26 Octobre 1763
Vat'Aan'Ruda
La légion goûtait à un silence de mort. La lune dominait au-dessus de Vat'Aan'Ruda telle la lame d’une faux et le camp était éclairé par ses rayons d’argent. Asolraahn observait placidement les légions de Graärhs en contrebas. Ils étaient des milliers, mus par la volonté de libérer leurs frères et sœurs du joug d'Athgalan la perfide. Demain, ils se lanceraient à l’assaut des marécages et de l’anse boueuse de la cité pirate. Des cris de morts et de guerre résonneraient entre ses murs et le sang napperait la terre d’une couleur pourpre. Le géant opalin scruta les terres au loin, menant vers le canyon. L’espace d’un instant, il demeura parfaitement immobile, figé en une statue de granit blanc au milieu des arbres de la savane. Le vent des îles souffla sur son pelage, amoncelant des nuages lourds d’orage. Il reprit instantanément vie. Il se retourna, s’assit en posant son bâton au creux du tronc d’un baobab. Il prit une besace qu’il portait au côté et épousseta le sable qui s’y était déposée. Il farfouilla ensuite à l’intérieur et récupéra la breloque qu’il tint serré dans le creux de sa main, un petit globe potelé en bois de frêne, typique de sa terre natale. Il le secoua et la musique d’un son percussif, chaotique, s’empara de ses oreilles. Asolraahn ferma les yeux. Il s’agissait d’un objet pourvu de grands pouvoirs et d’un puissant enchantement : Il avait le don de le détendre. Dans ce lieu brûlant, précipitation et excitation revenait à un arrêt de mort. Pourtant, bien des raisons l’amenaient à de tels tourments.
Il pensait au voyage vers l’Ouest, aux périls que la fureur de deux peuples voués à la guerre allait provoquer. Il pensa aussi à son propre voyage, à la quête qui l’avait poussé à venir sur ces terres serties par le calme. Sa fille Taar’Melaah était toujours aux mains des pirates. Bientôt, si les Esprits le voulaient, il la retrouverait et la libérerait de leurs chaînes. Enfin, après des années passées à la chercher jusqu’aux confins du monde, il était proche d’atteindre son but. Pourtant, jamais dans sa vie le géant opalin n’avait autant craint de réussir ; Car s’il approchait du repaire de ses ravisseurs, il était incapable toutefois de savoir ce qu’il allait y trouver : De la joie ou les déboires et le chagrin ? Il savait les écumeurs des mers impitoyables, cruels et pervers. Sa fille était-elle seulement encore en vie pour justifier la valeur de son périple ? Le géant opalin imagina son cadavre écharpée et en sang, tordue par la douleur. Il frissonna. Si les pirates lui ont fait quelque chose, songea-t-il, je leur arrache les boyaux pour les étrangler avec.
Les pirates… Leur vilénie n’avait d’égale que le sang qu’il laissait derrière eux, ainsi que les foyers en flammes qu’ils conduisaient à la ruine. Asolraahn en avait été témoin. Il revit son village, aujourd’hui un hameau de cendre qui avait fait basculer sa vie. Il avait perdu son titre, son rang, quitté son ancienne existence pour rejoindre une voie à l’issue incertaine. Et maintenant ? Il allait devoir retrouver sa fille dans la cité des perfides, dans ses décombres fumants s’il le fallait ! Une grande bataille allait avoir lieu, une bataille terrible qui condamnerait à coup sûr des milliers de vies. Les Garal étaient forts, mais l’ennemi qu’ils allaient affronter ne l’était pas moins. Le géant opalin avait confiance dans ses shikaaree, et dans tous les guerriers qu’il avait entraînés. Il les savait déterminés, braves et intrépides. Mais il savait aussi que certains d’entre eux ne reviendraient pas des marécages.
Il cessa d’agiter sa breloque et le son mat disparut dans le murmure du vent. Il se releva et alla récupérer son bâton. Un bruit dans les frondaisons attira son attention. Asolraahn releva son arme et la pointa directement sur la forme noire qui venait de surgir devant lui. Mais il arrêta son geste au dernier moment. C’était un graahron qui se tenait au-dessus de lui. Le petit semblait être venu pour la même chose que lui, sur cet arbre surplombant la légion. Le géant opalin émit un doux ronronnement, tendit son bras. L’instant d’après, la petite boule de poil parvint sur ses épaules puis descendit le long de son pelage avant de toucher le sol d’un saut agile. Il se retourna :
-Qu’est-ce qu’il a, ton œil ? demanda-t-il d’une voix aigue, aucune peur pourtant ne se décelant dans ses yeux.
Les coussinets du géant opalin s’étirèrent dans un sourire :
-Un vampire m’a marqué pour me signifier un pacte d’amitié éternel. -Ca a dû être très douloureux. -Bien sûr ! Aussi douloureux que les coups de bâton que je lui ai envoyé après ça. -J’en ai jamais vu, mais mon père, il en a tué des centaines. Il dit qu’il ne faut surtout pas s’en approcher. -Un Graärh avisé, ton père. Où est-il ? -Il part sauver mon frère et ma sœur à l’Ouest. -Je vois. -Il dit que je dois rester ici, que ma place est avec les autres graahrons afin que je devienne fort et que mon peuple prospère à travers moi. Mais pourquoi ne puis-je pas partir avec lui ? Je pourrais aider. -Ton père parle sagement, petit. (Il mit un pied en terre et posa une patte sur sa petite épaule)
Ecoute-moi. Rentre chez toi et aide les tiens à la tâche. Prépare le ragoût, bâtis des wigwams et continue à te battre chaque jour. -Mais je veux aller avec lui. -Là où il se rend, tu ne peux le suivre. Aide-le en tenant ta promesse, en grandissant et en devenant un Graärh fort. Penses-tu pouvoir le faire ? -Je crois oui. -Bien. Maintenant, rentre à la maison. Allez, plus vite que ça ! Asolraahn vit le graahron détaler comme un lièvre et disparaître dans les ombres de la savane. Bon garçon, pensa-t-il. Il revint près de l’arbre à son côté. Il toucha le tronc, d’abord du bout des doigts puis de la patte. Il ressentit la vie qui en émanait et ronronna :
« Toi au moins, tu n’as pas de doutes, ni de soucis, ni de remords. La mort pourrait frapper que même tes feuilles n’en trembleraient pas. Comme je t’envie, parfois. Puisses-tu garder ces terres pendant notre absence. »
Le géant opalin descendit rejoindre les siens.
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15 Décembre 1763
Ils se dirigèrent vers l’Ouest, au-delà de la savane et de ses adansonias, au-delà du désert. Ils franchirent le canyon par le Nord, où même les Graärhs les plus impétueux n’osaient s’aventurer seuls. Le voyage fut long, le chemin pas toujours tracé. L’impatience latente qui prenait les shikaaree à chaque heure était plus perceptible que la chaleur et le sable. Combien de temps encore cette marche allait-elle durer ? Combien de temps encore avant de percer l’abcès purulent qui s’était emparé de Néthéril ? C’était cette idée qui maintenait la force des Graärhs.
Mais lorsqu’elle arriva dans les marécages d’Athvamy, la légion n’eut plus à chercher son chemin. La direction n’eut plus réellement d’importance. Les Graärhs s’étaient mis à avancer en silence, trempés, transis. Les yeux emplis de chagrin et de haine, ils observèrent le sentier tracé par les pirates, balisé par de grandes grues vêtues de noir qui grinçaient à cause du bois pourri.
Et sous le poids des corps.
Au beau milieu de ce tableau infernal, massé avec la tribu qu’il accompagnait, Asolraahn s’arrêta. De la grue pendait des cadavres de Graärhs, la tête en bas, figés dans des expressions de profonde horreur quand la chair n’avait pas encore été dévorée par les charognards du marais. Du sang s’échappait encore de leurs blessures, coulant le long de leur dépouille massacrée, se coagulant par plaques sur leur pelage.
La haine du géant opalin pour les pirates n’en fut que décuplée et son regard avait de quoi faire pâlir. Il vit un jeune guerrier agenouillé dans la boue, ronronnant de douleur. Il le rejoignit et le releva en posant son front contre le sien :
-Il n’y a plus rien à pleurer, frère. Ce n’est plus que de la chair morte et leurs âmes ont rejoint leur Esprit-Lié. Être dévoré par le chagrin salirait la détermination avec laquelle ils ont affronté leur destin. (Il le fixa ensuite droit dans les yeux)
Lorsque tout sera terminé, nous reviendrons brûler les morts et nous ferons leur deuil comme il se doit. Le shikaaree resta impassible l’espace d’un instant, puis acquiesça sans mot dire, en prenant une lourde inspiration. Tout à coup, la voix de la Kamda Aaleeshaan résonna à l’intérieur de leur conscience. Le géant opalin écouta et son cœur gronda d’une détermination nouvelle. Autour de lui, les Graärhs ronronnèrent d’assentiment, la poigne avec laquelle ils tenaient leurs épées se serra de colère. Un nouveau souffle avait pris la légion, un souffle vengeur et animé par la force des Esprits-liés. Par la suite, ils suivirent le chemin des grues, découvrirent d’autres scènes macabres, mais ils ne détournèrent plus le regard, et repoussèrent le chagrin hors de leur conscience.
La légion reprit sa route de plus belle.
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31 Décembre 1763
Le géant opalin s’arrêta en posant son bâton dans la terre boueuse. Il plia et déplia ses bras et ses jambes afin de les étirer en un seul mouvement, puis remit en place d’un grand geste de la patte son éparse crinière blanche. Derrière lui, les Graärhs d’une tribu le suivaient deux pas derrière, attendant ses ordres. Comme lui, ils portaient un plastron bordé de cuir et des casques recouvert de peau, dont les protections pour les oreilles, en forme de larmes, descendaient jusqu’au menton. Les Graärhs étaient excités, mais plus que tout, ils désiraient de tout cœur punir les orgueilleux pirates.
Asolraahn raffermit la prise sur son bâton. Son poing au long pelage vibra tout autour, trahissant une froide colère mêlée à de l’excitation. Enfin, il était arrivé au terme de son voyage. Car face à la légion, surgissant des ombres, perclus dans sa fourberie, se tenait Athgalan, une anse boueuse, malodorante, et le gîte de la confrérie des pirates. Là-bas, une vie n’avait pas de valeur et il n’y avait ni lois ni règles. Il n’y avait que la violence, et ceux qui étaient suffisamment viles pour s’en servir. Tout était permis, rien n’était interdit. Tant mieux, songea le géant opalin avec un regard mauvais. Les Graärhs de la tribu qu’il accompagnait attendaient le commandement de Danse-Fauve. Ils avaient le même regard. Féroce. Intrépide. Vengeur.
La voix de Bhediyon-ke-saathi survint de nouveau, emportant Vat'Aan'Ruda dans la fièvre de la guerre. Du ciel sombre et voilé d’un rideau de plomb tomba une averse d’une violence phénoménale. Asolraahn poussa un long feulement féroce, brandit son bâton et chargea la cité. Il entendit à peine les tambours de guerre derrière lui, ainsi que le grondement des cors et des olifants, car la légion chargea avec une telle furie que le vacarme se répercuta sur plusieurs lieues à la ronde. Elle s’enfonça sur la porte comme l’eau sur un récif. Asolraahn feula de nouveau et huit Graärhs portant un gigantesque tronc taillé pour devenir un bélier de plusieurs tonnes séparèrent la légion en deux, et vinrent écraser ce dernier sur la porte dans un bruit de tonnerre. Ils répétèrent le mouvement trois fois. La porte trembla et des fissures jaillirent. Un nouveau coup. Cette fois, les battants s’effondrèrent et la porte se brisa.
La légion déferla à l’entrée de la ville et le géant opalin arriva sur des plateformes en bois reposant sur des pilotis. Plus loin, il en vit d’autres s’étendant dans toute la ville, soutenant les bâtiments dans un archipel tentaculaire. Il n’y avait pas de fortification et nul homme ne les attendait.
Excepté un. Leur roi, si un tel titre pouvait être porté par quelqu’un parmi des voleurs et gredins insidieux. Une volée de flèches eut raison de ses provocations et le géant opalin vit la silhouette en recevoir une dans le genou. Asolraahn se pourlécha les babines. Il se demandait s’il pouvait être assez rapide pour le retrouver dans ces sombres ruelles. Il se demandait aussi quel bruit ferait ses os s’il les brisait un à un. La voix d’un Graärh sur sa gauche rugit à travers le chaos :
-Faites taire vos pas ! Les ponts sont piégés ! Il fixa avec empressement les spirites du Fourmillon, puis se détourna pour regarder la ville, ses chemins de cordes, ses passerelles et ses pontons. Il y en avait tant ! Il serra ses longs crocs. Que pouvait-il faire ? Attendre ici que chaque chemin soit sûr et avancer à tâtons entre les plateformes ? Impossible ! Les pirates seraient partis bien avant que la moitié de la ville n’ait été libéré. Mais alors comment passer outre ? Asolraahn examina les alentours, mais fut interrompu par un cri à glacer le sang : un son surnaturel, perçant et macabre qui fit se dresser le pelage de chaque Graärh autour de lui. Les lanternes qui luisaient sur les piliers de bois tremblèrent, certaines se brisèrent sous la force du son. La légion manqua un battement de cœur, tandis que le grognement désespéré retentit à nouveau. Le géant opalin écarquilla les yeux et agrippa sa poitrine de la patte. Dans la pluie torrentielle, la voix lui parut horriblement familière. Sa gueule s’ouvrit et se referma sans dire un mot avant qu’un hurlement terrible ne s’en échappe. C’était un graahron que l’on mutilait là-bas. Etait-ce elle ? Etait-ce sa graahron ? Sa Taar’Melaah ? Le géant opalin n’osait pas y penser. Les cris continuaient sans s’arrêter, ne semblaient plus avoir de fin. La pluie battait encore. Le tonnerre gronda. Ou était-ce encore un autre hurlement sauvage ?
Asolraahn se retourna vers sa troupe et ordonna furieusement :
-Faites venir les spirites du léopard des neiges ici, et vite ! Ces sales fripons des mers veulent qu’on avance dans leur trou à rat ? Ca me va ! On va avancer à notre manière et construire notre propre chemin là où il le faut, en important un petit élément de mon patelin. (Sa voix se durcit encore)
On va geler la boue pour faire de petits chemins de terre et traverser leur bourbier ! Je veux deux chemins de glace par plateforme, et le moins large possible. C’est sur la longueur qu’on veut avancer. On ira en rangs serrés jusqu’au centre de cette abomination ! Et si vous n’avez plus d’énergie, pulvérisez-moi leurs baraquements, balancer des troncs d’arbres s’il le faut ou tout ce qui vous passe par la tête pour nous frayer un passage ! -Ce sera toujours moins laid que leur pont, plaisanta quelqu’un.
De petits ronronnements s’emballèrent dans la tribu. Asolraahn hocha la tête :
-Bon raisonnement ! –Et que fait-on pour le roi des pirates ? Il est juste là, patientant, à nous narguer. –Ce bouffeur d’agrumes est blessé et aura du mal à nous distancer dans sa ville-morte. C’est notre chance ! Il sait sûrement où se trouvent nos petits. Il faut le capturer, lui ou un de ses sous-fifres pour lui faire cracher le morceau. (Il montra la ville de son bâton)
Parce que là-bas, des graahrons sont en train d’être emmenés à l’abattoir. Nos graahrons. (Des têtes se baissèrent mollement)
Eux m’importent plus que tout. Il faut les retrouver et les libérer, dussions-nous faire s’effondrer toute la ville. Le reste ne vaut pas un pet de chibi pour moi. Allons-y ! Certains chefs de tribus se massèrent étroitement autour du géant opalin tandis que celui-ci exposait à nouveau son plan d’action prévu. Chaque tribu se vit attribuer une cible spécifique et prit connaissance du chemin le plus rapide. Asolraahn leur conseilla d’avancer sur les petites plateformes car si elles n’étaient pas sans risque, il était certain que les plus grandes étaient mortellement piégées. Quelques minutes plus tard, le branle-bas de combat reprit et les Léopards des neiges se mirent à l’œuvre. Un sifflement s’échappa de la boue et de l’eau de mer, et de petits cristaux de glace commencèrent à se former. Le givre s’empara alors totalement de la matière visqueuse, devenant dure comme de la pierre. Les spirites tâtèrent de leurs armes, testant la solidité de leur création. Puis ils firent signe en direction des troupes, et les tribus se déployèrent, avançant avec prudence sur le verglas glissant.
Arrivant sur l’une des plateformes où le terrain se révélait traître, Asolraahn avisa froidement un bâtiment soutenu par un vieux palétuvier tordu. Le géant opalin s’en approcha, toucha l’arbre centenaire de Tarama Tish, son bâton en bois de Keet-Tiamat, et implora l’aide de l’arbre. Au-dessus de lui, le bâtiment trembla. Sa structure se disloqua soudainement et dans un grand bruit, les racines de l’arbre prirent vie et jaillirent du sol. Elles s’enlacèrent en de fines lianes noires et agrippèrent la plateforme la plus lointaine.
Les colonnes de shikaaree se formèrent dans le repère des pirates, s’enfonçant dans l’anse. L’orage approchait, des éclairs zébraient l’horizon. En tête, Asolraahn avança en rugissant de colère.
Spoiler :
Après son voyage depuis Nyn-Tiamat, Asolraahn a pu rencontrer le peuple meurtri de Néthéril. Les graärh d'ici ont lourdement souffert de l'incolence et de la brutalité des pirates, tout comme la famille du Géant Opalin. Ce dernier, placé sous les ordres de la Kamda Aaleeshaan Sa'Hila, voit son heure de vengeance arriver. Peut-être retrouvera-t-il sa fille, ou au moins des indices le conduisant à elle... Ou peut-être que le destin sera assez cruel pour lui offrir la dépouille de Taar’Melaah ?
Cela fait deux mois maintenant qu'Asolraahn quitté Vat’Aan'Ruda marchant sur Atghalan, passant au nord du canyon dans lequel personne n'ose mettre les pieds. Le trajet a été rude. La savane, connue par son peuple, est restée assez clémente mais les marais, eux, ont été un vrai calvaire. La marche des graärh a été ralentie par la faune et la flore, ainsi que par les sols vaseux et les vivres transportées. Les cadavres crucifiés de graärh jalonnant les marais pour montrer la voie ont entamé la volonté des troupes, mais la hargne reste présente. Le discours de la Kamda remotive l'armée, plaçant en eux une rage vengeresse.
Très vite, en se saisissant d'un tronc, les troupes enfoncent la porte des monstres, ouvrant sur la première plateforme sur pilotis : enfin de la terre ferme... Ou presque : Asolraahn doit être sur ses gardes car il a appris plusieurs choses sur cette cité et ces foutus pirates (cf directives secrètes).
La voix de Nathaniel Earendil retentit, le Roi de Confrérie en personne, présent pour pour leur souhaiter la bienvenue ! Son culot le perdra : si Asolraahn parvenait à mettre la main dessus, il pourrait peut-être lui sortir les vers du nez au sujet de sa fille... Ou sur un moyen de savoir où elle se trouve. Il est là, comme pour les narguer, à seulement trois petites plateformes de l'entrée. C'est tentant, non ? Trop tentant pour ne pas être un piège, n'est-ce pas ? Ou peut-être que Nathaniel espère que les graärh qu'il s'agit d'un piège pour être en sécurité ? Piège... Ou pas piège ?
La pluie de flèches s’abat sur les alentours déjà humidifiés par une forte mousson. Le Gredin est touché par l'une d'entre elle, au niveau de l'épaule. Bien fait pour cet insolent ! Mais ça ne sera pas assez. Pendant ce temps Sa'Hila réclame aux spirites du fourmilion de désamorcer les pièges... Mais cela risque d'être long et du temps, c'est ce que les pirates essaient de gagner. Il serait malvenu de leur en donner. Les spirites du fourmilion annoncent que les ponts sont viciés et qu'il va être compliqué de les réparer sans tomber dans le piège. Asolraahn cherche une solution pour passer, en a-t-il une ?
La porte des monstres est faite de longs rondins de bois verticaux. En utilisant les composants de ce barrage, ils pourraient faire d'autres ponts, cette fois, solides ? Avec des spirites du léopard des neiges, la boue du marécage pourrait être glacée et devenir praticable ? Mais avec la mousson qui tombait, tout ceci pourrait être glissant... A-t-on le temps d'y penser ? Un cri de graähonne retendit, juvénile, plein de douleur, amplifié. On dirait qu'on dépèce la petite que nul ne voit mais que tout le monde entend. Dans sa peur paternelle, Asolraahn entend sa fille hurler son agonie... Est-ce réel ou le fruit de son imagination terrorisée ? Le Géant Opalin a-t-il une idée pour avancer ? La soumet-il à Sa'Hila ou prend t-il les devants, pour ne pas perdre de temps, en donnant des consignes aux graärh ?