredins ne fonctionna pas. S’apprêtant à planter de son dard le trand, ce dernier le saisit au dernier moment pour venir le planter dans la jambe de Nathaniel, qui n’eut pas le temps d’esquiver puisqu’il s’occupait à ce moment même de geler les deux animaux qui l’attaquaient.

« Et maintenant, tu meurs. »

Nathaniel étouffa un juron dans un grondement de douleur. Il allait encaisser le coup, aussi violent soit-il il devait pouvoir y arriver, même s’il avait des doutes dans la mesure où il provenait de ce géant. Mais le plus grave n’était pas le coup de bâton, mais le venin de son fils. Aussi dirigea-t-il le pouvoir de son bourdon au travers du vol du bourdon sur sa jambe et plus précisément sa blessure. Puisque les deux avaient l’optique de capturer le graärh, il devait s’agir d’un poison paralysant. Il ne fallait surtout pas qu’il se répande sinon son issue de secours ne fonctionnerait pas ! Plongeant un regard de défi dans celui du Graärh, l’elfe se prépara à subir l’attaque, quant au dernier moment son fils s’interposa entre eux d’eux, subissant le coup à sa place. Brave petit ! Sans doute tenait-il ça de sa mère … ou du côté de sa mère … à moins que ça ne soit du côté de son père, mais des véritables ascendants de Nathaniel, pas de Nathaniel lui-même. Au final ça n’avait pas d’importance ! Ils étaient tous deux blessés à présent. Quand bien même il louait l’intervention salutaire de son enfant. Cela lui éviterait une cicatrice supplémentaire. Et il préférait autant éviter de prendre de nouveau un coup sur la tête. Celui reçu par la faute d’Achroma lui suffisait pour au moins mille ans. Quoi qu’il en soit, il fallait à présent se sortir de cette situation, rebondir pour la tourner à nouveau à son avantage. Nathaniel jeta un rapide coup d’œil autour de lui. Derrière eux se tenait le portail que l’elfe sombre vit s’éteindre. Et au niveau de celui-ci il y avait des pirates, ses hommes, mais ils étaient aux prises avec des crocodiles locaux. Bon, il ne pourrait pas compter sur eux tout de suite. Mais il parvint à remarquer autre chose.

En dépit de la douleur que le gredin pouvait lire sur son fils, Teotl parvint à se redresser un peu et à parler à leur adversaire. Quel enfant intelligent. Nathaniel regrettait presque de l’avoir abandonné à la naissance. Oui presque, car s’il ne l’avait pas fait, cette situation ne se serait peut-être pas déroulée comme elle le venait, les choses auraient pu être pires. Le roi avait confiance en les capacités de Teotl. Il saurait leur donner une opportunité.

« Et si tu me lâchais et que tu arrêtais le combat pour te tenir tranquille ? »

Aussi beau parleur que son père ! Et avec un coup de pouce des esprits qui plus est. Nathaniel put sentir au travers de son ornithorynque copié les pouvoirs de l’antilope traverser Teotl. Excellent, montres-toi digne de ton père. Sans attendre, le gredin serra les dents avec force tout en lançant un regard de haine en direction de son adversaire. Oui, il devait continuer à jouer le jeu. Le mécanisme de la dent de l’orque forban fit son office et libéra dans la bouche de l’elfe sombre le contenu du Don d’Océan. Sans attendre, il l’avala. La potion allait rapidement faire son effet et il valait mieux. Nathaniel sentait sa jambe s’engourdir rapidement. Va petite potion, chasse le poison et cette vilaine blessure.

Les paroles et le pouvoir de Teotl semblèrent faire son office, car le graärh géant se ravisa, lâchant son fils pour peu de temps après venir le tenir en joue avec son bâton.

« Arrêter le combat ? C’est ce que vous souhaitez, n’est-ce pas ? C’est pourtant un discours que je n’ai jamais attendu de la bouche des pirates ! Encore moins lorsque leur roi git à terre comme un petit ver. Seul et faible dans sa lâcheté. Bah ! Il est facile d’être roi lorsqu’on est le seul habitant de son pays. »

Quoi ? Lui faible et lâche ? Il était un bon roi ! Un roi sage, ou presque ou du moins avisé, et puissant ! Sachant que sa ville allait être assiégée il a ordonné que celle-ci soit évacuée, il a gardé le minimum de soldats ici et c’est préparé à accueillir ses ennemis. Combien de ses hommes étaient morts ? Combien de graärh étaient morts ? Les chiffres joueraient nettement en faveur du pirate. Lui n’avait pas envoyé ses hommes à la mort.

« De quoi parlions-nous déjà, gredins ? De reddition, il me semble. J’en ai une à vous proposer. Elle commence par l’arrêt des canons qui tirent sur notre légion. Je me doute que vous pouvez contacter vos navires de là où nous nous trouvons. Dites-leur de faire taire leurs armes crachant le feu et de libérer les esclaves qui demeurent. Dites-leur de partir loin, pour ne plus jamais revenir. À moins que vous ne vouliez mourir sur-le-champ ? »

Sous le foulard de l’elfe qui masquait le bas de son visage, et au travers du masque cachant la partie supérieure de son visage, on put deviser ses traits se tirer. Un ricanement s’éleva du roi puis un franc rire.

« Une reddition ? »

Une voix assurée, mais secouée par une respiration saccadée s’éleva. Mais elle ne s’éleva pas de Nathaniel. Elle provenait de la droite, en se plaçant par rapport à l’elfe sombre, donc de gauche pour le trand. Un homme se tenait debout, essoufflé. Il avait plusieurs blessures, toutes mineures à l’exception d’une seule. Le nouvel arrivant se tenait le bras gauche, sérieusement blessé. Le nouvel arrivant ressemblait en tout point à Nathaniel puisqu’il portait le même accoutrement et que ni l’un ni l’autre ne dévoilaient leur visage. Le deuxième Nathaniel reprit sa respiration et vint prendre une voix pleine d’assurance et d’arrogance.

« Très bien, je suis disposé à accepter votre reddition sans condition, chat. »

Deux Nathaniel. Lequel était le vrai ? Lequel était le faux ? Qui était Nathaniel Eärendil ? Qui était Andrew Rollee ? Qui était le roi ? Qui était le sujet ? Comment les différencier ? Par le sang ? Était-ce seulement possible ? La pluie battait furieusement sur Athgalan grâce au graärh, il était au port et l’embrun marin parcourait l’air et enfin … la fragrance du sang régnait sur toute la ville et en abondance. Le premier Nathaniel qui riait cessa de rire et reprit la parole.

« Seul ? Faible ? Lâche ? Votre mépris à notre égard a causé votre défaite. Vous vous battez pour l’honneur. Nous nous battons pour l’or. Chacun se bat pour ce qui lui manque. »

Le deuxième Nathaniel reprit la parole.

« Mes sujets sont déjà loin et en sécurité. Dis-moi, chat. Qu’est-ce qu’une ville ? Qu’est-ce qu’un pays ? Sinon un endroit où l’on vit, chie et meurt ? Ca, je peux le faire n’importe où ailleurs. À quoi bon vouloir défendre une chose qui a si peu de valeur. »

Le premier Nathaniel continua.

« Chaque dirigeant sur cette terre n’est qu’un misérable ver. Ils ne se différencient que par les cadavres dont ils se nourrissent pour survivre. Ceux de ses ennemis … ou ceux de son peuple. »

Le deuxième Nathaniel enchaina.

« La mort arrive tôt ou tard pour chacun d’entre nous. Ce sont nos choix qui déterminent quand et où elle arrive. Vous, chats, avez fait le choix de mourir en ce jour en venant ici. Tu sembles penser que la mort de ta légion viendra de mes canons. La mort viendra du marais. Attirez par l’odeur du sang, les bêtes se regroupent en masse aux portes d’Athgalan pour festoyer. »

Le premier Nathaniel poursuivit.

« Les tirs des canons sont la seule chose qui sépare encore les bêtes de leur festin. Leur silence sonnera l’heure du repas. Vous avez déjà perdu, sans même vous en rendre compte, en pénétrant dans la cité. »

Le deuxième Nathaniel conclut.

« J’ai vu nombre d’esclaves de ton espèce. Tu n’es pas un chat de Néthéril. Tu es un trand. Tu es bien loin de chez toi. En as-tu seulement encore un ? Je sais comment les choses se passent chez vous. Les chats loin de chez eux sont des parias. Et j’en veux pour preuve celui ici présent. Tu n’es qu’un paria, chat. Ta place n’est pas ici. Je suis le roi de ceux qui composent la lie de ce monde. Tu es l’un des nôtres, comme lui. Il y a eu beaucoup de gâchis aujourd’hui.  Ne me contrains pas à en faire encore plus. »

Pendant tout ce temps, Nathaniel, le vrai, n’était pas resté sans rien faire à simplement palabrer. Via l’orque, il avait ordonné à l’eau de venir enserrer des pieds de ponton non loin. Il s’apprêtait à les briser à tout instant suivant la réaction des graärh.

Directive :

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Au centre de la place centrale, Leksa espérait parvenir à toucher ses semblables pour qu'ils quittent tous cet endroit maudit. Hélas, seules quelques secondes furent nécessaires à la Tribyoon pour se rendre compte que son injonction n'était pas la bienvenue. Légèrement surévelée par rapport aux troupes, Leksa balaya d'un regard triste l'ensemble des guerriers. S'ils ne quittaient pas bientôt cet endroit, ils allaient mourir, de cela elle en était convaincue. Mais comment leur faire entendre raison ? Elle n'était pas Aaleeshaan.

Le destin sembla décidé à se mêler de l'affaire lorsque, sous le regard mordoré de Leksa, Sa'Hila tomba de sa monture nouvellement domptée. D'abord étonnée, puis confuse, Leksa comprit que la dompteuse était arrivée au bout de ses forces après avoir tant utilisé sa magie. " Attention ! " Entendit Marche-Flamme alors que la créature, libérée de la magie de Sa'Hila, se mettait à attaquer les troupes restantes. " Cheval ! Contrôlez cette bête ! Sinon tuez là ! " Ordonna la jeune Tribyoon, qui avait désormais beaucoup plus de poids puisque Sa'Hila n'était plus en mesure de commander.

Poussées vers le nord, les troupes se rapprochaient de la lisière du marais. En chemin, Leksa ordonna qu'on récupère Sa'Hila et qu'on la transporte, loin des griffes du milles-pattes géant qu'elle avait précédement chevauchée. Le troupe s'arrêta lorsque le chemin s'avera détruit par les précédentes explosions que tous avait entendu. Fondant la foule, Leksa s'approcha du vide. En se penchant légèrement, la féline mesura environs dix mètres, le ravin étant ensuite couvert d'eau. Ce chemin, hélas, était l'unique porte de sortie de son peuple, songea t-elle en relevant le museau et en observant les alentours, il lui fallait donc ménager une porte de sortie. Mais comment ? On lui indiqua rapidement que les Léopards des Neiges étaient trop fatigués pour produire un pont susceptible de les faire quitter la citée pirate.

" Ce ne sera pas nécessaire. Voyez ces bâtiments. " Indiqua t-elle à ses seconds. Du bout de la griffe, elle pointait les constructions en bois qui se trouvaient à leur droite et qui n'avaient pas l'air spécialement résistantes. " Faites venir les Libellules et tous les sprites pouvant aider à faire s'éffrondrer ces constructions. Lorsque ce sera fait, que les Vanesse solidifient un passage avec leur fils de soie. Ce sera tordu, mais ce sera suffisant. "

Ses ordres furent répétés aussitôt, puis amplifié, et les troupes se reformèrent pour laisser passer les sprites pouvant régler cette situation. Malgré les déflagrations, qui pour le moment ne leur tombaient pas sur la tête, les Graärh se remirent au travail.

" Tribyoon Leksa, un éclaireur vient de m'informer que les renforts qui se trouvent de l'autre côté sont férocement attaqués par les bêtes du marais. " Vint l'informer l'un des seconds de Sa'Hila.

La Graärh serra les crocs et les poings. Ces pirates avaient parfaitement manigancé leur plan et, pour le moment, réussissaient sur toute la ligne. Les créatures, attirés par le sang et les combats, allaient se charger des félins à la place des pirates, sauf si Leksa trouvait un moyen de les en empêcher. Sans doute avait t-elle participé en plan des gredins, d'ailleurs, en utilisant son sifflet.

" J'ai une idée. " Plongeant la main dans sa sacoche, qui était couverte de saleté, Leksa en sortit son appeau à bête. " Je te mets en charge de la retraite. Je vais attirer les créatures du marais dans la ville et le plus loin possible de vous. "

Marche-Flamme remit l'objet dans sa sacoche et se changea sans attendre en chouette. Prenant de l'altitude, elle prit un instant pour observer la mise en place de son plan, puis se dirigea discrètement vers le centre de la ville. Celle-ci était vide de pirate et si elle en croisa quelques-uns, ils ne firent guère attention à elle. Après tout, elle n'était qu'un animal banal. Lorsque Leksa se jugea assez loin, et surtout assez au sud, elle se changea de nouveau et récupéra l'appeau à bête dans sa sacoche, puis y souffla. Quelques secondes suffiraient, ensuite de quoi elle irait rejoindre ses troupes en volant.


Spoiler :

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Délai Sa'Hila dépassé

Sa'Hila reprit conscience alors qu'elle fut transportée vers le nord-est d'Atghalan pour se mettre, enfin, hors de la portée des tirs des navires. Avec son éveil, l'un des geais sanguinaire volettait à ses côtés, visiblement toujours connecté au dernier ordre de la chef de légion. Qui était... 'dévorez tous ceux qui n'ont pas de fourrure des pieds à la tête'. Voilà qui était bien étrange car Sa'Hila était entourée de trois graärh ! Le geai sanguinaire avait l'air septique, il regardait un premier graärh au pelage roux mais s'en tenait éloigné.

Le geai sanguinaire volait entre deux graärh : le premier avait un pelage sable, l'autre un pelage noir. Celui au pelage sable était occupé à soutenir Sa'Hila et l'intimait à avancer plus vite, malgré son état, pour traverser le pont que Leksa et ses suivants étaient en train de finaliser avec brio. Il avait l'air inquiet et jetait des coups d’œil autour de lui. Le graärh au pelage noir semblait plus stoïque et savait les ordres de Leksa, en veillant sur ses camarades, protecteur.

Sa'Hila eut un très mauvais pressentiment, mais trop tardivement. Le graärh roux poignarda le graärh sable, sans aucune raison apparente. Arme levée contre Sa'Hila, il fut éliminé par Leksa, intervenue juste à temps pour éviter la mort à la Kamda. Le graärh au sol, crachant du sang, agonisait et vint à prononcer d'étranges paroles : « Vous ne pourrez pas échapper au Père » Son regard froid fixait clairement Sa'Hila, c'était à elle qu'il s'adressait. « Vous ne serez jamais en sécurité. Il est près de vous, parmi les vôtres. Il a droit de vie ou de mort sur vous, car vous appartenez au Cycle. Vous Lui appartenez. Il vous remercie pour tous ces morts que vous lui avez sacrifiés... Vous avez été à la hauteur de ses attentes, et même bien au-delà. »

Sa patte désigna le charnier d'Atghalan. Il mourrait, le sourire aux babines, le devoir accompli, en créant autour de lui une aura de stupeur tremblante. Pour ses mots, mais également pour l'apparence bipède qu'il reprenait, une fois trépassé. Un pirate. Un pirate parmi les leurs.  Combien en avait-il d'autres qui se cachaient ? Etait-il le seul ? Plus que cela, c'était les paroles qui suscitaient l'incompréhension. Sa'Hila était-elle une vendue ? Avait-elle pactisé avec les pirates pour son profit personnel ? Avait-elle envoyé les siens à l'abattoir ? Un frisson parcourt l'assemblée effarée quand Sa'Hila fut soudain attrapée par derrière, un poignard sous la gorge.

Le graärh noir gronda de nouveaux propos : « Pour cela, vous vivrez, Sa'Hila. Tant que vous Lui serez utile, vous vivrez. Lorsque vous ne le serez plus, Il vous trouvera car Il sera toujours près de vous. La Confrérie vous adresse ses remerciements. » Sans plus de cérémonie, à ces mots, il poignarda Sa'Hila au creux d'un rein  en la rejetant en avant pour s'en débarrasser... Et vint se donner la mort en se poignardant lui-même en plein cœur, clamant un « Pour le Père. » devant une assemblée effarée de la ferveur et la dangerosité de cet homme capable de mourir pour son 'Père'.

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Ce que le Géant opalin avait cru être une victoire prit soudain un goût aigre dans sa gorge. Au moment où le roi pirate semblait le plus faible, un autre de ses tours vint se dérouler sur les quais. Un second gredin surgit sur sa gauche, sa silhouette en tout point similaire à celle du premier bonhomme, jusqu’à l’exactitude de sa chair frappée par le bâton qu’il n’avait pas su éviter, sinon que par son regard. Manifestement, la reddition en était arrivée à un point de non-retour. N’y avait-il donc pas de limites à ses tromperies ? Alors que le géant opalin pensait pouvoir identifier le blessé, ce dernier se releva, prouvant avec une sévère clarté que le poison infligé par la queue de scorpion s’en était allé. Tout comme la blessure causée par la flèche. Il fallait l’avouer, ce gredin était plein de ressources. A n’en pas douter, si on le jetait du ciel et le retournait dans tous les sens, il plongerait toujours les pattes les premières dans l’océan. Certains savaient se protéger d’instinct, ils avaient un don pour ça. D’autres ne comprenaient rien à leur corps.

Même ici, acculé contre les ruines de ce qui avait été jusque-là son repaire morbide, le roi pirate se permettait de faire du zèle. Ainsi épaulé par son nouvel allié, ce dernier reprit comme qui dirait des couleurs. Il tentait encore de gagner du temps, en profitait pour se faire la conversation avec sa doublure. Quel elfe pédant ! Lui et son comparse parlaient jusqu’à plus gorge, à s’en étouffer les cordes vocales. Ce petit discours faisait-il aussi partie intégrante d’un plan tenant à mettre les Garal en échec ? Asolraahn en doutait. Ce gredin tenait plus du meurtrier narcissique et sadique que du chef tactique. Ou alors les deux personnalités se mouchaient au même torchon, qui sait.

Le géant opalin avança vers les deux rois pirates, bâton à la main tendu vers l’extérieur de son corps pour lui donner un maximum d’espace, s’il devait être amené à se défendre. Il écoutait dans le même temps leurs paroles, s’attendant à tout moment à ce que l’un d’eux s’agite. Celui-ci serait forcément le bon, l’autre tâchant de jouer son rôle de roi à la perfection. Il ne pouvait sentir son sang à travers cette tempête, ni l’identifier par son visage, la couleur de sa peau ou de ses cheveux. Même l’expression et le comportement avaient été diablement bien assimilés, jusqu’à égayer l’ensemble avec une ironie sèche, si particulièrement travaillée chez les elfes. Mais il y avait une faille dans leur jeu théâtral : Aucun regard ne pouvait être retranscris. Il lui suffisait de trouver le bon, le regard qui retranscrivait à merveille l’essence même de ce qui caractérisait ce roi : Sa morgue.

Mais lorsque le second Nathaniel eut fait sa proposition, Asolraahn se raidit comme un piquet. Rejoindre les pirates ? Les rejoindre et abandonner son peuple ? Le roi pirate n’avait pourtant que peu de fausses notes dans ses paroles, car il était vrai qu’Asolraahn ne faisait plus partie de la légion de Paadshail depuis bien longtemps. Et il était vrai aussi qu’il s’était conjuré dans l’oubli, qu’aux yeux de certains Graärhs, même des Garal, sa vie ne valait pas mieux qu’un broc brisé, et devait être écourtée pour le bien des légions. Tout cela était vrai. Les Graärhs derrière lui en feulèrent de surprise. Ils restèrent silencieusement debout, les yeux rivés sur Asolraahn.

C’est à ce moment précis que le géant opalin repensa à Taar’Melaah, sa fille capturée par les pirates d’Atghalan. Il la revit sur le grand iceberg près du camp des igloos de la légion, son épée à la main prête à l’entraînement de la journée, ses yeux d’ambre avisant malicieusement les alentours pour trouver un obstacle ou un escarpement pour le mettre en échec. Pour la première fois, il eut un regard en arrière et observa les décombres fracassés qui composaient l’ancienne cité pirate. Il se remémora avec horreur les Graärhs esclaves gisant dans leur propre sang, les entrailles ouvertes à cause des vaseux qui en délogeaient leur carcasse, prêts à tuer, des animaux condamnés, envoyés à l’abattoir pour empêcher le vent libérateur de la légion. Et les cris. Les cris des graahrons avaient cessé depuis longtemps. De leur souffrance, rien ne demeurait, plus de douleur, pas même l’agonie silencieuse pour leurs parents résignés. Aucun esclave n’avait survécu à cette bataille. Et Taar’Melaah ? Cette pensée s’inscrivit en lettre de sang dans l’esprit du géant opalin. Taar’Melaah se trouvait ici, seule et abandonnée… Que pouvait-il rester d’elle ? Quelle avait pu être sa fin ?
Le géant opalin abaissa son bâton, le posa sur son épaule.

Puis il éclata d’un rire gras et mauvais, qui n’esquissait nul joie aucune. Comme si ce rire pouvait barbouiller les mots du pirate avec une saveur de fauve. Un rire de douleur.
Quand il eut finit, il toisa les pirates :

-Loin dans le canyon, sur le fleuve du temps, Smilodaene la guerrière funeste, la tueuse de fauve, affronta seule une horde de Karapts pour protéger la légion. Elle gagna puis mourut dans le sang. Elle était une Ashudd. Dans un temps prochain, les Garal parleront de notre combat comme de la bataille du Perfide. Ils en parleront et la fierté s’emparera de leurs cœurs, car ils sauront que ce jour-là, le Perfide a dû prendre le large pour disparaître loin du désert et de leurs terres. Ils sauront que leur père et leur mère se seront battus avec honneur. Car nous sommes des guerriers et les descendants des Esprits-Liés. Nous sommes Graärhs. Nous ne connaissons pas la peur. (Sa voix gronda.) Tu ne peux comprendre ça, petit. Car bien qu’Ashudd, je suis, tu m’as l’air d’enfin en convenir, bien différent de toi. Tu pilles nos lieux sacrés. Tu massacres nos tribus et nos familles. Pour qui te prends-tu ?

Une colère froide rongea ses sentiments, les broya jusqu’à n’en faire plus que cette poussière qui s’accumule dans le marais, lentement, se gorgeant de vase de malheur et d’une croûte de rage, pour ne devenir qu’un tas de boue répugnant et englué de vices. Et ce roi osait lui assurer qu’il ne valait pas mieux qu’un pirate ? Qu’il n’était rien d’autre qu’un paria solitaire, misérable et qu’il n’avait sa place qu’à bord de son navire de déments ?

-Seul un être abject verrait dans ce carnage un bienfait à son règne. Voilà ce qui nous différencie fondamentalement, pirate. Et il n’est pas question que je te suive. Tu m’as arraché ma fille, une enfant innocente qui s’est retrouvée dans ce charnier par ta faute. Pour cela, je n’ai aucun mépris à ton égard. Je te hais, du plus profond de mon être. Et je ne deviendrai pas complice du crime de ton… triomphe.

Il reprit son arme, la tendit légèrement vers son côté afin qu’elle ne le gêne pas. Il feula une dernière fois :

-Je vais plutôt y mettre fin, en finir avec cette folie. Je vais t’infliger ton châtiment, pour le sang de nos graahrons, avec le bâton que voici.

Le géant opalin fonça sur les deux pirates, les garal derrière lui. La confusion fut immédiate. Il profita de son élan pour enjamber le ponton. Son pas produisit un bruit sourd, les planches du bois craquelaient comme des branches de bouleaux en automne. Au milieu du chaos ambiant, faisant fi des pirates qui viendraient en renfort, Asolraahn avisa le gredin le plus reculé et passa à l’attaque.

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Il restait coi, satisfait d’avoir pu jauger de l’efficacité de son magnétisme sur leur adversaire. Ainsi donc, il était vulnérable, au moins dans une certaine mesure, à l’influence. Mais jusqu’où cela pouvait-il aller ? Sans quitter le géant des yeux, il n’en chercha pas moins, grâce à ses autres sens et surtout aux facultés magiques de ses yeux, la présence de leurs hommes, un peu plus loin en arrière et qui arrivaient rapidement tandis que son père continuait de gagner du temps. Bientôt, les graärh seraient encerclés à leur tour et en sous nombre. Pour autant, il répugnait à tuer ainsi un adversaire si honorable et si efficace. Connaissant bien l’esprit de son père et souverain, il ne doutait pas que si Nathaniel avait une opportunité d’acquérir le géant pour ses combats de gladiateur, il la saisirait. La journée était à eux, les natifs étaient décimés et le pire coup restait encore à venir, cette victoire mineur ne serait qu’un compliment au roi des forbans s’ils l’obtenaient, une satisfaction personnelle. Conscient de la délicatesse des influences mentales et du besoin d’un terreau positif afin d’être cultivées, le tueur se passa de tout aveux d’amusement lorsqu’à la proposition d’un arrêt du canonnage entonné par l’Opalin, la réponse immédiate fut le rugissement des canons de la Revanche de la Reine qui se joignait au concert du Maelström. Le navire, invisible, longeait l’intérieur du bras de mer entre la péninsule et l’île des chaînes, harcelant le flanc vulnérable des restes de l’armée graärh pendant son replis vers la porte des monstres.

Toujours silencieux, le Scorpion laissa à son père le soin de s’exprimer, n’ayant lui-même rien à dire, tandis que les pirates encerclaient à leur tour les félins. Quelque chose lui disait, à lui, que les Garals ne seraient pas fiers de ce massacre, mais il appartenait à chacun de forger sa réalité et la sienne se tendait uniquement vers un moyen de sécuriser ces graärh-là. Leur affrontement moral ne l’intéressait pas vraiment lui-même car il convenait que ces questions différaient en fonction des individus et de leurs vies. En revanche, il se fit très intéressé par l’existence d’une descendance à ce guerrier. Une esclave au sein de leur cheptel ? Mais déjà, il attaquait. Sans une plainte, il déroula son fouet pour dévier le bâton de combat tandis que leurs hommes s’occupaient de cribler les garals de flèches dans les articulations. De nouveau, il éleva la voix, dans l’intention d’user de l’Antilope pour influencer l’Opalin. “Dépose les armes et rends-toi” Son ton, augmenté par le sceau de charme, sa voix enchanteresse glissant entre eux alors qu’il cherchait à le tenir à distance sans le blesser. “Monte à bord avec nous. Si ta fille se trouve au sein de nos équipages, nous affronter ne te servira pas. Tuer un seul pirate ne donnera qu’une satisfaction passagère car il a raison, les pirates sont partis. Un autre prendra sa place, et rien ne changera. Ni pour toi ni pour les tiens. Alors qu’en déposant tes armes, tu te donne une chance, au moins, de revoir ton enfant et de la ramener avec toi

Il jeta un regard en coin aux autres combattants, espérant qu’ils ne se jettent pas sur le géant alors qu’il tentait une autre approche. “Peut-être le tueras-tu et peut-être mourras-tu, abandonnant derrière toi ta quête et celle qui t’attend ainsi que ton peuple. Mes yeux t’ont vu, sans toi, l’avancée de l’armée n’aurait pas été la même, ne serait-ce que pour ton peuple, ta vie vaut plus que l’honneur d’une seule mort sans substance et sans impact. Cette journée est perdue pour vous. Rends-toi. Il n’y a pas de déshonneur dans l’intelligence et l’objectivité” Mais s’il voulait vraiment poursuivre sur sa voie, alors il espérait cette fois que son dard ne lui ferait pas défaut car il le paralyserait.

Directives :


les actions :

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Spoiler :


Dans cette intrigue en Joueur contre Joueur, l'efficacité des actions va être décidé par jet de dés opposés pour les joueurs, et par jet de dés pour les PNJ.


BÂTON VS FOUET
Pour rester cohérent avec le RP écrit par Teotl, le bâton est automatiquement stoppé par le fouet (action non restée en suspens). Toutefois, je mets en place un jet de coordination opposé pour savoir si Asolraahn a réussi a frapper Nathaniel avant que Teotl ne l'entrave.

TEOTL

Compétence utilisée : Coordination niveau Maître. Marge de la caractéristique : 75.

Modificateur =>

+ 20 : Bonus d’équipement
- 20 : Blessure précédemment infligée par Asolraahn
+5 : Sainur

Résultat => 80 - 91 = -11 Réussite médiocre

ASOLRAAHN

Compétence utilisée : Coordination niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

+ 20 : Bonus Esprit-Lié du Chat
+ 10 : Initiative de l'action
+ 5 : Graärh


Résultat => 80 - 90 = -10 Réussite médiocre mais supérieur à la MR de Teotl

PERSUASION
La suggestion de l’antilope fonctionne sur des cibles avec une FM inférieure à Maître (ce qui est la cas pour Asolraahn), sur accord joueur. Comme nous sommes en intrigue, cela je joue en jet de dés opposés, en faveur de celui qui aura la plus haute MR.

TEOTL

Compétence utilisée : Charisme niveau Exceptionnel. Marge de la caractéristique : 95.

Modificateur =>

- Sainur : +5

Résultat => 100 - 35 = 65 Réussite remarquable

ASOLRAAHN

Compétence utilisée : Force Mentale niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

- Graärh : +5

Résultat => 50 - 23 = 27 : Réussite notable mais inférieure à la MR de Teotl

ACTION DES PNJ

ATTAQUE DES GRAARH

Compétence utilisée : Armes niveau Bon. Marge de la caractéristique : 55.

Modificateur =>

- Graärh : +5
- Pontons fragilisés : -10

Résultat => 50 - 94 = -44 : Échec cuisant

ATTAQUE DES PIRATES

Compétence utilisée : Armes niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

Supériorité numérique : +10
Pontons fragilisés : -10

Résultat => 45 - 87 = -42 : Échec cuisant




Dernière édition par Le conteur le Lun 20 Jan 2020 - 15:50, édité 1 fois

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Le membre 'Le conteur' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'MJ' : 91, 90, 35, 23, 94, 87

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¤ Vers l’infini et au-delà ¤

Andrew avait fait son office. C’est en connaissance de cause que Nathaniel lui avait confié cette mission. Celle de jouer son double pour perturber l’ennemi et le diviser. Il ne s’était pas particulièrement attendu à le voir revenir vivant. La tâche était périlleuse puisqu’elle nécessitait de se mettre au-devant du danger. Le gredin l’avait accompli jusqu’ici, car il savait avoir les compétences pour y parvenir et pour revenir en vie. Andrew c’était autre chose. L’elfe sombre savait que ce dernier possédait les capacités pour mener à bien la mission, en revanche pour revenir en vie … disons qu’il n’aurait pas parié sur celui-ci. Aussi le voir arriver surprit le roi. Certes il ne semblait pas en bon état, mais il s’agissait là d’un détail, l’humain était parvenu jusqu’au port. Ainsi, Nathaniel ne put s’empêcher de rire, d’autant plus que ce dernier débarquait à point nommé. Les éléments étaient réunis pour gagner du temps, mais aussi pour se jouer de l’ennemi. Le forban ne s’en priva donc pas une seule seconde. Une improvisation en duo se forma alors. Lui et Andrew. Nathaniel répondant à la suite de ce dernier, laissant son sbire jouer la mesure et lui se contentant de suivre, il était plus facile pour l’elfe se s’adapter que l’inverse. La tromperie de l’orque n’avait pas de limite.

L’hésitation et le doute se lisaient dans le regard des graärh, mais le géant d’opale semblait conserver la tête froide. Décidément, de tous les ennemis aujourd’hui il aura été le plus redoutable. L’explication vint rapidement. Andrew releva un point que Nathaniel n’avait pas remarqué. Le félin face à eux n’était pas un natif de l’ile d’été, mais de l’ile d’hiver. Voilà qui expliquait bien des choses. La légion des terres gelées était venue en aide à celle de la savane ? Non. Il y aurait eu beaucoup plus de soldats ennemis et le plan des pirates n’aurait pas aussi bien fonctionné. L’explication qu’avança son sous-fifre fut a plus plausible. Le gredin ne put retenir un sourire lorsque son double proposa au graärh de les rejoindre. C’était bien joué, cela valait le coup d’être tenté. Néanmoins, le gredin doutait que cela fonctionne. Pourquoi ? Parce que ce n’était pas lui qui avait fait la proposition. Nathaniel n’aurait pas employé ce ton-là. Il avait un charisme qu’Andrew ne possédait pas pour faire vaciller un ennemi dans son camp. Toutefois, il devait reconnaitre que c’était bien joué. Il veillerait à récompenser l’humain après la bataille. À condition qu’il reste en vie bien entendu.

Comme l’orque s’y attendait, le géant à fourrure ne mordit pas à l’hameçon. Andrew faisait un mauvais pêcheur et Asolraahn un mauvais poisson-chat. Encore une fois, le Trand leva son bâton pour se ruer au combat. Instinctivement, l’elfe se recula, aussi bien de son ennemi que de son allié le plus proche à savoir Teotl. Disons que Nathaniel n’avait pas envie de réitérer la désagréable expérience qui venait de se produire. Tout en venant bien sûr mettre son plan à exécution, c’est-à-dire briser les pontons. Hélas, deux fois hélas, le sort en avait décidé autrement. Son fils se rapprocha de lui afin de faire une fois de plus barrage, brandissant son fouet pour arrêter l’assaut. Son fils avait joué un merveilleux rôle durant cette bataille. Tout ne se serait pas aussi bien passé s’il n’a avait pas été là. Toutefois, force est de constater que lorsqu’il s’agissait de protéger et non de tuer, son fils était bien piètre dans la matière. Bien positionné pour esquiver, il fallut que le capitaine des assassins pare l’assaut du graärh, le faisant dès lors dévier … dans une trajectoire non pressentie par Nathaniel. C’est ainsi que le bâton du géant s’abattit sur lui. Mais pas n’importe où ! L’arme frappa le roi au genou. Ce même genou qui s’était pris une flèche. Ce même genou qui s’était pris le dard de son fils. Ce même genou qui venait à présent de s’être fait briser par un violent coup de bâton. Enfin nul ponton ne se brisa. Visiblement, les fondations pirates étaient plus solides qu’elles n’en avaient l’air.

La douleur fut cuisante, coupant le souffle à Nathaniel qui en fut sonné. Ses yeux s’écarquillèrent, s’injectant de sang. La douleur remonta jusqu’à ses tempes. Combien de temps cela dura. Suffisamment de temps que pour Teotl parvienne à calmer le graärh et qu’un combat s’engage, suffisamment de temps pour que les pontons finissent par céder. Le bois se brisa. Les graärh qui accompagnaient Asolraahn tombèrent à l’eau les uns après les autres. Malheureusement pour eux, la faune sauvage était encore présente et des crocodiles s’étaient tapis dans les eaux sous les plateformes. Ceux-ci sautant sur l’occasion de se remplir la panse. Très bientôt, le géant d’opale bascula également après avoir perdu l’équilibre. Glissant en direction de l’eau et des reptiles. Le ponton sur lequel se trouvait Nathaniel fini lui aussi par se briser, venant descendre d'un mètre. L’elfe manqua de perdre l’équilibre, d’instinct il chercha à le reprendre et c’est en bougeant sa jambe victime du destin de cette maudite journée qu’il revint pleinement à lui. Même avec une seule jambe valide, l’elfe sombre parvint à conserver son équilibre. Mais cela ne durerait pas. Des flèches furent tirées enfin en leur direction, ses hommes s’étaient enfin débarrasser de la faune de leur côté et venaient enfin en renfort. Malheureusement cette bande d’incapables ne parvint même à toucher ne serait-ce qu’une personne … du moins un seul ennemi.

Maudits soient les graärh ! Maudits soient les pirates ! Maudit soit ce graärh ! Maudit soit son fils ! Maudite soit cette journée ! Nathaniel prit enfin une grande inspiration depuis qu’il avait eu le souffle coupé et poussa un puissant hurlement de rage. Le regard plein de haine se posa sur le géant d’opale. La partie du ponton sur laquelle Asolraahn était avait descendu deux mètre et s’inclinait de sorte qu’elle le poussait à glisser vers l’eau boueuse du marais. Au bout se trouvait déjà un crocodile prêt à ouvrir la gueule pour faire du félin son repas. Oh c’était hors de question. Ce fils de chat de gouttière était lui. Il allait lui briser les jambes pour son genou !

« DIX PIÈCES D’OR A CELUI QUI LE RATTRAPERA !!! »

Dans un large mouvement, Nathaniel leva son bras gauche de bas en haut, son geste s’accompagnant d’un courant magique qui traversa l’atmosphère. L’eau autour d’Asolraahn, plus précisément de sa parcelle de plateforme, sembla bouillonner et soudainement un puissant geyser se forma. L’objectif du roi des pirates ? Bazarder le graärh dans les airs, si possible en direction du Maelstrom avec l’inclinaison du puissant jet d’eau. Le gredin comptant sur la chute et sur ses hommes pour maitriser le Trand. De son autre main et dans le même temps, l’elfe usa du vol du bourdon pour immobiliser dans le temps la partie de plateforme sur laquelle il se trouvait. Cela lui laisserait le temps d’user du léopard des neiges copié par l’ornithorynque lui-même copié pour refroidir son genou et ainsi geler la douleur … avant de former une nouvelle béquille de glace pour l’aider à se mouvoir. Nathaniel avait encore beaucoup à faire. Il allait devoir piéger dans un gros bloc de glace le portail afin de le remorquer avec son navire hors du port.
Directive :

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Sitôt ses directives données, sitôt les Graärh se mirent au travail. Pour la jeune Tribyonn, c'était un véritable régal que de voir son peuple accepter sa soudaine autorité et se mettre rapidement à la tâche. Bientôt, ils pourraient enfin quitter cet enfer se disait t-elle non sans fierté. Prête à s'envoler, puisque son peuple était entre de bonnes mains, Marche-Flamme fut toutefois retenue par de l'agitation du côté de Sa'Hila, toujours inconscience aux dernières nouvelles. Les troupes s'écartèrent pour la laisser passer après qu'elle eût joué un peu des coudes. Sous ses yeux, impuissante, Leksa vit un Graärh en tuer sauvagement un autre.

Aussitôt, la Tribyoon bondit en avant, aidé de l'Esprit de la Chouette, et dégaina son kataana dans un large mouvement. La lame trancha la chair du flanc gauche jusqu'à l'épaule droite, sectionnant au passage de nombreuses veines dont le sang gicla, maculant la fourrure rousse de Marche-Flamme. Ses pupilles, dilatées au maximum, n'étaient que deux orbes noires tandis que, sous ses yeux, le corps du Graärh changeait pour se révéler être celui d'un pirate. C'est alors qu'un nouvel assaillant saisi Sa'Hila et poignarda cette dernière face à la Trybioon, qui fut incapable réagir à temps pour venir en aide à son Aaleeshaan.

Ce dernier pirate s'étant donné la mort, un silence glaçant s'abattit sur le rassemblement de Graärh qui avaient assistés à la scène, tandis que l'on s'afférait encore un peu plus loin afin de construire le pont. Leksa fut la première à réagir, les étranges paroles du pirate déjà gravées dans sa mémoire. Toutefois, plutôt que de clamer ses ordres dans la langue de son peuple, elle poussa plusieurs grognements et ronronnement, les oreilles couchées sur le côté, tout en désignant Sa'Hila de la patte. Pour un individu extérieur, impossible ou presque de comprendre, mais pour des Graärh cela n'était pas un problème. De cette façon, s'il y avait d'autres pirates dans leur rang, il serait plus facile de les débusquer.

Encore sonnée par cet événement, Leksa se fit violence pour se reprendre. Elle devait prendre soin de son peuple, puisque Sa'Hila en était incapable, et devait donc se montrer forte. Tâchant donc de dissimuler le doute derrière une assurance qu'elle espérait convaincante, Marche-Flamme ordonna qu'on s'occupe bien des blessures de Sa'Hila puisque l'évacuation commencerait sitôt le pont près, tandis qu'elle même tachait de conduires les bêtes du marais ailleurs.

Prenant enfin son envol, Leksa s'éloigna suffisamment des siens avant de se retransformer et de souffler dans son appeau. Lorsqu'elle s'envola de nouveau, la fatigue se fit sentir dans ses ailes, mais la vue de son peuple quittant enfin la cité pirate lui redonna des forces et, tout en se laissant planer pour économiser son énergie, Leksa entreprit de les rejoindres au plus vite pour les guider loin de cette zone de l'île, vers des terres plus clémentes. Toutefois, son regard perçant fut attiré par une forme blanchâtre, en contrebas, qu'elle reconnue comme étant le géant Asolraahn. Sa fourrure ainsi que sa taille ne laissait que peu de doute sur son identité. Mais malheureusement pour le Trand, aucune aide ne vint de Leksa. Sa mort était un moindre mal, Marche-Flamme se devait d'être présente pour son peuple, son honneur le lui dictait.

Spoiler :


Spoiler :

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Se détendant tel un ressort, Asolraahn se fraya un passage jusqu’au gredin. Le bâton fusa avec la vitesse d’un faucon en plein vol, mais un mouvement à nouveau perla à côté de lui, et un fouet dévia la trajectoire de son coup. Le géant opalin entendit un bruit satisfaisant lorsque le genou de sa victime fut fracassé par son bâton. Il fit pivoter sa patte et joua de la hampe pour la diriger vers son autre adversaire. Le Graärh ! Asolraahn se préparait à lui infliger une autre de ses fameuses corrections…

Mais soudain, la voix sinistre qui s’était accrochée à son pelage revint de plus belle. Ses paroles ancrées dans une bouche de haine hantèrent ses bras, le forçant une fois de plus à abaisser son arme. Pris au piège, le géant opalin observa le Graärh sombre et finit par comprendre qui était l’instigateur de ce maléfice. Il serra les crocs et tenta de repartir à l’assaut. En vain. C’était comme s’il s’était soudain transformé en Graärh de plomb. Pourtant, lentement mais sûrement, ses jambes s’animèrent et il se mit à avancer sur le ponton, forcé par la déraison à rejoindre le navire qui se balançait, au rythme d’un pendule cruellement réglé, sur les quais. Le géant opalin n’en revenait pas ! Lentement, il était happé vers le chemin de l’ennemi, sans pouvoir opposer de résistance.

Autour de lui, des pirates jaillirent des ruines avec des haches, des masses d’armes et des sabres. Les Garals bondirent par-dessus les remparts de fortunes et frappèrent avec mâchoires et lames sur les visages des pirates. S’ensuivirent des bruits de fers et d’os broyés jusqu’à l’écœurement. Asolraahn ne put leur apporter une once d’attention.

Jusqu’à ce que les piliers supportant les passerelles se fissurent, que les cordages se déchirent dans un claquement sec, et que le pont dévie dangereusement vers le côté, entraînant tous ses résidents dans une chute vers les eaux profondes. Le géant opalin rouvrit les yeux avec ardeur, se libérant du charme qui opérait en lui. Soudain, il fut secoué et faillit perdre l’équilibre. Il tendit son bras et se rattrapa in-extremis sur un cordage, à dix mètres des flots. En rugissant, il arracha une planche du pont de sa patte valide et la cala dans une fissure pour s’assurer une corniche de fortune. Il l’empoigna et bondit ensuite, tâchant de remonter sur une partie du ponton plus stable. Du coin de l’œil, il vit un Garal sombrer dans le néant des ressacs blancs, où des crocodiles à l’allure anormalement massive venait jouer les trouble-fêtes. De puissantes mâchoires fondirent sur lui et déchirèrent sa poitrine.

Asolraahn continuait de monter. Il lui fallait retrouver ses shikaaree et reformer les rangs. La silhouette d’un pirate lui fit de l’ombre et une masse d’armes brilla devant ses yeux. Au moment où il s’attendait à recevoir un coup, une puissante force venue des fonds marins le percuta avant de le projeter sur les pontons, droit devant les pirates. Et seul. Les pirates se jetèrent sur lui, leur poids fit tendre les cordages qui reliaient les piliers de bois. Ils le voulaient visiblement, le voulaient lui, son bâton et sa fourrure. Au point de grouiller sur cette passerelle fragile comme des petites fourmis. Au point de se bousculer devant lui et de risquer leur vie.

Asolraahn se releva et les toisa de toute sa hauteur. Se sachant sans aucune issue, il prit une grande inspiration et fit la seule chose qui pouvait le séparer de cette escouade funeste. Le gredin avait engagé le jeu de la destruction, et il lui fallait le pousser jusqu'au bout pour s'échapper. Il allait détruire ce qui restait du ponton et forcer les pirates à rebrousser chemin vers leur navire. C’était peut-être sa dernière chance.

Il chercha alors rapidement le pilotis le plus instable sur ce qui restait du pont, prit de l’élan et porta un puissant coup de ses pattes qui balança des échardes dans les eaux. Au loin, les pirates hurlaient comme des damnés. Asolraahn porta un nouveau coup, puis un autre encore. L’appui se fissura, fléchit comme une manivelle, puis finalement éclata. Le pont trembla comme s’il n’avait été depuis le début que l’épicentre d’un tremblement de terre. Le géant opalin se retourna et courut en tenant son bâton serré contre lui cette fois. Le sang battait à ses tempes, à longues pattes, en féroce galopade. Il s’élança du pont qui commençait à s’effondrer et se jeta en contrebas, droit sur les crocodiles, dans l’intention manifeste de les saluer.

Spoiler :



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ASOLRAAHN
Dans tous les cas, Asolraahn survivra. La vraie question, c'est : dans quel état ?

Compétence utilisée : Armes contondantes niveau Maître. Marge de la caractéristique : 75.

Modificateur =>

+5 : Graärh

Résultat => 80 - 17 = 63 => Réussite remarquable



NATHANIEL EARENDIL

Compétence utilisée : Chance/Espérance niveau Moyen. Marge de la caractéristique : 45.

Modificateur =>

+5 : Elfe

Résultat => 50 - 10 = 40 => Réussite notable


TEOTL EARENDIL

Compétence utilisée : Chance/Espérance niveau Maître. Marge de la caractéristique : 75.

Modificateur =>

+5 : Sainur

Résultat => 80 - 31 = 49 => Réussite remarquable

Spoiler :


Dernière édition par Le conteur le Mar 28 Jan 2020 - 21:33, édité 1 fois

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'MJ' : 17, 10, 31

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Alors que le ponton s'écroule, Asolraahn quitte définitivement la portée des pirates et répond un grand non à leurs espoirs, après leur avoir tant est tant fait rêvé de lui. Il ne leur laisse qu'un souvenir : le Géant Opalin ne sera pas leur bête de foire.

Il n'a pas réussi à tuer le Roi de la Confrérie, ni à garder ce portail, ni à retrouver sa fille... Mais tout n'est pas perdu car, dans les contes graärh, il aura à présent sa propre légende. Smilodaene la guerrière funeste, la tueuse de fauve, affronta seule une horde de Karapts pour protéger la légion. Asolraahn, lui, affronta seul le marais d'Athvamy pour survivre, et pour sauver un graärhon miaulant un plein poumon sa terreur dans la ville rendue à la nature.

Un graärhon des plus singuliers et cher à son cœur car il tenait en sa griffe un bracelet fait d'une bande de cuivre gravée de symboles honorant les esprits-liés et la nature, passée dans les boucles d’une plaque d’argent, sertie d’un croc blanc d'un loup des montagnes de Nyn-Tiamat. Asolraahn le sait : ce bracelet a appartenu à Taar’Melaah, sa chère fille. Alors qu'il quitte la dévastation, éreinté, mais fier, Asolraahn sent les Esprits-Liés se faire puissants en lui. Le graärhon qu'il a trouvé, il va devoir le baptiser et en prendre soin, car c'est son petit-fils.

Nathaniel et Teotl, quant à eux, parviennent, main dans la main, père et fils, à s'échapper du ponton qui s'écroule. Sur le Maelström, ils peuvent partir avec ce foutu Portail qui leur aura mis des bâtons dans les roues. Ils savent où ils veulent aller. Cette guerre a été une parfaite réussite : très peu de pertes à déplorer, ils ont décimé près de la moitié des guerriers Garals. La légion aura du mal à s'en relever. Ils ont été frappés dans le vif et ils ont perdu. Cerise sur le gâteau ?

L'un des graärhs de la légion prend son envol, tout spirite de la chouette qu'il est et vient à son tour rejoindre le Maelström. "La Kamda Aaleeshaan est morte." La Secte Noire a fait son œuvre sans faillir.

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¤ Nouvelle année de sang ¤

La bataille d’Athgalan arrivait à son terme, Nathaniel le sentait. Sur le port, seule une misérable poignée de graärh faisait face aux pirates. Où étaient les autres ? Que faisait le reste de l’armée des poilues ? Avaient-ils du mal à avancer en raison des pièges, des créatures et des tirs des navires ? Avaient-ils battu en retraite ? Ou étaient-ils en total déroute ? Le gredin n’en savait rien, mais quoi qu’il advienne, il était prêt à y faire face. Le plan de la confrérie avait fonctionné plus ou moins correctement jusqu’ici. En ce jour, la victoire avait souri aux gredins quoi qu’on en dise. Ils avaient perdu une ville ? On peut difficilement appeler trois planches pourries au-dessus d’un marais putride une ville. Ils avaient perdu des hommes ? Combien des soldats de la confrérie avait-elle déployés ? Combien de soldats les légions de Néthéril avaient-elles déployés ? Le ratio des pertes serait assurément différent et à l’avantage des pirates. L’elfe sombre et son fils avaient bien mené leur barque sur ce coup. Cette victoire, elle enverrait un message aux restes de l’archipel. La confrérie peut se battre, tenir tête à une armée, et infligée de lourde de pertes, alors réfléchissez à deux fois avant de venir nous attaquer. Assurément, les petites escarmouches en mer lors d’attaques de pirates contre des navires et convois étaient le mieux pour tous. Mieux valait-il pour tout le monde de s’en tenir à là. Il y avait un plus grand bénéfice à tirer à laisser les pirates mener leur pillage en leur tenant tête plutôt que de les attaquer pour mettre fin à la menace qu’ils représentaient. Mais plus encore, la confrérie et leur roi tireraient de la crédibilité de cette journée. La confrérie ne pouvait plus être considérée comme un groupuscule d’emmerdeur.

Néanmoins, mieux valait-il sur l’heure se concentrer sur l’instant présent plutôt que sur les répercussions futures de ce moment. Parmi cette misérable poignée de soldats graärh, se trouvait un individu. Une épine dans le pied de l’elfe sombre … ou plutôt le genou … et qui ne se laissait pas arracher. Un géant graärh au pelage opale. Le forban apprécierait assurément de le capturer, mais le ratio bénéfice et perte commençait à tourner à son désavantage. Peut-être fallait-il couper court tout de suite à tout investissement. Cela ne plaisait pas à Nathaniel. Si ce graärh mourait, il ferait un martyr. Si ce graärh s’échappait, il devenait un héros. Alors que s’il le capturait, il devenait ce que Nathaniel souhaitait qu’il devienne. Le roi décida finalement de jouer cela à pile ou face, ce serait son dernier coup, après quoi il ne répondrait plus de rien. Rassemblant l’eau présente sous les pontons, l’orque la libéra après avoir accumulé magiquement de la pression, pour créer une sorte de geyser sous Asolraahn. Avec un peu de chance, la chute aiderait à sa capture, ou sa mort. Dans le cas contraire, le graärh qui ne semblait pas décider à se rendre prendrait assurément la décision de battre en retraite pour s’extirper de cette situation impossible.

Au grand déplaisir du roi, c’est ce qui se produisit. Le chat retomba sur le ponton et parvint à repousser les assauts de ses hommes. Bandes d’incapables ! Puis, afin de couvrir sa retraite, il fragilisa encore plus les pontons afin de les faire s’effondrer. Soit, il avait choisi de fuir. Mais au final, il avait simplement choisi un combat pour un autre. Le marais serait son ennemi, comme pour tous les graärh venus à Athgalan, comme cela avait été prévu. Il trouverait la mort face à la nature. Quel gâchis. Mais puisque celui-ci avait décidé de partir, l’elfe sombre n’avait pas de raison de demeurer plus longtemps en ces lieux. Caressant ses outils de communications, il s’adressa à ses deux commandants et à son fils.

« Cela suffit, on évacue Athgalan. Nous n’avons plus de raison de continuer. Observons le plan. Sonnez la retraite et assurez-vous que vos hommes montent à bord du Maelstrom. »

Boitillant, s’appuyant sur sa nouvelle béquille de glace, Nathaniel avança sur les pontons en plein effondrement, usant du vol du bourdon pour les immobiliser sur son passage. Le capitaine finit par arriver près du portail à moitié dans l’eau. Usant une fois de plus de l’esprit de l’orque, le roi de la confrérie vint former une sphère recouvrant plus de la moitié de l’artefact. Puis posant une main sur cette surface sphérique, il utilisa une ultime fois l’esprit lié du léopard des neiges qu’il libéra ensuite. Sans attendre, le demi-cocon devint glace. Voilà, à défaut de pouvoir hisser le portail à bord de son navire, il le remorquerait. Son office terminé, Nathaniel se dirigea vers la passerelle d’embarquement du Maelstrom. Tout le monde à bord, le bâtiment déploya ses voiles et commença à s’extirper du port, repoussant sur son passage les bêtes marines comme si de rien n’était.

« Remontez la chaine de l’ancre ! »

Sans plus attendre, une dizaine de soldats se précipitèrent sur la roue pour commencer à la faire tourner. Un gros bruit retentit, celui d’une épaisse chaine s’enroulant sur elle-même. Une fois celle-ci tendue le bloc de glace se mit à bouger, finissant de détruire sur son passage les pontons du port, venant suivre le Maelstrom dans son sillage.

« Capitaine ! Quelqu’un est accroché au portail ! »

« Qui ose ? Ne me dites pas que c’est ce sale graärh. »

« Non c’est beaucoup trop petit capitaine. »

Venant prendre la longue-vue des mains de son homme, Nathaniel vint regarder en direction du bloc de glace. C’est alors qu’il remarqua Bïlly, le nain auquel il avait ordonné de se cacher dans l’arbre de cadavre. Ce dernier était parvenu à faire sauter la porte des monstres et à rentrer vivant. L’elfe éclata de rire.

« Qu’on surveille qu’il ne tombe à l’eau. Dès que le Maelstrom sera immobilisé, qu’on aille le récupérer. »

Lentement, mais surement, le navire du roi s’éloigna du port, tout en assurant un feu nourri à l’aide de son mortier. Puis enfin, le canon se tut et le silence se fit.

« Qu’on prépare la gueule de la baleine ! Une seule personne ici a le droit de détruite Athgalan. Ce n’est pas le peuple graärh, ce n’est pas le marais, mais bien moi !»

Le Maelstrom commença à opérer un virage afin de la proue soit en direction de la ville. Bien qu’au large, la portée de son canon principal lui permettrait de frapper aisément la ville. Après que la revanche de la reine eut été prévenue des intentions du gredin et se soit éloigné de la ligne de mire, l’elfe sombre fit se rediriger vers lui plus du trois quarts de l’énergie magique captée par le bâtiment. Se dirigeant à la proue, il posa sa main sur le piédestal sorti du pont. Laissant libre cours à la puissance de l’esprit lié de l’orque, la gueule de la baleine emmagasina eau et magie. Soudainement, un puissant tir s’échappa du bout du Maelstrom, venant frapper la cabine du capitaine, cœur du pouvoir d’Athgalan. Ce fut le premier d’une courte série. Le deuxième frappa le port, les deux suivants divers quartiers de l’ancienne cité. Les dégâts seraient plus que suffisants pour ne laisser qu’un chant de ruines. À présent, que la nature reprenne ses droits sur ce territoire conquit par les pirates.

Nathaniel se retira, laissant la magie captée par le bâtiment se repartir normalement.

« Qu’on aille me chercher un soigneur et de quoi faire taire la douleur. Ensuite, nous mettrons le cap vers notre nouveau chez nous pour fêter cela. »

« Capitaine, un message en provenance de la revanche de la reine. »

Ayant gardé la longue vue précédemment prise à l’un de ses hommes, il observa les drapeaux s’agiter sur le bâtiment de son fils. Un large sourire se dessinant sur les lèvres du gredin. Il lui tardait d’arriver sur l’île des chimères, pour fêter digne cette nouvelle année.

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Sur les quais, le combat avait finalement cessé. Les pirates s’en étaient retournés à leur navire, prenant la poudre d’escampette pendant que les Garals faisaient une percée sur le ponton principal. Les dernières cellules de résistance qui se trouvaient un peu plus profondément dans la cité eurent moins de chances. Elles furent balayées, parfois par des Graärhs, souvent par les vaseux qui avaient fait d’Atghalan leur nouveau garde-manger. Certains s’étaient barricadés dans des baraquements ou des cabanons en bois supportés par les pontons. Ils tenaient bon, jusqu’à ce que les tirs de canon pulvérisent leur bastion et les envoient dans la tombe. Ceux qui ne se faisaient pas massacrer en haut se jetèrent à la mer pour essayer de fuir par la baie. Ils n’avaient pas vu les eaux sombres et tumultueuses qui sévissaient en contrebas. Sans doute étaient-ils trop concentrés à l’idée de pouvoir s’échapper du carnage, sans doute avaient-ils eu l’espoir de tirer leur révérence confortablement installés sur une petite barge, en regardant les Graärhs dans la ville décimer leurs troupes. Ils ne crurent pas un seul instant qu’alors, la mer était devenue le repaire des gavials et alligators. Ainsi le dernier pirate qui se trouvait en Atghalan la Perfide poussa son dernier soupir dans les eaux du marais, les crocodiles l’emportèrent dans les profondeurs, un ressac blanc surgit, le recouvrit et la bataille fut terminée.

Mais aucun chant ne fut entonné ce jour-là. Car parmi les corps innombrables, nombre d’entre eux portaient un pelage. Après que la silhouette des navires se fut évanouie dans l’horizon, les Garals durent affronter un nouvel ennemi : les prédateurs locaux qui avaient fait de la cité un lieu hostile, où survivre était une lutte constante. Cela valait déjà pour les esclaves du temps de sa gloire, c’était maintenant une chose que chaque race partagerait durant de longues années. Bien que victorieux par la terre, les Graärhs ne purent s’arrêter en chemin se durent se préparer à sortir de la cité et de ses marécages infernaux, cherchant à tâtons sur la route de cadavres les shikaaree qui étaient encore en vie. Beaucoup cherchèrent le géant opalin parmi les décombres sur les quais. L’un d’eux, un Garal du nom de Norish-kha, avait l’œil aiguisé et, cela allait de pair, un bon sens de l’observation. Il fut le premier à trouver étrange que l’eau sous les ruines d’un certain ponton remue encore même alors que les vestiges de la plateforme étaient dans un état d’immobilité latent. Il pensa d’abord avoir vu un crocodile, mais une patte immaculée au poil trempé vint lui prouver le contraire. Norish-kha poussa un court ronronnement d’appel, afin de prévenir discrètement ses compagnons de sa trouvaille. Ils durent s’y mettre à trois pour aider Asolraahn à grimper en haut. Ce dernier se redressa d’un coup. Son bâton encore à la main et le bras tremblant, il s’exprima avec une pareille discrétion :

-M’a foutu dans les crocodiles avec un geyser, le mastard ! hurla-t-il. Il a eu un sacré bol, ce bouffeur d’agrume, de prendre la galope sur sa bicoque à voile ! Sinon, je lui aurais fait toucher son fondement avec sa face et je le balançais moi-même dans les eaux ! On n’en restera pas là !

D’abord surpris, ses compagnons furent ensuite plus qu’heureux de le retrouver et lui tapotèrent l’épaule avec force et ronronnements. Leur géant était encore en vie ! Trempé jusqu’aux os, couvert de blessures, et en vie. Mais il était peu de dire qu’Asolraahn avait l’orgueil réduit en poudre et qu’il était d’humeur à massacrer des crocodiles d’ici jusqu’à la légion. Des combats, en plusieurs décennies de vies, il en avait essuyé. Guerres de tribu, escarmouches, duels et chasses avaient pris une part importante de sa vie, et sinon son esprit de famille, il s’était toujours acclimaté à cette existence. Il avait été un Naayak respecté, un Trand toujours prêt à affronter l’adversaire, ou l’adversité quand elle ne prenait pas de forme. Sous la routine des combats, la mécanique des victoires, la crainte qui le tenaillait depuis son plus jeune âge, lorsque le danger approchait, s’était à la longue estompé. Asolraahn avait bien vite, peut-être même depuis toujours, été à la hauteur de sa réputation. Il se battait, il gagnait. On le prenait par surprise, il gagnait. De jour comme de nuit, désarmé ou affaibli, il gagnait. Sur les icebergs de Paadshail, les déserts de Néthéril, sur les eaux, la mer, les forêts et le roc saillant d’une paroi de montagne, il gagnait. Contre les pirates, les vampires, humains, Fenrisúlfr et rhinocéros laineux, il gagnait. Encore et encore. Une froide routine.

Mais ici, loin de son chez lui, sur les terres marécageuses d’une île où le sable était la seule réponse du vent, ce n’était pas la victoire qui l’avait accueilli. Peut-être que demain tout le monde dans la légion ne le mesurerait pas avec la même profondeur que lui. Pour bien des Graärhs, le résultat seul comptait : Les pirates avaient été balayés de la surface de Néthéril, obligés de fuir loin de leur terre et Atghalan serait bientôt une ruine engloutie par les eaux boueuses de l’île. Mais pour lui, c’était une défaite très amère qui l’enserrait. Il avait perdu Taar’Melaah voilà des années sur son île de glace, alors que son village était attaquée par les pirates. Aujourd’hui, il venait de la perdre une seconde fois, peut-être la fois de trop. Car si elle n’avait pas été emportée par les eaux, la malédiction ou les canons, alors elle souffrait encore, loin, très loin de lui. Dans un autre cachot, un autre lieu d’immondice. Et cela lui brisait le cœur plus sûrement que si on avait cogné dessus avec un marteau.

Lorsque les Garals l’enjoignirent de partir, il refusa et se retira dans les ruines, se dirigeant vers la place centrale. Personne ne le suivit là car il fallait être pris de démence pour retourner sur les lieux où la malédiction avait commencé. Le géant opalin n’en avait cure. Il fouillait les décombres, soulevaient des morceaux de toiture qui bloquaient son passage afin d’atteindre les geôles. Parfois, des vaseux faisaient obstacles, agitant des mandibules infâmes. Asolraahn les tuait mécaniquement, sans volonté ni colère. Il n’était jamais loin de tomber lui-même. A vrai dire, cela aussi il en faisait fi. Il avait besoin de chercher, de trouver son corps ou une preuve de ses pires certitudes. Ne pas savoir était assurément plus dur à supporter que de contempler la mort elle-même. Il erra longuement sur le champ de bataille.
Très longuement.

C’est en arrivant dans une allée remplie de cages, où des monceaux de corps trônaient à en faire grincer les pontons, qu’Asolraahn entendit comme un miaulement terrorisé. Il provenait des cadavres. Le géant opalin avança silencieusement au milieu des corps, tendit le bout de son bâton et releva le buste pulvérisé d’un Graärh qui gisait dans une mare de sang. En voyant une petite tête bouger dessous, il lâcha son bâton et repoussa le corps. Une petite main surgit avec une lame. Asolraahn recula en feulant, une éraflure sanguinolente au-dessus du menton. Mais en voyant le petit graahron feuler en retour, il perdit toute agressivité. Couvert de poussière coagulée, ce dernier le regardait avec un regard sauvage et apeuré, même la silhouette familière d’un membre de son espèce ne parut pas calmer sa hargne. La lame qu’il tenait entre ses deux mains était en réalité un os fin à la pointe effilée. Il regardait le sol comme s’il pouvait s’effondrer à tout instant. Le géant opalin murmura :

-Regarde-toi. Tant de haine et de rogne. Moi qui cherchais quelqu’un là-dessous, je me retrouve avec un petit dans les pattes. (Il s’accroupit et tendit la patte) Tu ne resteras pas en vie très longtemps si tu restes ici. Encore moins si tu alertes tout le beau monde de ta présence.

Le graahron continuait de regarder le sol. Il miaulait à nouveau maintenant et nul doute que les vaseux allaient bientôt revenir. Cette fois, Asolraahn s’approcha plus vite et le prit entre ses deux pattes. Le petit se débattit un instant, mais en perdant sa lame dans le processus. Au bout d’un moment, il cessa de gigoter non sans pousser un dernier miaulement déchirant. La lumière blafarde de la lune le révéla avec sa maigreur et nombres de sévices. Elle révéla son habit trempé en haillon et son bras gauche d’où pendait un bracelet. Un bracelet avec un croc blanc. Le géant opalin ouvrit la bouche et eut un feulement de surprise. Il toucha le bracelet, vérifia que la longueur et la forme du croc correspondaient bien à celui d’un loup :

-Qui t’a donné ça ?! Qui ?

Il n’y eut pas de réponses. L’objet en cuir luisait comme s’il s’agissait d’un fantôme. C’était son bracelet, celui qu’il lui avait donné lorsqu’elle avait réussi à grimper sur l’iceberg qui pointait non loin de leur village. Il se souvint de son regard lorsqu’elle était rentrée couvert de triomphe, de sa joie et de sa fierté. Sa main trembla et le graahron lui parut soudain lourd. Si lourd :

-T’en fais pas. Ca n’a pas d’importance. L’important c’est que tu sois là.

Un silence encore. Il leva la tête vers le ciel grisâtre. Il se demanda si les Esprits-liés le regardaient du haut de leur trône céleste. Au loin, le claquement sinistre des vaseux sonnait de façon discordante. Il se rapprochait dangereusement. Le géant opalin poussa un long soupir et ses yeux se posèrent à nouveau sur le petit. Lui aussi le regardait, en silence, l’air affreusement résigné. Leurs regards se croisèrent et Asolraahn frissonna en voyant l’iris ambré terriblement familière du graahron :

-Est-ce que tu as un nom, petit ?... Mmh, ouais. Pas très bavard, hein ? Ca me va. Que dirais-tu d’être installé près d’un feu avec le ventre bien rempli ? Ca te plairait ? (Le pelage du petit se gonfla soudainement) Oui je crois que ça va te plaire. Et nous aurons alors tout le loisir, si tu le souhaites, de te trouver un nom.

Il permit au graahron de s’installer plus confortablement au creux de son bras, récupéra son bâton couvert de sang. Alors il tourna le dos aux morts et partit.

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La pierre de Terre brillait dans son délicat carcan protecteur, illuminant Yessodin à sa main gauche alors que l’immaculé se tenait perché sur son pilier comme si de rien n’était, observant l’agitation sur les planches de bois qui cédaient, élégante silhouette gainée de la nuit d’un pelage factice. Leur prise s'échappait, tant pis. La journée était leur quoi qu’il en soit. Le crépuscule carmin couronnait la gloire cruelle de leur plan tandis que la pluie à présent clairsemée nourrissait le sol fertile du sang graärh. Le Père huma l’air sans hâte, laissant à ses hommes le temps de rejoindre le Maelström tandis qu’il observait les natifs encore en vie sur les restes de ponton, comme un oiseau de proie, vautour éhonté. Il était encore là, comme le symbole même que pour tous leurs efforts, leurs sacrifices, leurs rugissements et leurs menaces, il ne partait que de son plein gré, en leur tournant lentement le dos avant de se téléporter. Il avait encore un message à faire passer, sa volonté se mettant en marche en l’instant même, loin de l’autre côté de la ville.

Ses pieds touchèrent le sol du Maelström un instant plus tard et il profita de la présence d’un mage de métier parmis l’équipage de son père pour demander qu’on lui retira ce ridicule accoutrement de natif. Cette fourrure barbare lui déplaisait souverainement et ne convenait pas à son être profond. La gueule de la baleine tonnait, détruisant la ville tandis que son propre bâtiment prenait lentement le large, sans pour autant s’éloigner plus que ce que la sécurité nécessitait. Ils attendaient et à raison. Et le temps s’égrenait à peine qu’il obtenait, dans un bruissement feutré d’ailes nocturnes, la confirmation tant attendue. La matriarche de la Légion avait reçu le don qu’il avait offert. Ses yeux de gemmes sombres observèrent un instant la silhouette du graärh à son côté, preuve parfaite que le message de la secte ne connaissait aucune réelle frontière. D’un hochement de tête, il confirma son acceptation, indiquant par le même mouvement que son disciple était à présent baptisé dans leurs rites, âref  de plein droit, son père le reconnaissait malgré sa difformité de naissance.

Que la Reine Vierge débute le rituel

Il laissa la chouette transmettre son ordre et rejoignit, lui-même, son bâtiment tandis que le Maelström s’éloignait. Ceux des hommes de son père qui adhérait à leur foi suivraient le sacrement à distance. Ils avaient un devoir envers le Roi des Océans. Lorsqu’il posa le pied sur la Reine, l’équipage avait débuté leurs chants. Il ne perdit pas de temps à inspecter la liturgie car il la savait parfaite, les hommes ayant l’honneur de servir sur son bâtiment étaient des tueurs saints ayant reçu les plus hautes bénédictions. Son attention se tourna entièrement sur Athgalan, encore parfaitement visible. De sous son masque, son visage aux traits sculptés restait froid et grave, par respect pour cet instant hautement sacré.

En ce jour saint, fête de Vie et Mort, nous, humbles servants, avons officiés afin d’honorer le présent des nos Déesses protectrices et de leur créateur, Origine tout-puissant. Notre sang s’est mêlé à celui des adversaires que les Déesses, dans leur générosité, ont inspiré d’une passion belliciste à notre égard. Ne retenez nul mépris pour ces natifs tombés dans le berceau de notre glorieuse destinée, laissez la piété filiale laver nos rivalités  envers eux car nous sommes frères au devant de la porte de Mort. Nos âmes proviennent d’un même berceau et elles retournent au même berceau. Honorez leur départ de vos existences mortelles, que chaque grärh tombé en cette journée vous inspire dans votre service du cycle éternel. Glorifiez-les par vos actes, par le sommeil que vous apporterez, remerciez-les de vous permettre de poursuivre votre oeuvre en ce monde. Chaque âme renvoyée au berceau primordial sera veillée par Origine jusqu’à sa nouvelle incarnation en un pas supplémentaire vers la perfection et l’ataraxie. Elevez à présent vos prières vers les cieux, sans jamais souiller les réceptacles disparus de votre création sainte. Ouvrez grand les yeux. Cette terre autrefois limon de vices a été purifiée et glorifiée en ce jour par vos actes et ce de nos saints adversaires. Et pour célébrer la gloire du cycle en une année supplémentaire, pour célébrer la libération de la Kamda par nos lames saintes, les Déesses m’ont fait don d’un miracle. Voyez

Il éleva sa main droite, portant Hayah, incarnation de l’être et la pierre de Végétale se mit à briller. Les ruines humides de la ville commencèrent lentement à se couvrir de végétation. La luxuriance vint progressivement, lui demandant beaucoup de son énergie, fort heureusement suplée par son usage pragmatique de la trame au travers d’une ancre extérieure. Les bâtiments se couvrir de mousse, de lichens, de champignons. Des arbres percèrent du sol sans égards pour ceux des natifs qui erraient encore dans ce décor en pleine mutation. Les corps furent un terreau fertile, l’ombrage des palétuviers offraient des cachettes aux prédateurs, magiques et non magiques tandis que la flore croissait toujours davantage jusqu’à devenir, au coeur de la ville, une jungle luxuriante.

Accueillez Sa’Hila, Kamda de Néthéril ainsi que ses guerriers comme sainte martyr des halls glorieux de Mort. Guidée par les Déesses, elle offrit le sang des siens pour sacraliser la terre d’Athgalan. Chaque tige, chaque feuille, est un don pour ces âmes offertes et celle qui guida le bras du Destin. Que son nom secret comme apôtre des Déesses soit révélé pour l’épreuve qu’elle imposa selon la volonté de nos protectrices célestes. Qu’Origine et son avatar sur terre soient témoins de nos louanges pour Aya’Khela

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Bravo à tous pour cette intrigue !

Voici les dés de récompense :


- Nathaniel : Glyphe, bonus ou effet d'alliage unique
- Teotl : Sort unique
- Sa'Hila : Gemme de Sang
- Leksa : Cristal de Magie
- Asolraahn : Rabais de 400PO

Vous pouvez ajouter vos récompenses à vos inventaires Wink


Dernière édition par Le conteur le Mer 12 Fév 2020 - 12:45, édité 2 fois

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