Il ne sentait aucune magie, ni aucune énergie d'aucune sorte prendre naissance dans le glyphe de la féline et il su immédiatement que cela ne fonctionnerait pas. L'irritation lui barra le front d'une ligne dure et il puisa de nouveau en lui, prêt à déchaîner un sortilège mortel pour les bêtes qui attaquaient le dragon. Si la manière douce ne fonctionnait pas, il ne leur restait que la manière dure, car il était hors de question de laisser toute la troupe se faire dévorer par ces bêtes, aussi injuste que cela puisse être selon certains points de vues. Avant qu'il puisse relâcher l'énergie cependant, l'écailleux déversa le feu de ses entrailles sur ses assaillants, comme un talion igné. Le monde se para de blanc et de d'azure lorsque la corolle flamboyante se déploya, occultant pendant un instant le monde autours d'eux tandis que l’exhalation brûlante les enrobait tous les trous de sa chape monstrueuse. Par chance, le mur de force faisait son office et ils ne reçurent aucune blessures ni brûlures, un fait dont Ivanyr ne manqua pas de se féliciter chaudement, sans aucun jeu de mot volontaire. L'infecte odeur de poils et de chair brûlée emplissait l'atmosphère, et il fut contraint de se faire violence pour ne pas froncer le nez à cette puanteur tandis qu'un hurlement de souffrance s'échappait d'une gorge canine, glaçant. De la suie flottait dans l'air sur leur trajectoire, alors qu'ils s'échappaient et disparaissaient dans les bois. Coi, il tâcha de ne surtout pas se perdre au moindre réflexe respiratoire, ne désirant pas voir sa gorge ou son nez tapissés par ces relents putrides et étouffants. D'un geste, il fit tomber le mur de force, ne désirant pas le maintenir plus que de raison et il esquissait un geste pour questionner la Shikaree quand la voix du capitaine de la garde retentit, attirant son attention vers la forme carmine autours de laquelle les vampires se pressaient.
Un léger pincement des lèvres vint accueillir la vision de la princesse à terre et la seule raison qui le poussa à ne pas immédiatement proposer de l'achever fut tout simplement son désintérêt pour la question. Néanmoins, c'était la meilleure des solutions au vu de son état. Elle était trop sévèrement blessée et la conserver dans la glace serait leur mettre un boulet de plus aux pieds, ce dont ils n'avaient absolument pas besoin. Du peu que le mage avait pu en voir, elle avait affronté la bête sans prendre la peine d'un rempart entre elle et lui, un très mauvais choix, qui se payait désormais. En toute autre circonstance, cela aurait pu faire un excellent moyen d'apprendre mais pas sur le moment. Ils se trouvaient au cœur d'une forêt hostile et avaient plus important que cela sur les bras. Elle-même le reconnaîtrait sans doute si elle le pouvait et n'était pas la première victime. C'était bien dommage mais… Incapable d'aller plus loin dans la réflexion, il tourna ses prunelles vers l'elfe qui, à son tour, l'interpellait. Et ce qu'il avait à dire ne lui plaisait pas du tout. Le voir s'épuiser, fusse pour un dragon, lui semblait une très mauvaise idée et cela n'avait pas à être raisonné : il était son compagnon, son lié, il comptait plus que toute autre personne. S'il s'était agit de qui que ce soit d'autre, Ivanyr aurait agréé sans plus y réfléchir mais… mais ce n'était pas quelqu'un d'autre. La suite en revanche alluma une lueur dangereuse dans ses prunelles de lagon, une lueur de colère profonde. La seule raison pour laquelle il ne refusa pas tout net était très simple, il avait juré de l'aider autant qu'il le pouvait, et si réellement cela pouvait l'aider, alors il le ferait. Muet, le mage approcha, accompagnant son lié, sans rien dire de ses pensées, sans rien en montrer de plus.
Il voulait la soigner ? Soit, s'il en avait les moyens, qu'il le fasse. Pour autant, quelque chose le rongeait, le troublait, quelque chose de profondément ancré en lui. Observant les blessures terribles de la femme-enfant, il songea qu'il serait très simple de la tuer tout de suite, si quelqu'un le désirait. Peut-être que la conspiration la visait elle en fin de compte ? Immobile, il laissa à Aldaron toute latitude d'agir, se refusant à aller contre ses paroles, au moins en public. Lorsqu'il s'éloigna pour s'occuper du dragon, Ivanyr tâcha de réprimer une rage instinctive et irrationnelle, l'enfouissant profondément dans les abysses de sa psyché pour qu'elle ne vienne pas troubler son jugement ou ses réactions sur le moment. C'était un bien mauvais présent qu'on lui faisait là, et contrairement à l'optimisme sans doute grossis de l'elfe, il n'imaginait pas bien comment, même avec toute la vivacité d'esprit du monde, ils allaient pouvoir se sortir de ce bourbier. C'était avant qu'il aurait fallut réfléchir, pas devant la menace et le fait accomplis qu'ils étaient coincés à plus d'un degrés… Il était mage de guerre, pas faiseur de miracles, et à part brûler toute la forêt pour s'assurer de ce qui se trouvait dedans, il ne voyait pas vraiment comment régler efficacement la question pour le moment. Mais il n'avait apparemment pas le choix. Un coup d’œil décocha de biais aux vampires lui prouva qu'un autre problème allait peut-être se poser bien plus tôt que cela. Lenwë pivota agilement sur ses pattes pour lui permettre de faire face au Capitaine et au demi-cercle silencieux auquel il se trouvait soudainement en but.
Parfait, j'ai droit à mon propre tribunal accusatoire je crois...
Il n'avait cependant pas du tout l'intention de jouer à ce jeu-là. Pendant l’équivalent d’une poignée de battements de cœur, Ivanyr observa simplement le soldat face à lui, avant que son regard ne glisse sur chacun des autres cavaliers devant lui, ne montrant aucun signe d’inquiétude ou de tension. Il ancra son regard dans celui de chacun, partageant un lien, un instant d'intimité avec ces soldats, avant de revenir tourner son attention sur le capitaine, et ses questions. Et lorsque ses lèvres laissèrent échapper son souffle, la profonde vibration de sa voix, celle-ci s’avéra tout aussi calme, impavide. Il n'allait pas accepter de voir cela comme un tribunal, à la place, il comptait en faire… quoi ? Une oraison La voix profonde, calme, venimeuse, résonna près de lui, à son étrier gauche et Ivanyr n'avait pas besoin de tourner le regard vers la forme éthérée pour savoir de qui il s'agissait. Saeros. Le premier prince noir l'accompagnait depuis si longtemps, sans qu'il ne sache pourquoi, qu'il était devenu terriblement familier, sa présence parfois même rassurante pour lui. Depuis qu'il avait retrouvé Aldaron, il savait que ces spectres portaient, chacun, un message, une puissante symbolique et étaient les garants de son passé… mais jamais Saeros n'avait offert le moindre indice de ce qu'il gardait de son existence, se contentant de le défier et de se moquer de lui. Pourtant, en l'instant, quelque chose au fond de son esprit, de son corps même, lui chuchotait qu'il effleurait du doigt ce que son rival détenait, ce vers quoi il le guidait.
Ce ne serait pas un tribunal, il le refusait. Ce serait une oraison, une éloge.
« On ne peut guère défendre son peuple en étant décédé, Capitaine. Hors je l’étais. Ma résurrection est sommes toute récente »
Achroma avait commencé à vivre après l’incident de Cordont, lorsqu’une petite sotte d’apprentie Baptistrelle avait accidentellement éveillé ses souvenirs les plus douloureux, fendant la certitude d’Ivanyr à n’avoir rien à voir avec l’Aîné du peuple vampirique. C’était à cet instant qu’Achroma avait été ressuscité, s’accrochant à la vie avec peine, par cette apport d’une conscience encore frileuse, encore amère, incomplète et inquiète. Et en cet instant, il faisait un pas de plus vers la vie. Pleine, et entière. Ses mots réchauffaient son être comme l'étreinte de son amour le faisait, allumant en lui le foyer d'une certitude étrange, d'une aisance coutumière qu'il ne comprenait pas encore totalement, et qui, pourtant, lui donnait un autre port, élevant ses épaules et son visage, l'imprégnant d'une aura qu'il ne se souvenait pas posséder. Un instant seulement, il s'interrogea sur la pertinence, la justesse de ce qu'il allait énoncer, se fustigeant de ne pas trouver les mots avant qu'enfin, il ne se résigne et ne se laisse amadouer, suivant cette étrange et paisible certitude en lui, qui lui montrait la voie d'une poigne à la fermeté indéniable, qu'il ne pouvait repousser. Il devait simplement parler avec son cœur, avec son instinct, ce n'était pas plus compliqué que cela en cet instant et en ce lieu. Il savait déjà quoi dire, et n'avait besoin de rien d'autre, et malgré son incompréhension, malgré une diffuse inquiétude, il s'exécuta, suivant le flot, suivant cette implacable détermination qu'il ressentait. Tout irait bien, il se le répétait, tout irait bien, il en était assuré.
« Je suis venu ici vous aider, comme je l’ai toujours fait… et je suis venu ici pour savoir si vous étiez toujours mon peuple »
Il y eut un instant de silence, puis il poursuivit.
« Je me souvenais de mon peuple, fier, farouche, prédateur. Un peuple dirigé par un guerrier et un commandant d’exception qui assurait les intérêts de son peuple, et qui connaissait sa valeur qui faisait suivre ses paroles d’actes concrets pour la grandeur des siens sans céder aux menaces. Un peuple qui réclamait sa place en ce monde, n’hésitant pas à défier ses adversaires. Puis j’ai vu votre générale accompagnant l’empereur humain sans aucune raison valable, le protégeant plutôt que les siens. Puis j’ai eu vent de l’abandon prochain d’Aerthia pour faire de Nevrast le nouveau noyau de ce… royaume, sous la direction d’une princesse à la langue mielleuse. Je devais venir, et je me posais alors la question… êtes-ce encore mon peuple ? »
Sa monture bougea sous lui, et il changea légèrement la prise sur ses rênes. Lenwë devait ressentir une partie de ce qui advenait à son partenaire de monte. Un léger soupire souleva, puis abaissa ses épaules, tandis que la voix moqueuse de Saeros résonnait dans son esprit. Que de compliments. Tu les penses? Et il découvrait qu'il les pensait bel et bien, ces fameux compliments. Malgré l'irritation que l'Antique lui causait, malgré leurs dissensions et le sentiment de rivalité, il pensait effectivement ce qu'il avait affirmé à voix haute devant ces vampires. Une nouvelle fois, Achroma goûta l'étrange sentiment de calme et d'assurance qu'il ressentait, et l'impression de familiarité, comme s'il baignait dans une scène n'ayant rien d'extraordinaire. De nouveau, son regard parcourut les mires de chaque vampire présent avant de replonger dans celles du capitaine, sans marquer la moindre expression, le vissage lisse et royal dans la simplicité de son acceptation. Et avec une douceur recouvrant comme un ornement l’acier de sa voix, il demanda :
« Êtes-vous mon peuple, Capitaine, ou bien suis-je venu pour rien ? »
C'était tout et rien à la fois, c'était une question réelle, pleine de symbolisme, pleine de sous-entendus. Étaient-ils encore ce peuple fier, en avaient-ils même l'espoir, ou bien étaient-ils définitivement abattu, des êtres finis, qui n'attendaient que de disparaître dans les mouvements du monde ? Le silence avait reprit ses droits, les deux figures pâles se contemplant l'une l'autre, droites et fermes, sans jamais rien se céder. Pas un seul cavalier ne bougeait, et le temps s'étirait, brisant un instant sa continuité, s'attardant, comme pour offrir à ce moment unique toute son attention, le drapant d'éternité. Il revenait à eux, dans des circonstances extrêmes, délicates, là où il était parti dans des circonstances similaires. Il était décédé de façon spectaculaire et en un sens, il revenait de façon spectaculaire, bien que ce fut plus subtile. Le mage savait qu'il ne fallait pas presser les choses, quand bien même leur situation était au demeurant précaire, mais mieux valait attendre en prenant le risque de rester encore un peu que de voir des dissensions internes avoir raison d'eux les uns après les autres.
On vient de survivre aux corniauds géants, il serait dommage de gâcher un si bon point stupidement
Un rire léger, rapidement tut, le ramena à des considérations plus immédiates et il porta un regard redevenu alerte sur le capitaine de la garde. Un tic nerveux ? Il n'y avait, en soi, rien de très drôle à tout cela, sauf si l'on considérait amusant l'ironie profonde de tout cela. Le visage puissant du soldat n'avait pourtant pas montré un changement si criant qu'il fut évident et un bref instant, sa confiance vacilla sans qu'il n'en montre rien.
“Vous avez raison”
Le regard de l'épéiste le quittait alors, rejoignant le corps de la princesse, à l'abri dans le carrosse, éveillant chez le mage une fascination curieuse. Craignait-il qu'elle ne soit pas réellement en transe ? Pourtant elle l'était, ses sens magiques le lui affirmait. Il ne pouvait, et ne voulait, pourtant le lui confirmer de vive voix car cela aurait montré qu'il avait comprit sa pensée avant qu'il aille au bout de ce qu'il désirait lui dire. Hors, certaines choses devaient restées coites, saisies mais non affirmées. Il s'agissait d'une délicatesse nécessaire. Il ne pouvait que lui accorder toute son attention, transmettre par de petits gestes, et expressions, ce qu'il pensait.
“Le royaume est voué à sa perte, les traîtres à sa cause sont partout, autant dans les basses que les hautes sphères. Notre fin est proche, bientôt nous serons pendus par la politique, assassinés par les nôtres et vaincus par de vulgaires esclaves.”
Des esclaves… les Graarhs. Voilà qui poserait certainement souci, mais ils avaient le temps d'en rediscuter lorsqu'ils seraient tous en sécurité et qu'ils auraient enfin réglé la question de cette menace au commerce écarlate. C'est une insulte Achroma, tu le sais aussi bien que moi. Ils nous prennent pour des animaux de compagnie que l'on peut nourrir à la main ? Nous chassions nos proies, à l'époque, toi comme moi. Combien de jeunes femmes et de jeunes hommes as-tu vidé ? Combien de FILS as-tu décidé de créer sur un coup de tête ? Ce commerce écarlate est une hérésie ! Il déglutit légèrement dans un vague mouvement de la tête destiné à cacher le geste. La voie de l'Antique se faisait insistante, envahissante en lui, comme une palpitation dans ses tempes et ses oreilles. Un effort de volonté le relégua au rang de désagréable compagnon de pensées, sous son contrôle, mais sa soudaine virulence l'inquiéta. Était-ce ce qu'il pensait au fond, quelque chose qu'il n'osait exprimer par égard pour Aldaron qui tenait à ces affaires ? Achroma n'en était pas certain, et comme tout ce dont il n'était pas certain et qui ne risquait pas d'attenter immédiatement à sa vie, il le conserva pour y réfléchir ultérieurement.
Ils échangeaient de nouveau un regard, prunelles mutuellement plongées dans leurs mires, et il cillait, comme un chat accordant une forme de confiance partielle à un être humain. Puis les mots, le crispant de leur importance, lui coupant le souffle sous une émotion débordante, cascadant et irradiant au travers de son être jusqu'à ce qu'il en rayonne silencieusement. L'émotion plantait ses griffes, faisant vibrer son être au diapason de l'instant et de son importance. Renaissance le couronnait, lui l'Aîné, le rassembleur, plus qu'aucune mémoire ne le ferait, son existence s'ancrant aux yeux de son peuple. Son peuple. Le concept même semblait étranger, et pourtant amant familier, dont il caressait soudain les formes attrayantes. L'impression de réalisation s'ancrait, éclipsant le danger de leur situation. Chaque fibre de son être s'imprégnait de l'extase d'une triomphante élégie. Ils étaient son peuple, et lui était leurs, il le sentait si profondément en l'instant, si totalement, si impérieusement que si l'euphorie ne l'avait enivré, il s'en serait très certainement inquiété.
“J'aimerai être des vôtres... Aîné de la nuit, j'aimerai rendre la fierté à notre peuple....”
Il y avait tant à lire en cette simple affirmation, mais une fois encore il se contint, embrassant du regard cette étrange assemblée, fébrile sous son apparence aussi régalienne que stoïque. L'autre reculait pour rejoindre les rangs, lui cédant la place, un geste emprunt de signification.
“Je serais honoré d'accepter votre aide, si vous daignez encore nous la donner, et nous guider.”
La voix lui manquait. Il lui fallait toute sa conscience et sa discipline pour ne pas se perdre et tâcher de ne rien perdre de ce qui se passait. Une autre voix s'éleva du groupe de cavaliers, et il mira le soldat en question, absorbant ses dires pour ce qu'elles étaient. Il était accepté, chose qu'une part de lui trouvait parfaitement naturelle, alors que l'autre s'en étonnait.
“Et il en va de même pour chacun ici”
Il allait enfin répondre, lorsqu'une dernière voix s'éleva. Appelant encore à cette Renaissance qu'il enlaçait. Là, en lui, il touchait presque du doigt un souvenir encore indistinct, encore verrouillé, mais il lui manquait encore quelque chose pour parvenir jusqu'à lui. Tu le sais. Tu le sens. Ne fait pas l'enfant, cela ne te va pas du tout.
“Guidez nous”
Un infime silence, velouté comme la caresse d'un tissu délicat, comme le souffle d'une brise tiède. Leurs regards restaient rivés sur lui, tous sans exceptions. Il n'avait jamais été le centre d'une telle attention. Tu l'as toujours été. Il en était intimidé. C'était ton quotidien, l'air que tu respirais. Il ne savait pas quoi leur répondre sans paraître gauche, sans avoir l'impression de manquer le cœur de tout ceci. Tu sais quoi dire, tu n'as pas à y penser.
« Aujourd'hui et à jamais »
Sa voix était profonde, lacée de gravité, gravée dans l'acier. En cet instant, il était Achroma et il vivait. Se dressant là, figure illuminée, il posa de nouveau son regard sur chacun d'eux, tandis que le serment s'étiolait, chuchoté puis respecté. Aujourd'hui, en cette heure, et à jamais. Ils étaient des siens. L'instant de grâce dura encore un moment, puis, alors que la nécessité reprenait ses droits, il se trouva devant une problématique de taille. Irina. Devait-il la laisser là ? L'abandonner ? La garder avec eux ? Un instant, il pondéra, puis l'évidence vint. La différence, peut-être l'unique, entre Saeros et lui-même. Sans doute allait-il ajouter d'inutiles complications à tout cela, mais elle venait avec eux. Il s'écoula encore quelques instants, et il se secoua finalement, ivanyr reprenant ses droits sur sa conscience. D'un signe de la tête il désigna l'encombrant carrosse.
« Cette chose nous ralentit plus qu'elle n'est utile. Sortez-moi la de là-dedans et amenez la »
Ils avaient encore un blessé qui nécessitait des soins, et il demanda aux deux vampires qui avaient des notions de premiers secours de s'occuper de lui. Sa monture pivota sur elle-même pour l'approcher du dragon à présent guérit. Lenwë s'approcha jusqu'à une dizaine de pas mais pas davantage, ses yeux intelligents observant le prédateur à écailles avec une méfiance toute naturelle. Lui-même prit sur lui de surpasser l'impression sinistre de la créature et l'angoissante idée de laisser Aldaron entre ses griffes. Déglutissant légèrement, il s'adressa après un bref instant de discipline à la créature. Décidément, celle-ci lui laissait une impression insupportablement proche du dragon de ses délires et il n'aimait pas cela. Peu importe ce que l'elfe pouvait bien affirmer, il n'était pas si simple de fermer les yeux et de croire la bouche en cœur quand on gisait si près du noyau de ses souffrances.
« Kaalys, je vous remercie de votre intervention pour défendre le convoi contre les Fenrisulfr. Je suis ravis que mon lié ait pu s'occuper de vos blessures également. Mais à présent, j'aurais besoin de votre aide, une faveur que je sollicite… en espérant qu'elle ne vous soit pas trop désagréable. Accepteriez-vous de porter Irina sur votre dos, afin de la protéger ? Le carrosse est bien trop lourd et encombrant, surtout dans ces bois, et nous avons déjà à nous inquiéter des charrettes des fûts… Je pense que vous serez une bien meilleure assurance de sa survie que ce morceau de métal sur roues »
Une fois qu'il eut la réponse du dragon, il retourna auprès des vampires et donna ses instructions pour que celui qui transportait la femme-enfant aille la sangler sur le dos du fils des airs, devant Aldaron, afin qu'il puisse la contrôler lorsqu'il s'éveillerait de son repos. Sur l'instant, il en profita également pour apprendre le nom de chaque soldat de la nuit, à commencer par le Capitaine, Glenn Avarion. Saeros avait de nouveau disparut, sans doute fatigué de lui reprocher de laisser la vie sauve à la princesse en titre et vexé qu'il l'ignore royalement. Les charrettes contenant les fûts n'avaient pas été endommagés, fort heureusement. Un bon point supplémentaire pour eux, mais loin d'être satisfaisant. Il revint vers le blessé, pondérant l'idée de tenter de le soigner. Il n'avait jamais fait cela, mais si Aldaron, marchand et politicien, pouvait le faire, il n'y avait aucune raison que lui ne le fasse pas. Puis, enfin libéré de tout cela, il pu de nouveau s'adresser à Ashaal, comme il avait eut l'intention de le faire depuis le départ.
« Ces loups… Quelque chose n'allait pas avec eux, n'est-ce pas ? Ceux qui ont attaqués vos frères devaient également avoir arrangé l'attaque du convois. Pensez-vous encore être capable de nous servir d'éclaireur ? »
Je pallie le manque de prévoyance des autres et je répare avec des bouts de ficelle. Quel bonheur...
Il l'observa un bref instant de bas en haut. L'idée de devoir argumenter avec elle ne lui plaisait que moyennement, hors la femelle avait un sacré caractère, de ce qu'il avait pu voir. Quelles certitudes possédait-il dans tout ceci ? Soit il partait du principe que leurs prédateurs actuels s'attendraient à ce qu'ils changent de trajet pour atteindre leur destination… Soit c'était l'inverse, et il n'avait aucune information particulière pouvant lui permettre de se décider pour l'une de ces deux solutions. Rebrousser chemin complètement ? C'était très tentant en fin de compte. Mais cela ne réglerait pas la situation. Il tourna légèrement la tête, pour trouver le capitaine à ses côtés et reprit la parole. Sa voix fut basse, lorsqu'il s'adressa autant au soldat qu'à la féline, afin qu'ils soient les seuls à entendre.
« Escorter le convois ne résoudra pas notre problème sur le long terme. Il faut régler la question une bonne fois pour toute, et faire passer à ceux qui nous défie le goût de la rébellion. Mais continuer aveuglément sur la route ne nous servira pas forcément davantage. Retournons la situation, tendons leur un piège. Notre situation est précaire, de façon forte évidente. Simulons un accident, un chariot avec une roue cassée, par exemple, après l'attaque des Fenrisulfr, cela ne serait pas si étonnant. Une partie des nôtres restera avec le convois pendant que les autres feront semblant de repartir vers Nevrast. Là encore, avec des blessés, cela s'expliquerait aisément. Nous avons des mages capables d'user de la brume des morts pour dissimuler ceux qui partirons afin qu'ils puissent se poster en embuscade »
Il leur fit signe d'y réfléchir, et retourna auprès de Kaalys. Le dragon serait une part importante du plan, s'ils parvenaient à le monter correctement, aussi fit-il comprendre au fils des airs qu'il désirait lui montrer quelque chose. Il ne voulait pas en reparler pour le moment et par bonheur, bien que cela le glaça, le dragon pouvait s'infiltrer dans son esprit pour y piocher les images de l'idée qu'il nourrissait. Pouvait-on faire plus discret que cela ? Maintenant qu'il avait planté les crocs dans le problème, il voulait vraiment le résoudre et il le résoudrait ! A l'explicatif qu'il essaya de transmettre à Kaalys, il ajouta une question au sujet de la capacité de l'écailleux à voler sous le couvert des arbres, car cela pourrait grandement leur servir. Puis, il indiqua le petit groupe qui se formait afin que tous deux se déplacent vers lui. Ainsi, Aldaron ne serait pas en reste.
Directives :
Au moment ou les paumes d'Ivanyr touchent le sol, un mur de force impénétrable et infranchissable se forme entre lui son lié et Asshaal et le reste du convoi. Profitant de la défense que lui offre le vampire, elle s'approche et en invoquant son glyphe, tente de faire fuir les Fenrisulfrs, malheureusement cela s'avère ineficace : Le combat fait toujours rage, Kaalys est gravement blessé et Irina, la princesse noire, gise dans la neige inconsciente, le visage déchiré par les griffes du loups des glaces qu'elle a tenté de défier. Le combat tout de fois est rapidement mené à son terme lorsque Kaalys, débarassé de ses aggresseurs par la précision redoutable d'Aldaron, fait brûler vifs deux de ses ennemis. Les loups des glaces s'enfuient alors, vaincus par le feu redoutable.
Les ennemis ont été repoussés, mais les conséquences de son attaque sont bien présentes : Les soldats vampiriques sont rassemblés autour d'Irina, à peine consciente de ce qui l'entoure. La seule alternative à la mort de la reine des vampires semble être de la plonger dans la glace, si des soins lui sont administrés ils ne sont certainement pas assez efficaces. Le capitaine joue de son autorité et ordonne à quiconque en a les capacités de soigner la princesse. Aldaron s'avance alors, après s'être entretenu avec Ivanyr, et use d'un artefact magique pour soigner la princesse, avec l'aide d'un assistant. La douleur qui irradie le corps de la vampire semble être terrible, mais les effets sont surprenants : Le visage déchiré de l'enfant roi cicatrise à une vitesse impressionnante, rapidement, les plaies sanglantes ne sont plus que des balafres qui rayent toute la moitié gauche de son visage. Les soldats se chargent rapidement de la suite, redressant le carrosse royal grâce à la force vampirique, ils y portent Irina, toujours plongée dans une profonde transe, pour qu'elle puisse se reposer à l'abris.
Si le soulagement peut se lire dans les regards de la plupart des vampires, ils passent bientôt d'Irina à Aldaron, puis à Ivanyr, Ivanyr qui maintenant visible aux yeux de tous, possède la carrure, la force et le visage d'une des plus prestigieuse entités du monde vampirique : Achroma Seithvelj. Le silence règne suite au discours d'Aldaron, qui s'en va ensuite soigner Kaalys jusqu'à l'épuisement. Si les quelques gräarh et mercenaires restent en retrait, les vampires eux forment rapidement un demi-cercle autour d'Achroma. Le silence est glaçant : Tous le contemplent. Le capitaine reste un moment en retrait, passant refermant ses propres yeux de ses doigts blancs, les sourcils froncés, il s'avance finalement au millieu du cercle pour y rejoindre Achroma, il lui demande les raisons de son retour.
Comment réagit Ivanyr ?
Sort évoqué :
Brume des Morts - Magie vampirique
Une brume épaisse qui permet au vampire de ne pas être remarqué.