J’entends un puissant soupir, presque signe de soulagement. Mon regard se pose sur l’elfe adulte, que les Aigles ont réussi à libérer des débris du charriot. Le
feu de la vie s’est éteint en lui. Malgré la chaleur du désert, le
froid va maintenant étreindre son cœur, alors que son âme quittera son corps pour rejoindre le royaume des morts. Le
vent charrie du sable et assèche la gorge. Il souffle sans merci sur ce décor, comme il a soufflé sur la flamme vacillante de la
bougie qu’était la vie de cet elfe. Ou plutôt le flambeau qu’elle était. Maintenant, la voie est de nouveau libre, et ce brave elfe ne se perdra plus dans les limbes. Il a lutté contre les torpeurs de la mort, dans l’espoir de voir venir quelqu’un. Une personne qui viendrait sauver son enfant. Maintenant son esprit est comblé et sa libération permet à son corps d’abandonner la lutte. Son visage, même brûlé par le soleil est tellement paisible maintenant, et je peux presque y discerner un sourire. Du moins, est-ce que j’aimerai bien y voir. Je jure à son âme courageuse de trouver à cet enfant une famille qui saura s’occuper de lui.
J’ai le cœur emplit de détresse. Ma voix tremble devant les questions qui s’impose à mon esprit. Même en revenant du royaume des morts, la fin de la vie reste un mystère et une source instinctive de crainte pour la mortelle que je suis. Ma la vision de mon amant m’ancre de nouveau dans la réalité. Le contact de sa main sur mon épaule me réchauffe le cœur. Il me rappelle tout le
bonheur que nous avons vécu ensemble et tout celui qui reste à venir. Il me redonne force et courage et la certitude que l’avenir, bien qu’inconnu, n’est pas à craindre. Sa voix douce et son regard plein d’amour me font sourire malgré moi. Il est mon rocher, mon ancrage dans ce monde qui ne demande qu’à revenir à l’harmonie. L’existence même de Seö me pousse à rendre ce monde meilleur, à l’image de cet elfe magnifique que rien ne semble ébranler. Je vois
scintiller dans ses yeux l’espoir de jours meilleurs. Ils le seront pour moi, tant qu’il sera à mes côtés.
Sa solution est logique. Retourner au camp, là où j’aurai de la logistique, de mains, de matériel pour venir en aide à l’enfant. Où d’autres personnes pourront s’occuper de lui. Je ne pense pas pouvoir faire beaucoup plus pour lui, seul le temps le pourra. Mais je dois le mettre en sureté, et dans un confort plus grand. Pourtant mon cœur est retissant à l’idée de quitter mon amant même pour un court moment, dans un territoire aussi dangereux. Mais je me raisonne. Seö sait se défendre et il n’est pas seul. S’il estime qu’il n’y a pas de danger, alors je me devais de lui faire confiance.
Je me relève, le bébé dans le panier dans les bras, et pendant un court moment, je regarde fixement Seö dans les yeux. L’ambre de son regard m’hypnotise comme il l’a toujours fait. Je lui souris tendrement et le vois me voler un baiser. Je ferme les yeux au contact fugace de ses lèvres, savourant ce moment unique. Il n’a pas le même goût que nos autres baisers. Le même amour, oui. La même passion aussi. Mais, la retenue dont nous faisions preuve devant les Aigles, la tension de vivre l’un à côté de l’autre sans oser vraiment se regarder, tout cela vole en éclat. Les apparences tombent et me replonge dans le passé, il y a presque un an. Tout y est, le
vent chaud du désert m’amène les douces odeurs des forêts de Calastin, l’odeur des
sapins et du feu de camp, pendant que je sors de la caravane, suivant le renard dans les sous-bois et dans la
nuit, pour retrouver celui qui hantait mes rêves sans vraiment le savoir, celui qui était l
’étoile de mes jours, le soleil de mes nuits, mon seul et unique amour.
Ce baiser, à peine effleuré, fait remonter notre voyage à travers l’île des hommes, lorsque l’
hiver est venu, et le
rouge de l’automne fut supplanté par le blanc de la
neige. Seul les
verts conifères trompait l’ennui de leur inébranlable feuillage, regardant, le long
froid de décembre s’installait sur le monde, mais qui n’a en rien refroidit le
feu de notre amour. Ces
joyeux moment d’innocence, Seö, le renard et moi, partagés dans un amour simple et pur. Les jeux dans la
neige, les
bonhommes de neige plus ou moins humanoïde, les lacs transformés en
patinoire pour nos cœurs aguerris par notre amour, la traque des
rennes avec le renard, sa frayeur et notre fuite quand ses derniers avaient estimé que la plaisanterie avait assez duré, les chariot transformés en
traineau à cause de l’absence de route, les
festivités que les colons amenaient avec eux de leur ancien village, quand ils dansaient sous les
guirlandes de
bougies et de lanternes qui
décorait le convoi. Les voyageurs retombaient en enfance, libre enfin de vivre selon leurs règles. Mais après tout, l
'enfance c'est de croire qu'avec le beau sapin et trois flocons de neige, toute la terre est changée. Ce serait tellement plus simple ainsi, mais la vie n’aurait pas le même goût peut-être.
Puis le printemps arrive, le retour des beaux jours, des oiseaux, le rire des enfants, les poursuites dans les bois. Les marchands ambulants reprenant leur voyage pour ravitailler les villages reculés, ou allant de ducasse en ducasse, pour proposer leur fourniture exotique, de l’épice rare au
bonbon bariolé en passant par des
biscuits tellement secs qu’on s’y cassait les dents. Les trouvères aiguayant les routes et les soirées de leurs
chants, cloches et clochette à leurs souliers d’où dépassaient des
chaussettes aux couleurs si vives qu’elles en brulaient les yeux des passants. Toutes ses
nuits, l’un contre l’autre, juste à nous aimer, sans penser au reste, sous les
étoiles infinies..
Ses lèvres ont à peine effleuré les miennes qu’elles s’éloignent déjà, brisant la
magie de notre amour un instant consumé. Je vois le rouge monter à ses joues, mais je ne ressens aucune gêne pour ma part. Je l’aime tellement que le montrer ne me parait pas une faiblesse. Je sais qu’il ne faut pas qu’on le montre, que sans saper son autorité, le fait d’être là, d’être extérieure à son unité et d’être son amante pourrait être comme un passe-droit qu’il s’octroie. Mais ça n’a pas d’importance à mes yeux. Ce simple baiser, à peine donner vaut plus que toutes les déclarations du monde. Et je n’en ressens que plus d’amour pour lui. Ma vie a été comblée, mais je pense qu’il est le plus beau
cadeau que le monde m’ait donné. Je voudrai lui dire que je l’aime, que je l’adore, que je ne vis que pour être à ses côtés, qu’en son absence je n’aspire qu’à son retour malgré moi. Mais ce n’est pas le moment. Qu’après un instant si doux, il n’y a rien à dire. Juste à sourire timidement en ne détachant pas mon regard du sien. Qu’il est beau. Comme je voudrai lui faire comprendre ô combien il fait mon
bonheurComme il me l’a demandé, je remonte sur mon cheval, en prenant soin d’Elëmir. Je jette un regard à mon amant.
Ne restez pas trop longtemps. Le danger peut toujours rôder. Je ne sais pas pourquoi je dis ça. Les Aigles sont capables de se défendre et d’explorer sans mes conseils. Mais c’est un moyen pour moi de montrer que je tiens Seö. Je ne peux pas lui dire à quel point je l’aime comme ça. Alors je lui dis de prendre des précautions. J’espère qu’il me comprendra. Puis, accompagnée de Lanä et d’Isyon, je me dirige vers le campement, au pas pour ne pas secouer l’enfant.
Lanä est une fille très jeune, presque plus jeune que moi. Son armure en cuir légère a dû être faite sur mesure pour contenir ses formes féminines et elle tient une lance finement sculptée à la main dont la pointe est enveloppée dans une
chaussette pour la protéger du sable. Ses cheveux roux ondulés sont maintenus en place par une queue de cheval et ses yeux verts sont d’ordinaire plein de malices et de joie. Mais maintenant sur son cheval, elle avait du mal à retenir ses larmes devant le carnage dont nous avons été les spectateurs. Je comprends mieux la rumeur à propos de la guilde d’exploration. De jeunes et inexpérimentés guerriers pour la plupart dit-elle. J’ai vu les Loups, et s’ils sont jeunes, ils sont loin d’être inexpérimentés, quant aux Aigles, ce ne sont pas des guerriers, ce qui explique l’état de choc de Lanä. Je place mon cheval à côté du sien, puis d’une voix douce, j’essaye de la consoler.
Il n’y a de honte à pleurer. Ce qui leur est arrivé est horrible et ce sentiment de profonde tristesse qui fait de nous des humains. Mais sache que là où ils vont, le chemin est clair et paisible. Leur âme n’est pas perdue. Si leur trépas a été douloureux, maintenant ils sont au repos. Et puis, un enfant vivra. Chez les elfes c’est assez rare de les voir enfanter. Qu’il survive devrait nous emplir de joie. Nous devrions fêter cela plutôt que les pleurer. Elle renifle bruyamment et me fait un sourire contrit.
Maman disait toujours : « Y a pas de vrai fête sans quelqu'un qui pleure. » D'habitude c'est moi. Aujourd’hui, je ne ferai pas exception. Et puis, c’est un tout. Je sais bien que la mort, bien que terrible pour ceux qui reste n’est pas mauvaise en soi. C’est un tout. Et puis, ma famille me manque. Je viens d’une cité libre, ma famille s’est battue contre l’empereur. J’aime l’exploration mais le pays me manque. Là-bas, je sais juste que quelque chose m’attend au pays. Le pays ? Mais qu'est-ce qu'il sait le pays sur ce qu'on souffre ici ? Je vais vous dire moi, je me suis senti plus proche des gens normaux, que ceux qui crient " Mort aux Impériaux" chez eux bien au chaud devant leur dinde aux marrons !! Alors ne me parle pas du pays Isyon intervient d’un ton sec et agressif. C’est deux là semblait s’entendre pourtant, mais il y a un gros différent entre eux. Son intervention a le don de faire se ressaisir Lanä.
Ma famille n’a jamais pu s’offrir une dinde. Et je trouve ça très déplacer comme remarque venant d’un type de Caladon qui s’agenouille devant un homme sous prétexte que… Doucement. Calmez-vous, vous allez réveiller le petit. Et ce n’est pas la peine de se disputer pour ce genre de chose. Vous êtes frère et sœur aujourd’hui. Votre guilde n’est-elle pas neutre ? Les deux Aigles baissèrent les yeux un peu honteux. Et marmonne des excuses. Je leur réponds d’un sourire indulgent. Ca me fait étrange de me dire que je suis probablement l’ainée de ses deux Aigles, moi qui ne traine généralement qu’avec des elfes bien plus âgé que moi.
Je vérifie que le jeune elfe na pas été gêné, et en profite pour le réhydrater. Je remarque alors qu’à côté de sa tête se trouve un objet de bois. Je le prends délicatement l’objet. Il s’agit d’un cygne finement sculpté, probablement un
jouet pour l’enfant. Je le repose délicatement à côté du petit. Il respire mieux maintenant et sa peau reprend des couleurs plus vivantes. Il s’en sortira. Isyon toussa discrètement.
Fille de l’Ondée, je voudrai vous remercier. Je n’ai pas eu le courage de le faire avant de peur, de peur de votre réaction. Je ne sais pas laquelle, c’est stupide. Mais je voudrai vous dire merci du fond du cœur car sans vous, je ne serai pas ici. Sur Ambarhuna vous m’avez sauvé la vie et prodigué la douceur dont j’avais besoin en ces moments de troubles. Alors merci. Je rougis violement et détourne le regard gênée. J’essaye de balbutier un « ce n’est rien » mais je ne fais que bafouiller un son inintelligible. Lanä rigole accompagnée rapidement de Isyon.
Et hum, sinon… vous et le capitaine vous… Lanä pose la question d’une petite voix et mes joues piquent un fard encore plus grand. Où est donc passé l’assurance que j’avais tout à l’heure au moment du baisé, à ce moment de
bonheur intense. La jeune femme rigole de nouveau mais après l’éclat d’Isyon. Je dois être aussi
rouge qu’il est humainement possible de l’être.
Soudain, le
vent nous apporte le bruit de sabots amoindri par le sable. Je me retourne pour voir le reste des Aigles arrivés au galop. Mon amour est déjà de retour. Mon sourire s’efface au profit d’une ride de froid. Il y a de grand mouvement derrière et alors que les cavaliers approchent, je ne vois pas Seö. Mon regard s’agrandit.
Lanä, amène l’enfant au camp, je reviens. Surprise, la jeune femme le prend sans protester. L’enfant est hors de danger, et n’a plus besoin de mes soins spécifique.
Je lance ma jument au galop en me rapprochant des Aigles je distingue une forme au loin. Il ne peut s’agir que de Seö. Et les créatures qui l’accompagnent me font
froid dans le dos. Des vers des sables. Deux exactement. Je n’entends pas les Aigles qui me disent de m’arrêter et traversent leur rang au galop. Il ne me faut pas longtemps pour arriver au niveau de mon amant, et encore moins pour calmer les bêtes sauvages et agressive. Je libère la
magie enfermée dans le corset qui ne quitte jamais hors du Domaine. Le
chant du vêtement se libère dans ma tête et autour de moi. Elle apaise les esprits et les vers s’arrêtent de faire leur ronde menaçante, pour finalement s’arrêter et repartir de là où ils viennent.
Je passe au niveau de Seö et me laisse tomber dans ses bras. L’enlaçant à l’étouffer. Je remarque seulement à quel point j’ai eu peur pour lui et auquel point j’ai grandi. Il y a encore un an, j’aurai été paralysée par cette vision, incapable d’agir.
Tu vas bien ? Tu n’as rien ? Pourquoi tu n’as pas suivi les autres ? Pourquoi tu as voulu faire l’appât ? Tu m’a fait si peur. Tu n’es pas blessé tu es sûr ? ’objet’ :
Corset en os de baleine
Objet rare
Corset existant autant pour femme que pour homme. Fait d’une seule épaisseur de coutil, fait d’une toile tissée à partir tissu parfumé. Par-dessus ce coutil sont cousues, avec des fils faits de tissu gemmé, des pièces de cuir de baleine, connu pour sa souplesse particulière, et teintée en couleur bleu lagon. Cette pièce est particulièrement souple ce qui permet à son porteur de respirer aisément et ne pas se sentir trop opprimé. La deuxième pièce composant le corset, le busc, est fait d’os de baleine et maintient une rigidité parfaite et offrant une résistance particulièrement solide sur le devant du vêtement. Le troisième élément composant le corset, les baleines, sont faits de vrais fanons de baleine. Enfin le laçage est fait également de tissu parfumé et les œillets renforcés en rysine. L’odeur entêtante s’en dégageant semble rappeler les effluves de l’océan, apaisant les individus autour du porteur.
• Chant des cétacés : permets d’émettre un chant semblable à celui des baleines à bosse qui interdit la violence à toutes personnes de force mentale inférieure à celle du porteur autour de lui. S’annule si le porteur fait preuve d’agressivité.
[/b]
pointage :
Biscuit
Bonbon
Bonheur
Bonhomme de neige
Bougie
Cadeau
Chant
Chaussette
Cloche
Décembre
Décorer
Dinde
Étoile
Festivité
Feu
froid
Guirlande
Hiver
Jouet
Joyeux
Magie
Neige
Nuit
Patinoire
Renne
Rouge
Sapin
Scintiller
Traineau
Vent
L'enfance c'est de croire qu'avec le beau sapin et trois flocons de neige toute la terre est changée.
Le pays ? Mais qu'est ce qu'il sait le pays sur ce qu'on souffre ici ? Je vais vous dire moi, je me suis senti plus proche des gens normaux, que ceux qui crient " Mort aux Impériaux" chez eux bien au chaud devant leur dinde aux marrons !!
Maman disait toujours : « Y a pas de vrai fête sans quelqu'un qui pleure. » D'habitude c'est moi.
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