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[Intrigue] Neige écarlate

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'MJ' : 98

Conséquences : Aldaron ne supporte pas la douleur et le choc électrique de la flèche, et s'écroule dans la neige paralysé par de multiples convulsions. Il tombe alors inconscient et ne peut pas donner suite à ses actions.

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Il avait réussi. Le résultat n'était pas celui auquel il s'attendait avec un fût aussi imposant et solide, mais il avait néanmoins réussi. Dans leur duel pour le contrôle de la trame, c'était lui qui était sortit vainqueur une première fois, et même si cela ne présageait pas la suite, cela lui rendait un reliquat d'assurance tout en l'informant des capacités de cette chose. Lui qui n'avait encore jamais croisé son égal en maîtrise magique venait de tomber sur meilleur que lui. Malgré cela, il avait réussi. Elle était forte et résistante mais pas parfaite, pas omnipotente. Il s'y raccrochait d'autant plus qu'à présent, Aldaron et Kaalys étaient de retour auprès de lui, tous ensemble, ils seraient plus efficaces pour s'occuper de cette chose. Une grimace de dégoût lui tord les traits alors qu'il repose les yeux sur leur adversaire. Répugnant… Cette chose devait absolument disparaître. C'était une menace qu'il n'était pas envisageable de laisser courir dans la forêt. Il n'osait pas détourner de nouveau les yeux, alors que la chose rugissait à lui engourdir les tympans. Sous la vague sonore, il vacilla, ayant l'impression que ses oreilles s'emplissaient de grincements et de couinements. Il sentait les doigts insidieux de la tristesse essayer de se refermer sur sa gorge pour l'étouffer, il sentait la culpabilité se refermer sur ses tripes pour les déchirer. Son cœur s'emplissait de remord et d'une désolation qui trouvait un écho en lui, quelque chose de profond, enfoui si profondément qu'Ivanyr n'avait jamais eut conscience de sa présence. Du moins, pas consciemment. Un instant, il manqua s'écrouler sous le flot qui tente de le noyer, secoué comme une frêle esquif sur une mer déchaînée.

Mais il n'était pas seul, et Achroma connaissait bien ces sentiments terribles qui déferlaient sur eux. C'était ceux-là même qui l'avait conduit à son bûcher. Cette fois pourtant ils n'avaient pas de fondement, et la conscience millénaire n'essaya pas de les rejeter, de perdre du temps, de l'énergie et de la concentration à leur interdire l'entrée car ils existaient déjà, au plus profond de lui. Sous la main ferme de l'Aîné, Ivanyr les laissa entrer, se planter dans sa psyché. Il les absorba, les mêlant à cet écho désagréable mais lointain, comme une étoile polaire et maléfique, un pôle condensé de ses blessures que l'influence de la mère de l'orage avait isolé à l'intérieur de son être. Un bref moment, il ferma les yeux, inspirant et expirant, se détendant physiquement, puis déglutissant la douleur et la culpabilité comme une gorgée d'aloès. En lui, il sent la présence lasse et bienveillante, et celles, lumineuses ou ténébreuses, d'autres échos du passé, des visages, des noms. Il ploie partiellement, tandis que la vague s'atténue pour devenir une rivière continue mais soumise, et lorsqu'enfin il se relevât, c'est avec le port impérial de la femme qu'il avait aimé un millénaire plus tôt, cette princesse élue par Océan qui jamais ne s'était inclinée face aux hommes ou à un quelconque adversaire. Lorsqu'il se relevât, c'était avec les promesses de Purnendu, l'assurance qu'il avait une famille et qu'il avait été accepté pleinement et sans concession, sans que l'on voit en lui autre chose qu'il n'était. Lorsqu'il se relevât, c'était avec l'âme fixée sur la lumière irrépressible, divine, de son lien d'Inséparable, la bénédiction des esprits-liés, son autre moitié tout près de lui.

Les joues d'albâtre étaient souillées de larmes de sang, et pourtant il se dressait, invaincu et imbrisé, répondant farouchement au nom donné par une douce fille de nuit lors d'une soirée sur la falaise et dans les flots près de Cordont. L'abomination face à eux avait de nombreux moyens de le tuer, de mettre fin à son être, mais elle n'y arriverait cependant pas avec ce piège-là. S'il mourrait, c'était debout, et certainement pas effondré par terre comme une loque gémissant pour qu'on l'achève. Il s'y refusait. Si ce jour devait vraiment être la fin du périple, il voulait faire aussi bien qu'Achroma en son temps… La tempête déferla soudain sur le dragon, mais s'étendait davantage, et il fut contraint de bouger de nouveau pour ne pas se retrouver prit en elle, mais reçu de justesse le contact mental auquel il se crispa violemment, peu réceptif à ce genre d'intrusions même en pareil instant. Néanmoins, la demande fut accordée, efficacement et sans plus s'y attarder, porter par plus de pragmatisme que d'irritation. Au moins, les autres seraient hors de leur chemin pendant le combat qui s'annonçait… car il était clair qu'il allait falloir combattre. Kaalys ne pouvait pas porter tout le monde, et dans la forêt, ils risquaient d'y passer s'ils se séparaient. Son attention tout entière restait tournée vers la Licorne, pourtant les soudains tremblements de son lié, sa détresse, manquèrent lui faire tourner la tête.

A l'instant où il cédait à ce besoin de s'assurer de ce qui arrivait à Aldaron, la voix de celui-ci lui parvint, chargée d'une chose sans nom, si viscéral qu'il en trembla, secoué jusqu'à l'âme par l'affect qui l'emplissait soudainement. La souffrance et la colère qui émanaient de l'autre moitié de son être coulaient en lui comme un torrent et alors qu'il n'entamait que le premier mot, Ivanyr agissait déjà, bien décidé à abattre cette abomination s'il le pouvait. Il n'alla pourtant pas au bout, sentant par ses sens supérieurs la trame ondoyer et se refermer sur l'elfe. S'il avait été en vie, son cœur aurait sans doute manqué un battement, mais il n'en est pas moins alarmé. Cette fois, la peur l'envahit pour de bon, la peur pour Aldaron, de l'avoir perdu et il se penche immédiatement sur la forme tombée dans la neige, le soulevant pour s'assurer qu'il est bien toujours en vie. Un instant, une autre scène se superpose à celle-ci, Aldaron ensanglanté et le ventre ouvert, prostré devant lui… Il secoue la tête, tendu de toutes ses forces vers lui, oublieux de tout ce qui le concerne directement, douleur ou menace, se contentant de préserver l'elfe de son mieux. La question demeure, tournoie dans son esprit, que s'est-il donc passé ? Il était trop occupé à essayer de rassembler ses forces. La réponse semble venir dans son dos, la voix tant aimée résonnant soudain, surprenante. Il ouvrit de grands yeux, ne comprenant pas, avant que son regard ne se pose sur la silhouette issue des brumes.

Le monde autours d'eux est devenu calme, la tension et le combat ont disparus, balayés. L'air frais exsude une profonde tranquillité, statique, comme un impalpable océan, une mer de brume silencieux enveloppant la scène comme un cocon. Le voile opaque efface le monde, comme s'il n'existait plus, comme s'il n'avait aucune importance. Le silence profond semble maître, les sons sont lointains, comme étouffés, absorbés dans l'immensité. Il sent dans son corps l'immobilité, sur sa peau l'immaculé de la neige si lisse et la caresse d'une brume dense comme les anneaux de quelque divin reptile. Ivanyr craint de bouger, bouger semble une insulte à cette paix impériale, hors de propos. Peut-être ne veut-il pas non plus qu'elle disparaisse. Elle semble le gagner, comme si la brume s'enroulait sur son âme plus sûrement que toutes les peines, les souffrances et la culpabilité du monde, s'infiltrant dans le roc poreux pour caresser l'âme encore enrobée de son puissant bouclier de résurrection. L'immobilité amadoue, sinistrement efficace, lui faisant diminuer sa vigilance face au visage apeuré de son aimé. Mais il le tient encore dans ses bras, tout contre lui, il sent son cœur battre, et il sent la magie unissant son nexus au sien. Il entre-ouvre finalement les lèvres, voulant lui dire que c'est ce qu'il essaye de faire, le sauver, le tirer de Morneflamme… mais une soudaine agitation vient briser l'enchantement qui maintient sa tranquillité et il se crispe de nouveau, reposant rapidement Aldaron derrière lui, prêt à faire barrage de son corps.

La créature qui se dessine, il l'a connaît, intimement et pourtant elle lui est également étrangère, image abominable de souffrance et de terreur. A cet instant précis, foudroyé par la vision, le vampire ne peut que trembler, et pourtant, une part de lui, désolée et penaude, se tend vers Kaalys qui ne peut l'entendre, soufflant des excuses sincères et rongées par la peine pour la méprise qu'il subissait de sa part. Désormais, il sait que le dragon qui les a accompagné tout ce temps n'est pas celui qui le poursuivait depuis son éveil. C'était cette forme blanche, bien plus pure et plus souillée en même temps, silhouette atroce issue des pires fièvres, révoltante dans sa pourriture fétide. Son être tremble en la voyant approcher, ses yeux s'emplissent de nouveau de larmes alors que son esprit éclate en morceaux disparates… Une part de lui, fragile, se ferme sur elle-même, appelant à l'aide, une autre reste figée, tétanisée, tandis que la troisième hurle des questions pour comprendre, comprendre. Et pourtant, au travers de tout cela, Ivanyr restait campé à sa place, se refusant à abandonner son lié, refusant instinctivement de fermer les yeux et de le laisser vulnérable face à la bête. Il voyait l'image de son aimé face à lui, presque dans les crocs de la créature, mais quelque chose, au plus profond de lui, ne parvenait pas à oublier la sensation de la peau chaud de son compagnon, son parfum si particulier, son cœur qui battait… derrière lui, et pas devant, la magie qui les liait, derrière lui et pas devant… Il voyait le dragon décrépit ouvrir grand la gueule, et dans un mouvement foudroyant, s'abaisser et refermer ses mâchoires. Le bruit des os qui craquaient le fit trembler et vaciller, le son humide de la chair broyée et déchirée, flasque, manqua le rendre malade. Malgré tout, une petite part de lui avait peur que ce fut effectivement le vrai Aldaron et sa disparition soudaine lui arracha un cri éphémère.

Yeux révulsés, le vampire recula d'un pas et s'abaissa pour poser une main sur la forme immobile de son compagnon. La vision de la créature était insoutenable pour lui, alors que ses oreilles restaient emplies du bruit du cadavre broyé et dévoré… Pourquoi cette chose le poursuivait-elle ? Pourquoi voulait-elle le faire souffrir ? Qu'est-ce qu'il faisait là ? Où… où était-il déjà ? Pourquoi Aldaron était-il inconscient ? Que s'était-il passé ? Il… il y avait d'autres êtres… Il se souvenait presque, mais c'était tellement difficile. Il ne pensait qu'à cette chose blanche, pourrie par l'eau, elle emplissait ses pensées, toutes ses pensées, elle menaçait de craqueler la protection autours de son âme sans même qu'il le sache. Quelque chose battait à ses tempes, de plus en plus fort, de plus en plus omniprésent, faisant tomber un voile rouge devant son regard. Le tremblement se répand dans son corps, sourd, faible, constant, viscéralement accroché à lui. Il y avait autre chose. Qu'est-ce qu'il oubliait ? Il ne savait plus, il ne savait plus du tout ce qu'il était entrain d'oublier. C'était important, terriblement important, mais le battement incessant l'empêchait de se souvenir. Et Aldaron… Aldaron venait-il de mourir ? Non, il sentait son coeur, tout près, si près… Il sentait sa force couler en lui au travers de leur lien. Il n'était pas mort. Il devait se le répéter. Il devait le protéger. Qu'est-ce qu'il oubliait ? Il sentait le dragon pourri s'approcher encore, de lui, cette fois, d'eux. Qu'est-ce qu'il oubliait ? Il ne savait plus du tout. Cette présence écrasante emplissait son univers, réveillait une douleur terrible. Cette chose l'avait poursuivit depuis le premier instant, elle le retrouvait toujours, elle pourrissait son existence, transformait ses joies en peur, en cendre. Il la détestait, il détestait sa présence, il ne comprenait pas son acharnement et la rejetait. Il voulait la voir disparaître. Il la détestait… il la détestait tellement…

Les voix emplissent soudain son esprit, fragments incompréhensibles de conversations, mais venant de qui, d'où ? L'immense forme blanche l'approche, et il relève enfin la tête. Une seule voix gagne encore en ampleur, par rapport aux autres, une voix immortelle et inconditionnelle. Plus de pourquoi, de comment, plus de qui et de quand… Il se redresse une nouvelle fois, et comme dans un songe, effectue le geste du sort, comme un pantin, alors que dans un souffle il relâche ce qui marque son âme au fer blanc, en même temps que le flot de magie destiné à un sort qu'il espère réussir de toute son âme sans même avoir conscience de l'effectuer. Un cône énorme de couronne d'été, englobant la forme de la dragonne blanche et sans le savoir, une autre forme draconique au-delà de l'illusion… ainsi qu'un monstre équin.

« Je te haïs... » souffle-t-il d'une voix rendue paisible et atone par l'environnement illusoire… un aveu du plus profond de son âme, un aveu de souffrance absolue, un aveu d'une innocence martyrisée pour un crime qu'il n'avait pas commit.
Directives :


Action :

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Achroma

Compétence utilisée : Magie niveau Grand Maître. Taux de réussite 85.

Modificateur =>

Race = Vampire : +5

Total taux de réussite : 90

Résultat =>

- 5 ou moins réussite critique.
- 90 ou moins réussite.
- 91 ou plus échec.
- 96 ou plus échec critique.

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'MJ' : 1

Achroma : Réussite critique

Lançant un regard haineux à l’encontre la licorne déguisée en dragon, des gerbes de flammes viennent recouvrir le corps d’Achroma tandis qu’un cercle d’étincelle apparait autour de la malfaisante créature. Soudainement, un entrelacs de ronce enflammé se forme en lieu et place du cercle telle une couronne avant qu’une violente explosion de flamme semblable au souffle d’un dragon qui s’abat, venant recouvrir la licorne et brisant les diverses illusions, avant de s’étendre à la terre et aux arbres environnant, déclenchant un spectaculaire et dangereux incendie. Un hennissement monstrueux mêlant douleur et rage émane alors de la bête, venant retentir dans toute la forêt.

La licorne embrasée s’agit avec violence, se cabrant et effectuant des ruades, se cognant aux arbres, jetant des gerbes de flammes et propageant encore plus l’incendie. Sans doute prise par la panique la créature commence alors à créer de petits cônes de glaces qui, flottant dans l’air, s’abattent aléatoirement sur la zone en une pluie meurtrière dans une tentative maladroite d’arrêter les flammes.


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Grâce à sa carte et en utilisant toutes ses capacités pour se déplacer rapidement dans la forêt. C’était le moment de prouver que toutes ses années dans la neige et le froid allaient payer. Elle ressentit alors un immense danger, cette fois-ci devant, mais alors qu’était la vision de cette jument blanche ? Encore une illusion sans doute, alors que les personnes du convoi étaient en train de tenter de se sortir des sabots de cette licorne maléfique. Elle ne put se retenir de gronder entre crainte et pour signifier qu’elle se défendrait, une réaction animale, alors qu’elle s’approcha doucement à la lisière de la forêt afin d’observer ce qui se passait. Les oreilles en arrières et en montrant ses crocs, la féline observa les lueurs orangées, l’odeur du feu, c’était caractéristique et il fallait espérer que la forêt ne brule pas entièrement. Cependant, on était en hivers et il y avait de la neige, alors sans doute que les risques étaient limités.

Asshaal sortit alors de la forêt pour retrouver le reste du groupe, légèrement essoufflée par la course rapide. Des vampires semblaient être piégés dans de la glace, mais ce qui était gênant, c’était qu’Irina était de cela. La fuite semblait être plutôt compromise, car si elle en avait absolument rien à faire du sort des vampires, la féline espérait tout de même que la princesse vampire survive afin de faire survivre les accords avec les morts qui marchent. La licorne prise dans les flammes se cambrait et rugissait de rage, il n’y avait plus d’hésitation, cette fois-ci c’était bien elle. La noble et si crainte créature semblait être affolée par le feu, mais il était vrai que les Graarhs n’avaient jamais eu de dragon ou de mage puissant à leur côté pour affronter cette licorne.

La bête tentait d’éteindre le feu en se cognant, en essayant d’utiliser la magie pour éteindre le feu. Il ne restait que le dragon et un mort qui marche, et vu la relation avec l’elfe, sans doute qu’il ne partirait pas si facilement. Asshaal ne pouvait pas partir, pas sans ses compagnons. C’était un principe Graarh, même si ces étrangers ne l’étaient pas. Elle prit de la neige dans sa main pour la presser contre son visage tandis qu’elle commença à courir en direction de la licorne, comme si la mort pouvait fort bien venir la prendre. En utilisant la rune de tremblement de terre, la féline utilisa toute sa force renforcée par son brassard qui renforçait la frappe à main nue ou avec ses griffes et sans compter sur la peinture de guerre pour faire peur aux ennemis sur son armure, elle sauta en l’air en venant frapper le sol de toutes ses forces juste au pied de la licorne espérant la faire tomber.

« Il faut fuir à la première occasion avec tout le monde ! Vous ne savez pas de quoi elle est capable ! »



Spoiler :

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Par bien des aspects, Kaalys ressemblait à son père. Cela était d'autant plus vrai aujourd'hui, alors que le jeune Nacré se servait de son corps massif pour percuter la licorne à la façon d'un bélier, les cornes en avant. Le saurien sentit les os de la créature craquer sous la force de son coup mais sa résistance était peu commune et, contre toute attente, la bête récupéra vite de ses blessures. Si vite qu'elle fut en mesure de contre-attaquer en produisant un son qui vrilla les tympans du saurien. La licorne hurlait si fort et ouvrait la gueule si grand que les chairs aux coins de ses babines se déchirèrent, laissant s'écouler encore plus de sang. C'était une vision cauchemardesque, même pour Kaalys dont la mémoire draconique pouvait lui faire voir bien des horreurs.

Mais ce que Kaalys pensait être la contre-attaque n'était en vérité qu'un amuse-bouche. La magie se mit soudainement à onduler autour de la licorne jusqu'à ce que cette dernière projette neige et glace autour d'elle, produisant une formidable tempête sur le saurien et sa passagère. C'est alors que la petite princesse s’adressa au Nacré qui accepta de servir d'intermédiaire entre Irina, Aldaron et Ivanyr. L'esprit draconique s'étira en plusieurs fils, reliant chacun des membres principaux de l'expédition puis, offrant sa puissance à la magicienne aux cheveux de neige, Kaalys permit à cette dernière d'enfermer dans la glace chaque soldat victime de la licorne, elle y comprit.

Le Nacré observa un instant le corps recouvert de glace d'Irina, désormais entouré de neige, puis il fit un pas afin de protéger l'enveloppe cristalline de son propre corps, son regard se posant sur le maléfique équidé. Ainsi amputé de la plupart de ses membres, l'expédition était compromise et les vies d'Aldaron, Ivanyr et Kaalys étaient menacées. L’énergie magique du dragon était, par ailleurs, affaiblie et la tempête que la licorne déchaînait sur la saurien menacée de le geler sur place, ses écailles ne le protégeant plus totalement.

C'est alors que, du coin de l’œil, le saurien aperçu Achroma bouger. Ou sans doute était-ce lui, Kaalys ne pouvait pas vraiment le voir. L'instant d'après, d'immenses flammes rougeoyantes percutèrent le saurien de plein fouet, ainsi que la licorne. Les écailles du dragon le protégeaient parfaitement de ce feu vengeur qui, par chance, libéra le corps du Nacré de toute glace. Libre de ses mouvements, ce dernier observa les flammes grignoter le pelage de la licorne, la bête s'agitant dans l'espoir de les éteindre, puis le feu se répandre aux arbres alentours. La forêt s'embrasait, la chaleur grimpait rapidement. Ce climat était parfait pour le dragon, mais les bipèdes n'y survivraient pas éternellement.

Un arbre chuta plus loin, devant le museau de Kaalys, puis il aperçut la licorne percuter un autre arbre qui résista. Mais les flammes qui léchaient son pelage se propagèrent à d'autres conifères et, dans la panique, la licorne libéra plusieurs piques de glace qui se plantèrent dans la neige ou ricochèrent contre les écailles et l'armure du saurien. C'est alors que Asshaal bondit et retomba non loin de la licorne. Le poing qu'elle abattit dans la neige fit trembler la terre et reculer la licorne de quelques mètres supplémentaires.

La Graärh ordonnait de fuir et Kaalys ne pouvait que lui donner raison. Il fallait quitter cette forêt avant que les bipèdes soient tués, que ce soit par le feu ou la fumée, à moins que la licorne attaque de nouveau. Conscient que le temps était compté, le saurien bondit près des soldats vampiriques gelés, non sans emporter Irina avec lui. Le bloc de glace qu'il tenait dans l'une de ses pattes menacé de fondre s'il restait ici, mais Kaalys ne pouvait pas abandonner Ivanyr et encore moins Aldaron.

Contre toute attente, Kaalys posa le bloc de glace sur le chariot qu'il vida de tout tonneau d'un revers de la patte. Il cueillit entre ses griffes autant de vampires en stase que possible dès lors qu'il y décelait de la vie. Mais ceux-là étaient peu nombreux.

Puis, sans se soucier de l'avis d'Achroma, Kaalys se pencha sur le corps de l'Elfe et le saisit du bout des crocs avec une extrême minutie dont on ne le pensait pas capable. Les vêtements de l'ancien bourgmestre ne résistèrent pas, mais le saurien fut en mesure de le placer dans son dos tout en écartant ses ailes de son corps afin d'offrir une petite protection contre les flammes.

— Montez si vous le voulez, dit t-il à Achroma, comptant sur l'amour du vampire envers l'elfe pour que ce dernier grimpe sans tarder.

D'un bond, le dragon passa de l'autre côté du chariot et enroula sa queue tout autour. Les nombreuses piques assuraient une excellente prise avec le bois que le saurien s'évertua à tirer derrière lui grâce à sa force colossale. S'en aller par la voie des airs était tentant, mais Kaalys refusait d’abandonner ces bipèdes à leur sort. Il emprunta donc le chemin, partant à l'opposé de la licorne, pour traîner les survivants aussi loin que possible des flammes. Par la suite, le saurien profiterait d'une clairière pour s'échapper avec son fardeau par la voie des airs, loin du danger immédiat.

Spoiler :

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L'immobilité s'effrita soudain comme cendres au vent, l'illusion s'étiolant, déchirée en lambeaux par le destructeur pouvoir de la magie et la disparition de cet enclot de calme omniprésent le blessa plus sûrement que la corne de la créature qu'il venait d'embraser sans le vouloir. Haletant, les yeux exorbités, Ivanyr ne pu que contempler sa propre œuvre tandis que le souffle brûlant se rendait maître de leur monde, immolant les arbres, soufflant la neige et le froid et irradiant une chaleur terrible. Instinctivement, le mage agrippa son manteau de brume pour qu'il le recouvre davantage, espérant que la brume d'eau qu'il produisait saurait atténuer la morsure de la température soudainement beaucoup trop élevée. Un instant plus tard, l'énormité de la situation le frappait enfin et il se détournait de nouveau pour pouvoir s'assurer qu'Aldaron était bien là, et qu'il n'était pas blessé. Le serrant un moment dans ses bras, Ivanyr chercha à s'échapper de ce qui restait de l'emprise mentale de la Licorne, l'âme battante d'avoir cru perdre son lié. Il était là, il était bien là… et cette… chose, elle avait voulu le lui prendre, lui faire du mal. Une haine noire, immonde, suinta du cœur du vampire à cette idée, et une joie féroce aux hurlements de douleur de la créature le parcourut. Qu'elle brûle ! Qu'elle soit rongée par les flammes jusqu'à l'agonie pour ce qu'elle avait fait ! La rage battait à ses tempes, tandis qu'il reposait son aimé et se dressait de nouveau, prêt à lancer une nouvelle salve de couronne d'été pour enfoncer le clou de sa domination magique et rayer cette menace une bonne fois pour toute. Qu'elle meure ! Immonde chose qui n'aurait pas dû exister, elle devait payer pour avoir osé s'en prendre à Aldaron !

La magie le quitta sans qu'il daigne même savoir si elle avait atteint sa cible. Extérioriser sa haine dans les flammes lui faisait du bien. Tout son être voulait voir la créature morte à ses pieds, mais il semblait y avoir des êtres qui ne voulaient pas le laisser à son obsession. Sentir la terre trembler l'expédia à terre. Il n'était pas très agile, et il ne s'y attendait pas le moins du monde. Un instant, il eut peur que ce soit une nouvelle attaque de la Licorne, avant de se rendre compte de la présence de la femelle Graarh auprès d'eux. L'ombre soudaine de Kaalys venant se poser sur lui et Aldaron le fit se hérisser plus encore, après les images qu'il avait vu de la chose blanche dévorant son aimé mais là encore, il comprit un instant avant d'attaquer ce qui était entrain de se passer. En voyant l'énorme museau approcher, le vampire serra davantage l'elfe dans ses bras et mit un instant à comprendre ce que le dragon voulait faire. Son esprit saturé par la haine et le désire de tuer avait du mal à traduire le reste du monde mais il laissa Kaalys porter son lié et se redressa en vacillant, le corps tremblant. Les paroles du dragon lui firent relever le visage vers lui, mais il cilla plusieurs fois, secoua la tête et chassa d'une main les mèches blondes collées à son front.

« Non... »

Il avait déjà bien assez à porter pour en plus s'encombrer de lui. Haletant toujours, il siffla sa monture et vit celle-ci approcher en galopant. Le petit malin avait quitté la scène du combat dès qu'il l'avait pu pour garder une distance de sécurité avec la bête qui avait tenté de faire d'eux son dîner. Une main sur la selle, il jeta un nouveau regard vers la bête en flammes et déglutit douloureusement, prêt à rester pour continuer de combattre. Il voulait la voir morte et il savait, au fond de ses tripes, que cela lui resterait. S'il partait maintenant… il reviendrait, pour s'assurer qu'elle trépasse. Il n'y avait pas d'autre alternative. Il reviendrait. Il tuerait cette chose, et rapporterait sa peau en trophée. Se hissant en selle lourdement et gauchement, le vampire grimaça et appela également Isilëel, que Aldaron regretterait s'il ne la sauvait pas. Serrant les crocs à s'en fendre l'émail, il vérifia où se trouvait Asshaal et attendit de savoir si elle pouvait suivre à pieds, ou si elle voulait monter avec lui avant de s'enfoncer dans le sillage de Kaalys. Il jeta un ultime coup d'oeil en arrière, vers la Licorne, mais celle-ci était bien trop occupée à cuir pour prendre conscience de leur départ. Une ultime fois, il se força à se détourner, conscient de vouloir absolument rester.

Lorsque la chaleur se fit moins forte, la fièvre retomba quelque peu également, se transformant en une chose plus vile encore, logée en lui et qui semblait vouloir y faire son nid. La foret finit par céder du terrain, et ils la quittèrent enfin, portant encore sur eux la senteur si singulière du chaos et de la mort. L'esprit du mage vibrait, il n'y avait aucun guérisseur au sein du royaume vampirique, il faudrait utiliser une pierre de transport des aînés afin de se rendre de toute urgence sur Néthéril afin de demander l'assistance d'un maître-chanteur. Cela le révoltait, mais pour le moment, il avait autre chose de plus pressé que son inimité des Baptistrels. Les blessés allaient avoir besoin de soins sérieux. Et il allait falloir agir afin de régler la question du commerce écarlate. La bête n'était pas morte, les convois seraient toujours menacés. Il faudrait décider de la façon de procéder, soit abandonner le logis d'Aerthia soit établir un autre port plus proche soit… et il l'espérait, retourner là-bas pour régler définitivement son compte à l'abomination qu'ils avaient rencontré. Le mage renouvela les protections de glace recouvrant les vampires qu'ils avaient pu sauver, en attendant qu'une personne compétente puisse s'occuper d'eux, puis s'évertua à faire revenir Aldaron à lui.

L'elfe n'était pas blessé, pour son plus grand soulagement, uniquement secoué mentalement, et il était fort… Le retrouver, le voir sortir de sa catatonie le calma quelque peu. Il ne cessait pas, néanmoins, de penser à la façon dont il allait falloir réagir une fois qu'ils auraient atteint leur destination. Aldaron pourrait l'aider, son esprit expérimenté sur ces questions saurait certainement trouver des éléments de réponses. Il lui partagea ses doutes ainsi que les événements qu'il avait manqué, ainsi que sa crainte de ce qui se trouvait encore à Aerthia. Combien de caravanes de sang avaient été détruites ? La forteresse avait-elle la moindre réserve ou bien ses habitants allaient-ils devenir des prédateurs sans conscience à cause de la faim ?
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L’atmosphère sombre et hivernale de la forêt de licorok était illuminée par un soudain et violent incendie. Le feu frappa les conifères glacés qui connurent pour la première fois depuis de très nombreuses années le lapement brulant d’une langue de feu. Une épaisse volute de fumée noire s’élevait dans le ciel. L’habituel silence de la forêt était perturbé par crépitement des flammes et les monstrueux hennissements de douleur et de rage d’une licorne en proie aux flammes. Tandis que les intrus s’en allaient, emportant loin du danger leurs blessés, la licorne, elle, se ruait en titubant, venant se cogner contre les arbres, venant se cogner contre le sol, cherchant à se rouler dans la  neige. La bête tentait par tous les moyens d’éteindre le feu qui la consumait, ravageait sa robe somptueuse, mordait sa chair et faisait se mêler à fragrance du bois bruler, celui de la chair cuite et du sang. La neige se mit à tomber à gros flocons, s’abattant sur licorok, maitrisant le feu avant de l’étouffer. La fumée noirâtre devint bientôt blanche, se fondant dans l’atmosphère hivernale. Il en fut de même pour la licorne, qui, consumer par le feu, le corps intégralement brulé, avançait lentement dans la neige, la marquant de son sang et respirant bruyamment.

Les intrus arrivaient à l’orée de la forêt, tandis que l’infâme équidé atteignait le cœur de celle-ci. La fragrance de brulé qu’elle transportait fut rapidement couverte par l’odeur nauséabonde d’un charnier rempli de cadavre pourri et en décomposition. Au milieu des conifères millénaires se trouvait une fosse et au centre de celle-ci se trouvait un arbre. La fosse n’était rien d’autre qu’un horrible charnier. Sang, os et chair s’y mêlaient. Animaux, créatures, graärh et vampires se trouvaient là. Tous morts, tous plus oui moins décomposé. Et même si la vie avait quitté le corps, l’expression de ceux qui avaient encore un visage semblait déchirer par la douleur, comme si, bien que morts, ils souffraient encore.

Le tronc de l’arbre au centre de ce charnier était baigné d’une lumière quelque peu aveuglante. Celle-ci se fit moins fort et on put apercevoir la silhouette d’une jument blanche qui s’avança quelque peu. La créature de lumière semblait observer la licorne blessée avant de regarder autour d’elle. Dans les alentours du bois, on put entendre des sabots frappant les neiges. Des ombres se murent avant qu’entre les arbres ne dépassent des têtes d’autres licornes, toutes différentes par rapport les unes aux autres. Quatre d’entre elles finirent par s’avancer, sortant d’entre les arbres, pour s’approcher de l’équidé brulé, qui elle-même c’était avancé à l’intérieur du charnier. Bientôt, la licorne blessée fut entourée par quatre de ses consœurs. Un hennissement à glacer le sang fut poussé et les quatre équidés s’attaquèrent à la cinquième. Elles plantèrent leurs crocs et leurs cornes dans le corps de la grande brulée, venant faire couler son sang. Son corps se brisa lentement avant de tomber au sol démembré.

Les quatre équidés encore debout sortirent à reculons du charnier avant de disparaitre, en même temps que toutes les autres. Le silence s’abattit et il ne demeura plus que la jument blanche baignée d’un halo de lumière. Lentement, celle-ci se retourna et un horrible battement de cœur se fit entendre. Les contours de la blanche ne furent bientôt plus visibles, la lumière éblouissante devenant plus forte, avant de se résorber pour disparaitre. Les battements de cœur se firent plus fort à mesure que la lumière déclinait. Lorsqu’elle ne fut plus, l’arbre révéla son tronc à vif auquel semblait greffer un immense cœur rouge qui convulsait au rythme des battements. Les racines qui semblaient lui servir de coquille étaient ouvertes et commencèrent à grandir, se répandant au sein du charnier tels des vers, venant recouvrir partiellement certains cadavres, dont la licorne. Les battements s’accélérèrent, semblables à cent tambours résonnant à l’unisson. Les cadavres composant le charnier se mirent à se décrépir et de petits filins de lumières traversèrent les racines pour se rejoindre à l’énorme cœur palpitant.

Un vent glacial traversa l’ensemble de la forêt à toute vitesse, sifflant tel un serpent, avant de jaillir hors de la forêt et s’étendre par-delà. Les branches des arbres se mirent à bouger comme un seul être, ondulant, craquant. Le phénomène dura une longue minute avant qu’une série de hennissement horrible ne provenant pas d’un, mais de plusieurs créatures fît trembler la forêt.


Une longue nuit s'annonce pour Nyn-Tiamat

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    La nuit était noire et brûlante dans son esprit, autant que l’œil de la licorne et des flammes qui la dévoraient. Il s'écroulait au sol et même la neige glaciale lui paraissait aussi ardente que les roches du volcan. C'était comme un souvenir. Jadis les montagnes du Croc du Dragon, qui bordaient Glacern, avaient été déformées par le Tyran et dans sa polarité, inversées en un brasier. Ici, la neige blanche devenait charbon noir, et le froid hivernal, une chambre de feu. Son esprit succombait au poids du cauchemar, celui qu'il avait fait maintes et maintes fois depuis son évasion. Cela le pourchassait comme une bête sauvage et tenace et cela le dévorait. Pourquoi n'avait-il pas simplement cherché à oublier, comme tant de rescapés ? La magie savait dévier la mémoire, la contredire ou l’effacer. Pourquoi avait-il tant tenu à le garder ? Une part de lui s'acharnait à le conserver comme on refuse d'être tranché d'un bras. Parce qu'au delà de l'horreur, c'était aussi un morceau de son être. Un morceau qu'il haïssait, qu'il rejetait, qu'il aurait voulu supprimer, effacer, mais qu'il chérissait. Pourquoi ?

    Il y avait une porte, à Morneflamme. Une porte entrouverte, une porte que les yeux ne peuvent pas voir. Seul l'esprit avait ce pouvoir. C'était une porte à la fois effrayante et envoûtante, une porte qu'on craignait de franchir, parce que c'était une sorte de fin, mais aussi une porte qu'on savait être un commencement, une porte qui offrait le droit à l'oubli et à l'abandon. Une porte qui permettait de lâcher prise. A Morneflamme, l'impossible et l'inimaginable avaient pris chair. Ce qu'on refusait d'exister... Existait bel et bien dans sa forme la plus atroce. Et cela, l'esprit n'était pas capable de le comprendre, de l'assimiler, ou ne serait-ce que de l'envisager. A Morneflamme, il fallait vivre avec cette incohérence, ce paradoxe. Il fallait l'accepter pour vrai, il fallait le louer comme faisant parti du possible. Et si on n'en était pas capable... Il y avait cette porte. Une porte entrouverte et dans l'interstice qu'elle dévoilait, le paradoxe avait un sens. L'esprit ne percevait plus l'incohérence et tout ceci, tous les cauchemars de Morneflamme avait un sens.

    Il y avait une porte, à Morneflamme, et il y avait ceux qui acceptaient de la franchir. Ces gens-là fermaient les yeux sur les incohérences car il n'y avait plus rien d'impossible. Le volcan devenait logique, la douleur avait un sens et l'injustice s'était évaporée. Leurs corps étaient défaits du poids de l'insoutenable et ils riaient. Ils riaient dans le volcan, ils riaient du sang qu'ils perdaient, des coups qu'ils prenaient, de ceux qui priaient pour avoir à manger. Il y avait aussi ceux qui refusaient de franchir la porte parce qu'elle était la marque de la déchéance, ça n'était pas si simple. La porte appelait et aspiraient les âme, la porte était perfide et sournoise. Ceux qui lui résistaient mettaient fin à leurs jours, ou étaient tués. Ils se battaient mais jamais ne gagnaient. Ils s’agrippaient mais jamais ne tenaient. La porte était plus forte. Elle était la fin, l'apothéose. Elle était le terme et le début, la liberté et la prison. Il n'y avait qu'elle qui gagnait, par centaines et milliers de fois sur les pauvres hères terrorisés. Les indésirables du régime despotique étaient les esclaves qu'elle formait, qu'elle corrompait et qu'elle noyait dans l'océan de la folie.

    Il y avait une porte, à Morneflamme, et Aldaron s'en était approché, la joue collée contre l'encadrement, le regard vide. Chaque fois que son esprit tentait de somnoler, trouver un peu de sommeil. Il se réveillait près d'elle, dans son entrebâillement. Il contemplait l'autre monde, cherchait à le comprendre, le dompter. Il l'effrayait et l'attirait. Il ne savait même plus de quel côté il s'était trouvé à la fin. Avait-il franchi le pas ? Etait-il resté ? Croyait-il être sauvé alors qu'il avait succombé ? Et si sa folie à lui, sa chute à lui, était justement de rester dans cette hésitation, cette frontière si fine ? Appartenir aux deux mondes entre raison et folie ? Son esprit était-il encore vivant quand à chaque fois il retombait dans cette même horreur et que ses ennemis s'en servaient ? La licorne s'en servait. La porte revenait. Il sentait le grondement sourd de la respiration de Kaalys. Active et régulière dans son agitation. Ses mains gantées effleuraient les écailles rudes sur lesquelles il reposait. Elles s'accrochait à lui, à la selle de circonstance, lui offrant sa confiance. Le vacarme de la bataille s'effaçait à nouveau et son esprit tombait en transe pour reprendre des forces.

    La nuit était noire, silencieuse, alors que son esprit tourmenté venait se glisser, ramper, jusqu'à trouver refuge près de celui de Kaalys. Là, il se laissait retomber, las. Il entendait dans sa respiration, les profonds martèlements de son cœur que la crise s'achevait. Ils battaient en retraite. Probablement était-ce ce qu'il y avait de mieux à faire, malgré sa rancune pour la licorne... Peut-être qu'après ses blessures, elle ne se relèverait pas. Et lui, se relèverait-il ? Les elfes avaient bâti des demeures somptueuses, ancrées dans la nature et sublimées par elle. Ils avaient été des architectes remarquables... mais rien au monde, pas même cela, ne saurait égaler la magnificence de l'esprit d'un dragon. Ces piliers immenses comme les colonnades d'un temple sacré étaient plus solides qu'aucune pierre, aucun métal ne le serait jamais. Ils étaient plus droits qu'aucune chute ne tracerait jamais. Ils étaient plus riches de savoir qu'aucun trésor n'égalerait jamais. L'elfe restait béat, sans savoir quoi dire à cet esprit vers lequel il se tendait.

    Il se rétractait, se retournait vers lui et observait son propre désastre. Il y avait d'immenses colonnes en son propre temple. Elles n'étaient pas aussi extraordinaires que celles d'un dragon, mais pour le commun des mortels, c'était déjà prodigieux. Entres ces piliers, il y avait de la roche en feu, des fumerolles étouffantes et du sang noirci par le temps. Ses pas étaient inaudibles dans ce vacarme de cris d'agonies et de complaintes déchirantes. Les hurlements de douleur n'en finissaient pas, comme si les suppliciés oubliaient de respirer, de reprendre de l'air après avoir tant expiré. Il y avait des murs, hauts, infranchissables. Il y avait la faim, la soif, la brûlure. Et il y avait cette porte, toujours. Celle vers laquelle il s'approchait. Sa main tremblait lorsqu'il la levait vers la poignée. Sa main tremblait toujours lorsque l'oiseau vint s'y poser. Il approchait sa main de son regard d'émeraude, pour le mirer de plus près et le reconnaître. Il n'y avait pas eu d'oiseau à Morneflamme. Tout ce qui vivait et avait de l'instinct avait fui l'endroit, assurément.

    Un frêle sourire venait sur ses lèvres déchirées. Il connaissait cet oiseau, il l'avait déjà vu en rêve et Dawan lui avait dit qu'il viendrait. Il était son inséparable. Il posait ses doigts aux carences faméliques sur la porte et la poussait. Dans le silence soudain, on entendait le loquet s'enclencher. La porte se fermait et elle disparaissait. Une expiration précéda ses sanglots salvateurs alors qu'il s'écroulait. Le sol du temple était sale, il était plein de cendres. Rien qui ne puisse être maintenant balayé. Le silence était magnifique, prodigieux dans son opposition à la précédente cacophonie. La symphonie muette berçait son cœur et lorsqu'il regardait derrière lui, Morneflamme n'était plus. Ce n'était qu'un souvenir, de la poussière envahissante.

    Il y avait une porte, à Morneflamme et il savait qu'il ne l'avait pas franchie. C'était pour cela qu'il voulait tant se souvenir de la prison. Il l'avait vaincue.

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Bien jouer à tous =D

L'heure de votre récompense est venue!!

Asshaal Sitaare-ke-Tahat : Artefact de dragon
Irina Faust : Rabais 300 PO
Kaalys : Rune
Aldaron Leweïnra : Artefact de dragon
Achroma Seithvelj : Rabais de 300 PO

Dernière édition par Verith le Dim 18 Nov 2018 - 21:52, édité 1 fois

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