A l'eau ? Mais pourquoi à l'eau ? Respireraient-ils mieux sous l'eau ? La logique échappa à Valmys. En revanche, la panique était communicative, et son esprit ne tarda pas à ressembler à un tourbillon de pensées qui voulaient chacune avoir le dessus. Il voulait protéger les siens, il voulait se protéger, il voulait comprendre pourquoi l'eau. Ce dernier point maintint sa forme interrogative, alors que quelques hommes suivaient les consignes de Dame Thaidforoden, et que d'autres, comme la Cawr qu'il suivait, restaient sur les barques. Le second point fut résolu rapidement, de doigts autour de ses narines autant pour empêcher l'air de passer que pour user de ce sort qui aidait à tenir son souffle. Jamais, en vingt ans, il n'avait eu à affronter telle situation: la solution du premier point peina à se trouver. Il y réfléchissait encore quand le monde commença à lui paraitre plus lointain. Il y avait des chants, des couleurs floues. Délirait-il ? Que devait-il faire ? Il lui vint automatiquement à l'idée que c'était là une réaction normale de la forêt, face à ceux qui l'avaient déjà molestée. Le papa-à-plantes en Valmys lui murmura que cette forêt avait besoin d'un gros câlin, et d'être rassurée.
La voix mentale de Firindal résonna trop clairement pour que tout soit un délire. Valmys eut une grimace, peu certain que des menaces seraient vraiment en faveur sur le long terme. Peut-être pourrait-il tenter de prendre un instant seul à seul avec la forêt, après tout cela. C'était risqué... Et sans doute moins efficace que si c'était un dragon qui s'en chargeait. Mais il n'allait tout de même pas laisser une forêt entière bouder son peuple, alors qu'ils vivaient côte à côte ! Du coin de l'oeil, il perçut des mouvements, entendit des inspirations. Visiblement l'autorisation était donnée de respirer à nouveau. L'Enwr le fit, prudemment, avec un regard inquiet autour de lui. Il n'était qu'une tête parmi les diverses identités qui traversaient ce fleuve, et ne pourrait être épargné. Néanmoins, il pouvait penser ses excuses, et les ressentir. De ses perceptions il ne distingua rien de plus que les plantes qui s'écartaient à nouveau pour eux. Lui aussi n'était pas confiant, et son coeur faisait du bruit dans sa poitrine.
Le chemin reprit, plus paisible. Valmys se montra plus discret encore qu'à son habitude, enfoncé dans la barque, se permettant de sortir brièvement son carnet pour y griffonner quelques notes sur l'altercation, avant de soigneusement l'enfoncer à nouveau dans sa besace. Aramis était trop loin et trop préoccupée pour qu'il la questionna sur d'éventuelles informations que ses perceptions particulières auraient pu apporter ses sens baptistraux. C'était dommage, mais c'était également un des enjeux de l'existence que ces risques. L'apprenti acheva cette partie du trajet en économisant ses forces.
Le voyage pouvait presque paraitre enchanteur, la forêt calmée. Si l'on oubliait qu'elle était vivante et grouillante de danger, ce pouvait être un agréable lui de balade. Le nez en l'air, Valmys profita des diverses odeurs de fleurs, des jeux d'ombres et de lumière des feuillages et des mouvements de l'eau. Du vert, du turquoise, de beaux éclats dorés. De l'impression que chaque végétal portait des yeux qui les jaugeaient. Le fond de l'eau fut bientôt de plus en plus visible, avec ses pierres, sa faune et sa flore. L'apprenti, qui n'était jamais plus qu'un grand enfant, se pencha sur le bord de la barque pour mieux admirer tout cela.
Il cessa, et se montra le plus arrangeant possible, lorsqu'il fallut débarquer. S'installant dans un coin, il reprit aussitôt son office, prenant le plus de notes graphiques possibles sur ce qu'il voyait, et les différences qu'il constatait.
Au milieu d'un bassin d'eau très peu profonde, baigné de végétation et de soleil, les pierres se dressaient, des ruines abîmées, couvertes d'humidité, potentiellement de symboles que la mousse rongeait. Plissant le nez, comme si une odeur le troublait, le scribe chercha le sens en lui qui portait ces questionnements. Magie. L'endroit pulsait toujours autant de magie. Mais il y avait autre chose aussi. De la betterave ? ...Mais, absolument pas ! Déjà, la betterave ne touchait pas les mêmes sens que la magie. Nan, là c'était quelque chose dans l'air, comme une seconde trame, en plus pesant. Entre ceci, et l'impression que la forêt entière les observait, l'ambiance qui berçait le temple était lourde, comme des menaces. Ils n'étaient pas les bienvenus, ici.
Valmys considéra sérieusement l'option de s'arrêter et rebrousser chemin. Après tout, quel meilleur piège pouvait trouver la forêt que celui de les enfermer dans de la pierre ? Etrangement, le reste des troupes, qui avait pris la peinede venir jusqu'ici, paraissait prêt à continuer. L'Enwr avait l'impression que, s'il rebroussait chemin, il ne serait écouté. Un doux chant émana de sa gorge, tandis qu'il se dirigeait vers Aramis, pour marcher sur ses talons. Rien de magique, qu'une intention qu'il souhaitait partager avec qui voulait l'entendre: la volonté d'être pardonné, et de sceller une amitié.
Il avait songé à d'abord explorer l'extérieur du sanctuaire avec la Cawr, afin d'en tirer le plus d'informations possibles. De la démarche volontaire de la baptistrelle, il déduisit qu'elle partait plutôt vers les lieux qu'il lui avait contés, et indiqua donc les premières directions à prendre, selon ses souvenirs, usant de télékinésie pour activer le graphite contre le vélin. Les symboles, la configuration des lieux, des notes hâtives, qui suivaient leur rythme, et le rythme qui battait entre les côtes de l'apprenti. Il était impatient, et, il devait l'admettre, un peu craintif. Sa propre magie pulsait en lui dans un réflexe étrange, celui de se charger, pour être prête à le défendre. Sur le ton de la confidence, il demanda à mi-voix, à Aramis:
"- Tout va bien ? ...Entendez-vous quelque chose en particulier ?"C'était autant pour ses notes que pour se rassurer, lui. Il n'était pas question des sons normaux, bien sûr. Le timbre de voix, calme mais tendu, de l'apprenti, devait pouvoir éclairer la Cawr aussi clairement qu'un chant-nom sur la véracité de la crainte dont il allait lui faire part.
"- J'ai la sensation que ces lieux nous sont hostiles. Pensez-vous pouvoir chanter, pour leur signifier nos voeux paix ?"Ou en tout cas, ses voeux de paix. Et si tout cela était dans sa tête, tant pis, Valmys aurait l'air stupide. Ce ne serait certainement pas la première fois que cela lui arrivait, et certainement pas la dernière. En attendant, il avait besoin, lui, d'une voix réconfortante, en laquelle il avait confiance.
Ayant obtenu sa réponse, le petit immaculé trottina vers Hartea. Avec un sourire qui se voulait aussi aimable que poli, il présenta son carnet, où se dessinait la première ébauche de ce qu'il savait sur l'agencement des lieux.
"- Excusez-moi de vous déranger, je voulais vous proposer quelque chose..." Ses doigts passèrent par-dessus des chemins.
"Nous entrons par ici. Selon mes souvenirs, les chemins bifurquent à cet endroit. Nous étions passé par ici, et la salle dans laquelle je me souviens que nous ayons libéré les eaux était cette dernière." Voyait-elle où il souhaitait en venir ?
"Peut-être pourrions-nous... Former des groupes ? Afin que tout soit visité ? Sans quoi, il me semble que passer par l'endroit où nous aurions déversé les eaux pourrait être une bonne piste pour remonter cette dernière, et nous guider jusqu'à la source. Qu'en dites-vous ?"Valmys ne pouvait diriger les troupes, mais il pouvait les aider à prendre les décisions qui leur semblaient juste. Lui, il avait l'habitude des expéditions menées à deux personnes. Dans ces cas, la prise de décisions avait une toute autre allure, et d'autres implications.
Pour sa part, il savait déjà où il allait aller, que le groupe soit divisé ou non. Il ne pouvait jouer les liens entre un groupe et un autre, n'étant pas maître, et avait tout intérêt à rester auprès de la Cawr qu'il accompagnait. Et tous les deux avaient davantage intérêt à aller par là, vers cette salle que lui connaissait, et dont l'apparence devait bien avoir changé.
Les nerfs de Valmys le tenaient mieux encore debout que ses muscles. En prenant naïvement la tête pour faire le guide, il soulageait une part de l'énergie de ses inquiétudes, une part de sa hâte de revenir, et entendre la baptistrelle disserter sur la nature de ce qui vivait là. Sa magie était toujours contenue, mais prête à dresser quelque bouclier entre lui et ceux qui l'accompagnait. Un chant, toujours le même, sans magie, émanait de sa gorge. Il s'en servait pour se rassurer un peu, mais également signifier à ses craintes que ce n'étaient pas des intrus qui venaient là, mais des visiteurs. Son regard passait frénétiquement autour de lui. Il se souvenait très bien avoir, ici, vu une ombre se mouvoir.
Se retournant brièvement, il demanda à ceux qui avançaient derrière lui de ne pas s'inquiéter, et lui faire confiance. Il pressa le pas jusqu'à les distancer, afin de pouvoir entrer en premier dans la salle. Il voulait dire quelque chose, et préférait le faire seul, au cas où. Son pas se ralentit juste avant de pénétrer en ces lieux qu'il savait être les bons. Là, il reprit à nouveau ce chant sans paroles qui voulait porter des intonations amicales. Si nulle ombre ne venait lui indiquer de reculer, il ferait signe aux autres qu'ils pouvaient, eux aussi, entrer.
Spoiler :
Après avoir fait fuir les gardiens de la frontière du cratère en les empêchant d’accomplir leur mission, ces derniers ont décidé de rebrousser chemin laissant le groupe expéditionnaire poursuivre leur route.
Mais les ennuis ne font que commencer. Alors que le calme retombe, de même que la tension, les rives de la rivière se recouvrent de buissons floraux. Ceux-ci qui ne tardent pas à bouger. Les fleurs semblent se réveiller et se mettre à danser. Une brume ocre venant encercler les embarcations.
La vision de Valmys se trouble lentement et l’avertissement d’Hathea tombe. Comment réagit l’apprenti chanteur ?
Durant cette réaction, la trame vibre et la voix télépathique de Firindal s’élève, raisonnant dans la jungle. Les fleurs cessent de bouger et s’en retournent dans les buissons, le calme revenant et la brume ocre se dissipant lentement.
Il semblerait que Firindal ait été écouté. Pourtant, Valmys éprouve la désagréable sensation d’être observé, sans savoir d’où cela peut provenir.
Les barques progressent sans encombre, jusqu’à ce que le lit de la rivière se fasse de moins en moins profond. L’expédition finit par arriver dans une sorte de bassin où il devient impossible de progresser via les embarcations. Derrière ledit bassin se tient un édifice en ruine et recouvert par la végétation.
Une très puissante et très pure magie s’échappe de ce lieu, Valmys le ressent. C’est une sensation très singulière, il y a peut-être même plus que de la magie, comme si l’atmosphère était un peu plus lourde. À quoi cela peut-il être dû ?
Un
sanctuaire ancien se dresse devant le groupe. Ce sanctuaire Valmys l’a déjà vu, même si l’extérieur a un peu changé depuis la dernière fois (surement à cause de la libération des eaux).
Que fait Valmys ?
- Reste-t-il aux abords du sanctuaire pour l’explorer ? (L’extérieur a changé depuis que l’eau a été libérée lors de la précédente expédition).
- Entre-t-il à l’intérieur du sanctuaire essayer de se rendre là où la précédente expédition avait libéré les eaux ?- Entre-t-il à l’intérieur du sanctuaire pour commencer à explorer les autres salles que la précédente expédition n’avait pas explorés ?