Seö Wënmimeril
Identité de votre personnage
Race : ElfeNom : Wënmimeril
Prénom : Seö
Surnom : - [Titre : Loméngrin (Echo d'acier)]
Date de naissance : Octobre 1577
Age réel : 186
Age en apparence : 22 ans
Lieu de naissance : Ancien Royaume Elfique
Lieu de vie : Nomade
Rang social : Petit peuple
Poste/emploi : Maitre des glyphes (Artisan)
Caractéristiques (Cliquez ici pour les compétences)
Force physique : Moyen
Agilité : Bon
Furtivité : Moyen
Réflexes : Bon
Endurance : Très bon
Résistance : Moyen
Force mentale : Bon
Perception : Moyen
Intelligence : Bon
Beauté/charisme : Bon
Navigation : Faible
Magie : Bon
Epée : Médiocre
Dague et poignards : Médiocre
Armes d'hast : Maître
Armes contondantes : Bon
Hache : Médiocre
Fouet : Médiocre
Art du lancer : Médiocre
Bouclier : Médiocre
Armes de trait : Médiocre
Mains nues/pugilat : Moyen
Equitation : Faible
Dressage : Faible
Equipement
Arme principale : Ahavarion, le chante acier.
Une arme étrange, composée d’un manche et de deux lames légèrement incurvées situées à chacune de ses extrémités. Le manche est en bois blanc, et le tissu qui le recouvre est beige.
Glyphe : Efficacité - Draconique [+1 à la maitrise de l'arme]
Glyphe : Résonance - Draconique [L’acier des deux lames de la lance produit des vibrations conséquentes dans les armes et armures en acier des individus ayant été en contact avec la lance. La résonance vient gêner les déplacements et leur maniement, leur apportant un malus (jusqu'à -5 en intrigue) à leur utilisation. La résonance n’a effet que sur les armures et armes métalliques. L'effet se dissipe quelques minutes après avoir touché la lance (1 tour d'intrigue) et peut se réappliquer si le contact se fait à nouveau]
Autres objets :
Sceptre de Fenris
Un long sceptre en bois blanc dont l’extrémité prend la forme d’une griffe de loup recourbée. Des gravures parsèment le bâton, représentant une fresque où l’on peut entrevoir des scènes comprenant hommes et loups. Ces miniatures n’offrent pas quelque chose de vraiment cohérant toutefois, elles semblent être une simple décoration.Glyphe : Loup-de-Givre - Draconique [Invoque pour une durée limitée (3 tours en intrigue) un loup blanc aux griffes gelées de la taille d’un grand loup. L’invocation suit les ordres et les intentions du lanceur. La créature est matérielle et donc peut subir des blessures qui peuvent écourter son temps d’invocation. Lorsque ce dernier est terminé, la créature se désagrège. Le loup peut être invoqué 1 fois par jour.]
Sceptre de gel
Glyphe : Pluie glacée - Elémentaire [De nombreux pics de glace s’échappent de l’extrémité du bâton et s’abattent sur l’emplacement ciblé. Les dégâts peuvent être importants sur les cibles dépourvues d’armures, modérés pour les utilisateurs d’armures légères et moyennes, et relativement faibles contre les armure lourdes.]
Nurtalëhir, le Seigneur disparu
Armure de cuir blanc aux lanières beiges, très claire, très souple, elle est enchantée pour donner une agilité de félin à son porteur ( + 2 à la caractéristique ). Matériel : cuir. Glyphe : Agilité féline – Draconique [Augmente de deux rangs l'agilité du porteur]
Glyphe : Brume – Draconique [Permet 3 fois par jour pendant une esquive de se transformer momentanément (pendant une seconde) en brume pour ainsi passer au travers de n'importe quel assaut.]
Sticharion de lumière
Tunique tissé d'un ensemble de soie et de cuir sylvain de couleur blanc doré qui semble luire d'une faible lueur en permanence, elle s'arrête à mi- jambe et protège très bien du froid et de la chaleur et permet de voir même la nuit grâce à son halo. Des filigranes et des calligraphies crème couvrent les bras et le col de la tunique et les coutures sont imbibées de magie. Seö porte cette tunique sous son armure de cuir, ce qui réduit considérablement le halo lumineux produit par le vêtement. Glyphe : Douce lumière – Elémentaire [Emet un halo lumineux perceptible qui illumine les alentours]
Glyphe : Protection thermique – Elémentaire [Offre une bonne protection contre les aléas de températures]
Glyphe : Protection magique – Draconique [Offre une bonne protection contre la magie jusqu'au niveau puissant inclut]
Glyphe : Indestructible – Draconique [L'objet possédant cet enchantement est indestructible, mais le porteur peut très bien être atteint par des attaques physiques]
Cape de voyage
Une grande cape de tissu blanc. Elle est de bonne facture et permet de se protéger des intempéries avec une efficacité relative. Elle possède un col et une capuche qui lui permette de cacher une grande partie du visage de l’elfe Bottes de voyage
Glyphe : Marche du vent - Rune [L’enchantement prend effet lorsque le lanceur frappe ses talons l’un contre l’autre. Il voit alors sa vitesse et son endurance augmenter, ce qui lui permet de parcourir de la distance et de voyager à bonne vitesse.]
Fourreau dorsal
Une accroche peu commune posée au-dessus de la cape de l’elfe. Elle possède plusieurs emplacements permettant de ranger jusque cinq bâtons et une lance dans le dos sans trop gêner les mouvements ou la marche. Cet objet a été fabriqué par Alvis, et est spécialement conçu et adapté à la physionomie de l’elfe. Description physique
Physionomie
Séo est un elfe un peu plus grand que la moyenne [Environ 1m90] avec une peau légèrement mate. Son corps est svelte et élancé, et il possède une musculature fine liée d’une part à ses voyages, et d’autres part à tous ses entrainements. Habitué aux climats de plusieurs zones d’Ambarhùna, le jeune elfe s’adapte plutôt bien à tous les types de températures. Toutefois, il semblerait que son corps résiste mieux au froid plutôt qu’aux fortes chaleurs. Blessé lors des combats récents qui l’ont opposé aux Almaréens puis à la Théocratie, on peut apercevoir de longues cicatrices blanches remontants jusque sous son menton. Même si elles sont moins visibles et semblent moins grave, ses cuisses, ses bras et ses côtes sont aussi zébrées de vestiges de ses combats passés.
Visage
Le visage de Séo est fin, plutôt avenant. Sa chevelure blanche jure avec sa peau mate, lui donnant davantage de relief. Ses cheveux sont plutôt courts d’ordinaire, et souvent en bataille. Ses yeux sont de couleur marron, légèrement ambrés, et il possède souvent une lueur bienveillante dans le regard. Il a un sourire plutôt avenant, dévoilant une fine dentition blanche. On peut également observer une légère coupure au niveau de son oreille droite. Il n’a généralement pas de barbe, se rasant d’assez près lorsqu’il en a l’occasion.
Tenue
Lors de ses différents voyage, Séo est équipé d’une fine armure de cuir foncée, enveloppée dans longue cape noire. Sa tenue possède un col qu’il remonte souvent jusqu’au niveau du nez, cachant ainsi ses blessures au menton. Il voyage souvent la capuche rabaissée, ne laissant finalement entrevoir que ses yeux. Il est équipé d’une solide ceinture à laquelle sont accrochées de petites sacoches ainsi qu’un petit grimoire, suspendu au niveau de sa cuisse par deux solides chaines attachées à cette ceinture. Au pied, il porte une paire de botte de qualité, mais usée par ses différents voyages. On peut distinguer d’étranges symboles sous la chaussure. Le reste de son équipement est porté sur son dos par un solide harnachement. Il se balade souvent avec sa lance ainsi que divers bâtons, tous attachés par le même mécanisme. Cet harnachement est généralement recouvert d’un grand sac en cuir brun qu’il utilise pour ses voyages.
Description mentale
Seö était quelqu’un de profondément gentil au début de ses voyages. Il n’a pas perdu cette gentillesse mais elle est désormais beaucoup plus mesurée. Il se soucie des autres sans toutefois être un preux chevalier au service de la veuve et de l’orphelin. Il aide dans la mesure du possible, sans non plus vouloir se mettre en danger ou nuire à sa propre santé. Ce comportement est essentiellement valable pour les inconnus, il agit différemment lorsqu’il s’agit de ses proches.
A côté de ça, Sëo peut être quelqu’un d’assez silencieux. Sans tomber dans le mutisme ou l’asociabilité, il n’a pas la verve que peuvent avoir certains représentants de son peuple. Il se fait souvent discret lorsqu’il est en communauté, préférant voyager seul ou éventuellement en petit groupe. Toutefois, il est assez facile de lui parler, c’est simplement qu’il est rare qu’il vienne faire le premier pas.
Famille
Sëo a toujours été très proche de sa mère, et même de son Père, qu’il n’a jamais pu totalement détester. Il aurait tout fait pour eux à l’époque, mais la déception qu’avait son père à son sujet l’a dissuadé de rester, de peur d’aggraver les choses. Aujourd’hui encore, il pense souvent à eux, et va jusqu’à regretter parfois de ne pas avoir pu se hisser au niveau d’exigence de son géniteur. Quant à sa mère, il regrette chaque jour de l’avoir laissée tomber sans plus d’explication.
Amitié
Seö est très proche de ses amis. Il n’y a que pour eux qu’il est capable de risquer réellement sa vie pour leur venir en aide. Malgré tous ses déboires, Seö n’a jamais pu effacer ce trait de personnalité qui le caractérise. Malgré ses voyages en solitaires, il n’hésite plus à rendre régulièrement visite à ses amis, prenant plaisir à partager avec eux ses histoires et ses expériences.
Les Vampires
Sëo ne les aime pas beaucoup puisqu’il juge qu’on ne peut pas leur faire confiance, mais il n’en reste pas moins courtois lorsqu’il croise des représentants de la race de la nuit qui semblent modérés. En fait, c’est surtout qu’il n’en a jamais côtoyé personnellement, et que les seuls vampires qu’il a pu rencontrer étaient à Aigue Royale et ont fini par trahir l’alliance. Sa pensée à leur sujet n’est pas encore clairement définie, faute d’expérience probablement.
Les Humains
Sëo a appris à profondément apprécier ce peuple qui cultive autant de différence. Il en a rencontré et aidé beaucoup, comme eux ont aussi pu lui rendre service. N’étant pas né dans la noblesse elfique et ayant souvent vécu sur les chemins, il se sent parfois plus proche d’eux que de son peuple. Il reste donc plus facilement à leurs côtés, et pense être plus à l’aise dans les villes hétéroclites comme Caladon que dans les cimes Elfiques, ce qui explique pourquoi il ne les a encore jamais visitées.
Les Elfes
Sëo aime profondément son peuple. Malgré ça, il ne se sent pas forcément très à l’aise lorsqu’il est entouré de représentants de la race elfique, n’ayant pas l’habitude de se plier à leurs us et coutumes. Il n’a jamais appris à côtoyer la noblesse, et ne connait pas du tout les différents protocoles qui peuvent régir son peuple.
La Guerre
Initialement, Seö désapprouvais toute forme de violence. Depuis qu’il a des choses et des gens à protéger, il a revu son point de vue là-dessus. Toutefois, il refuse d’être celui qui déclenche les hostilités, ne se servant de ses talents que pour venir en aide à ses proches ou pour se défendre. Il faudrait une sacrée bonne raison pour le pousser à participer à des expéditions punitives, même si elles sont justifiées.
Alignement : Seö peut avoir une attitude parfois neutre, mais elle n’est jamais négative. C’est donc quelqu’un de particulièrement bon par nature.
Histoire
I. Premières années
Automne 1577 – Hiver 1702
Je suis né durant l’année 1577, en Automne, dans une maison située au Nord-Est de la cité Elfique. Je n’ai pas vraiment de souvenirs de mes premières années, simplement ce qu’on a pu m’en raconter par la suite. Ma naissance fut fêtée trois jours durant par le peuple elfique, tant l’évènement était important pour eux. La natalité des elfes a toujours été basse, c’est vrai, mais en cette période, c’était pour eux un rayon d’espoir. Enfin. C’est ce qu’ils disaient.
Moi, je me souviens surtout de la douceur infinie de ma mère, et de son sourire. Durant les premières années de ma vie, c’est elle qui fut derrière moi, me félicitant à chacune de mes réussites et de mes avancées. Cette période de ma vie est encore une fois très floue, du moins jusqu’à ce que j’aie une quinzaine d’années.
Mon père n’avait vraiment jamais été intéressé par mon éducation. J’ai rapidement appris qu’il était issu d’une puissante lignée de mages. Enfin, si toutefois on peut appeler ça une lignée. J’ai toujours souhaité qu’il m’accepte aussi chaleureusement que ma mère s’était occupée de moi. Je m’efforçais donc d’apprendre la magie, ou du moins apprendre à l’utiliser. Un jour, j’arrivais vers lui en courant, le visage illuminé par un grand sourire. Il me regarda avec un air interrogateur. Je joins alors mes mains en liant mes doigts, avant d’ouvrir brusquement ces derniers, faisant apparaitre un beau bouquet de fleurs blanches. Son regard changea, une lueur étrange dans le regard.
« J’attendais ce moment depuis longtemps, Seö Wënmimeril » Dit-il, sans avoir qu’il m’avait fallu un mois complet pour maitriser ce sort. « Tu es assez vieux pour que je t’enseigne notre magie. ». Son ton était posé, mais loin d’être chaleureux. Toutefois, je me rappelle avoir décelé une pointe de fierté dans son regard, et ça me suffisait.
Ainsi commença mon apprentissage. Mon père était exigeant, mais je progressais vite. Les vingt années qui suivirent, je suivais ses conseils, m’efforçant au mieux de le rendre fier de moi. Toutefois, un problème commençait à devenir redondant. Les séances me laissaient épuisé, et, même si mon père ne me laissait que peu de temps pour me reposer, il ne comprenait pas ma fatigue. Il fit alors appel à un de ses amis. Il était réputé pour sa force physique et son endurance hors du commun. Il avait, parait-il, été un grand guerrier à une époque.
Mon père voulait que je poursuive la magie tout en exerçant mon corps, pour augmenter drastiquement mon endurance. Aradan, puisque c’est ainsi qu’il s’appelait, ne me ménageait pas moins que mon lui, bien au contraire. Il m’apprit le combat à la lance, laissant mon corps couvert d’ecchymoses à la suite de chacun de ses cours. Je n’avais pas le temps de me reposer que je devais retourner aussitôt pratiquer la magie, sous l’œil sévère de mon géniteur.
Avec ces entrainements, je me sentis vite seul. J'avais déjà pu croiser des elfes qui avaient à peu près mon âge, mais je n’avais absolument pas de temps pour pouvoir m’épanouir dans une autre activité. Après mes longues et rudes journées, je m’écroulais, épuisé, et je m’endormais aussitôt.
Cet entrainement se poursuivit durant la centaine d’années qui suivirent. Du à ce dernier, je n'avais aucuns points de comparaison et je finis par me dire qu’il s’agissait sans doute de l’éducation de tous les jeunes elfes. Je ne parlais que peu avec d’autres représentants de ma race, et je finis par me dire que, finalement, je n’étais pas tant à plaindre que ça.
II. Le conflit
Hiver 1702 – Hiver 1750
Les entrainements allaient en s’intensifiant, mon père voulant que je progresse toujours plus vite. Malheureusement, je commençais à ne plus vraiment suivre le rythme. Je ne progressais plus aussi facilement qu’avant, et mon corps commençait à assez mal supporter la cadence effrénée que mes deux instructeurs me faisaient suivre. Excédé, mon père entrait dans des colères froides, demandant aux dieux pourquoi ils lui avaient confié un fils aussi incapable.
Ma mère essayait, elle, d’adoucir mon existence mais elle n’osait pas entrer en conflit direct avec mon père. C’est pour ça qu’elle me transmit sa passion pour la sculpture du bois. Je parvenais donc à m’extirper de ma condition en sculptant de solides bâtons, avant d’en améliorer les gravures. Ma chambre finit parsemée de branches dans lesquelles étaient sculptées des formes d’animaux, des têtes, ou simplement des motifs harmonieux.
Même si je ne maitrisais pas la magie aussi bien que mon père l’aurait voulu, je commençais à devenir plus solide et plus fort. Les entrainements couplés de mon géniteur et de mon instructeur avaient forgé mon corps. J’étais plus endurant, plus rapide, et je pouvais maintenant parcourir de grandes distances sans m’essouffler. Coté magie, je maitrisais des sorts plus puissants, et, surtout, j’en avais appris un certain nombre. Toutefois, plus je progressais, plus ma formation devenait rude.
C’est dans ce contexte que réapparurent les trois œufs de dragons. Mon père, souhaitant que je devienne la fierté de la famille plutôt que son déshonneur, tenta de m’obliger à aller à la rencontre de ces nouveaux dragons. Je savais pertinemment que je ne serais jamais choisi. La guerre, la chevalerie… tout ça ne m’intéressait pas vraiment. Moi, j’avais toujours voulu voyager et découvrir Ambarhùna de long en large. Je ne souhaitais pas guerroyer ou sauver les peuples. Ce fut d’ailleurs mon argumentaire qui acheva, je crois, de décevoir mon père. Dès lors, il se désintéressa totalement de moi. Je compris que son avis ne changerait jamais, et, au grand damne de ma mère, je choisis de quitter la maison pour entreprendre mon voyage.
III. L’éveil
Fin de l’hiver 1750 – Printemps 1752
Pour quelqu’un qui n’a jamais voyagé, la route peut vite devenir plus compliquée. Je n’échappais pas à la règle. Je ne savais pas où j’allais, ni même ce que j’y ferais. Je voulais simplement quitter tout ce qui me rattachait à mon père. Je commençais donc à arpenter les routes, me dirigeant plus ou moins vers l’Est.
N’ayant emporté que peu de vivres, je commençais à rapidement fatiguer. J’étais, je crois, arrivé à la lisière de ma forêt elfique, complètement épuisé. L’œil hagard, je refusais d’abandonner, usant de mes dernières forces pour continuer d’avancer. J’étais désorienté et je ne vis pas la brutale pente devant moi. Je tombais, roulant sans pouvoir m’arrêter. Ma tête heurta violemment une roche saillante, et je perdais connaissance.
A mon réveil, je me trouvais dans une douce chaumière chauffée par un feu de cheminée. Une Elfe, se trouvait à mes côtés. Je me souviens de sa longue chevelure rousse, et de ses profonds yeux ambrés. Un peu plus petite que moi, elle semblait pourtant plus assurée, confiante. Elle devait être légèrement plus âgée, même si ça ne se voyait pas du tout de prime abord.
Elle me tendit un bol, contenant probablement du ragout ou de la soupe, en me regardant avec bienveillance.
« Tiens, mange. Tu en as besoin » Elle attendit patiemment pendant que je me sustentais sans hésiter une seconde. Après avoir de nouveau plongé son regard dans le mien, elle me sourit, en désignant le bâton de marche que je m’étais sculpté des années auparavant.
« C’est toi qui l’a fait ? » Je répondis en hochant affirmativement la tête. Elle sembla pensive quelques instants.
« Bon. Ecoute. Je ne sais pas d’où tu viens ni qui tu es. Je sais seulement que, pour qu’un Elfe choisisse de voyager seul, sans s’arrêter, il faut qu’il ait une bonne raison. Tu as de la chance que j’ai pu te trouver ».
Voyant que je ne répondais rien, elle ajouta :
« Je ne vais pas te la demander, cette raison. Si tu le veux, tu peux rester ici. J’ai besoin d’un assistant. » Elle me regarda, souriant doucement.
J’hésitais quelques secondes, avant de répondre :
« Vous assister… ? Mais à quoi ? »
Et c’est ainsi que je fis la rencontre de la personne qui allait modifier ma vie et ma vision du monde. Cette Elfe, que seule la gentillesse avait poussé à me sauver, était un Maitre des glyphes.
Pendant les mois qui suivirent, elle m’apprit comment enchanter des objets, mais pas seulement. Nous voyageâmes beaucoup dans les vieux bois, nos excursions nous menant toujours un peu plus loin pour rechercher les ingrédients dont nous avions besoin. Nous entendîmes parler du retour des vampires et de la guerre qui se préparait entre eux et les humains. Nous restâmes à l’abris de la forêt, évitant d’en sortir trop souvent ou de s’aventurer trop loin.
Afin d’assurer ma sécurité, ainsi et surtout que celle de Laurelin, je pratiquais des entrainements réguliers, que ce soit en magie, pour manier la lance ou simplement pour continuer de forger mon corps. Je ne savais pas vraiment ce qu’il se passerait si nous tombions contre des vampires, ni même si je serais en mesure de les affronter si cela s’avérait nécessaire. Mais cela ne nous empêchait pas de continuer notre route.
Quelques mois après, Laurelin me dit que j’étais prêt à voyager seul et que, en ma qualité d’assistant, il était maintenant de mon devoir de lui ramener de quoi pratiquer son art. A y repenser aujourd’hui, je pense qu’elle voulait surtout que je puisse profiter de ces années pour voyager. Elle aussi devait sentir que la guerre pointait le bout de son nez, et qu’il ne faudrait pas longtemps pour que le Chaos règne à nouveau sur Ambarhùna. Elle m’offrit ce jour-là une paire de botte glyphée par ses soins, qui me permirent de voyager plus aisément à travers le continent. Elle me confia également un petit grimoire qui résumait ses techniques qu’elle avait elle-même écrit.
Mon premier voyage en solitaire fut plus aisé que je ne l’aurais cru. Certes, j’évitais de trop m’éloigner du royaume elfique pour ne pas tomber sur des vampires, mais je poussais légèrement plus loin que de coutume, m’aventurant une nouvelle fois aux portes du royaume humain. J’évitais toutefois de m’y enfoncer trop profondément, suivant les conseils avisés de Laurelin. Lorsque je jugeais avoir récolté assez de composants, je faisais demi-tour et je revenais auprès d’elle.
Un jour, un client régulier vint nous voir. Il nous apprit avec tristesse la mort d'un des jeunes dragons des mains du prince des vampires. Encore eux. Toujours eux. Le monde rebasculait dans le chaos, et notre peuple ne serait surement pas épargné longtemps. J’avais envie d’apporter mon aide mais je ne savais pas encore comment. Laurelin me parla alors des glyphes Draconiques, de puissants sorts liés à la magie des dragons. Je vis la une opportunité de pouvoir être utile. Non pas que je voulais combattre, aidé de ce sortilège, mais au moins pourrais-je en faire don à l’un de nos combattants. Le problème, c’était que l’ingrédient, un artefact draconique, était extrêmement rare. Laurelin m’expliqua qu’elle avait eu vent d’une rumeur selon laquelle il resterait quelques bribes de ces matériaux cachées dans les montagnes au Nord-Est par-delà les terres humaines.
Je me mis donc dans la tête de récupérer l’un de ces artefacts. Peu rassurée, mais respectant ma décision, mon maitre me fournit des vivres et des indications suffisantes pour me rendre à ma destination.
IV. La Quête
Printemps 1752 – Automne 1753
Le voyage fut long, et bien loin d’être simple. Je parvenais, après une prudente et pénible marche, devant les mastodontes rocheux du Nord-Est.
Je ne détaillerais pas ici combien il fut parfois complexe pour moi de survivre dans ces montagnes, cherchant à l’aveugle une chose que je n’avais encore jamais vue. Pourtant, j’étais heureux. Je visitais une région qui m’était totalement inconnue et, malgré les difficultés, je n’avais envie d’être nulle part ailleurs. J’ai donc passé un long moment à rechercher les artefacts, m’abritant tant bien que mal de la pluie dans les grottes, et rationnant ma nourriture pour tenir le plus longtemps possible. Je passais une grande partie de l’été dans les montagnes puis, avant de me faire surprendre par l’hiver, je décidais de regagner le royaume elfique, bredouille.
Toutefois, j’hésitais. Je ne souhaitais pas revenir sans rien auprès de Laurelin. Je fis donc des détours par les villages humains plus au Sud-Est. Lorsque j’entendis des rumeurs concernant la deuxième génération de dragons, je ne pus m’empêcher de penser à mon père. Il aurait surement voulu que je tente ma chance, comme plus tôt. Moi, je me satisfaisais de ma vie, faite de voyages et d’aventures, et bien loin des responsabilités que pouvaient avoir ces cavaliers célestes. Je ne pouvais toutefois pas m’empêcher d’être curieux à leur propos. Je me demandais ce qu’on pouvait bien ressentir en étant liés si étroitement à ces créatures ancestrales.
Je restais pendant cette période auprès des humains, voyageant de villages en villages. Je cherchais une nouvelle piste, prêtant l’oreille aux différents ragots. En dehors de ça, je proposais mes services d’maitre des glyphes a qui voulait bien payer, réussissant grâce à ça à me sustenter et à dormir au chaud. Entre mes arrêts, je m’arrangeais pour faire quelques détours afin de récolter des ingrédients, explorant avec avidité les régions que je n’avais pas encore découvertes.
Au printemps de l’année 1753, je repris le chemin des montagnes, n’ayant eu aucune autre piste. Je connaissais un peu mieux les pics rocheux, ce qui me permis de m’orienter plus facilement. Ne trouvant encore une fois rien, je décidais, intrigué, de visiter la cité de Glacern. J’arrivais en vue de la cité mais, n’appartenant pas à leur peuple, les Glacernois refusèrent de me laisser entrer dans la ville. Comprenant qu’ils ne changeraient surement pas d’avis, je décidais de reprendre, seul, mon périple dans les montagnes.
Même si je ne trouvais une nouvelle fois pas de artefacts, je continuais de m’entrainer à enchanter grâce au livre que m’avait donné Laurelin. Les ressources, sans être courantes, n’étaient pas rares dans les montagnes, et je continuais doucement de progresser. Même si j’appréciais vivre dans les étendues rocheuses, je ne pouvais m’empêcher d’avoir quelques pensées nostalgiques pour le royaume Elfique et ses bois, me demandant ce que devenait mon mentor pendant tout ce temps.
Avant le début de l’hiver, je reprenais finalement le chemin après avoir réussi à enchanter un bâton avec un sort élémentaire de glace. Ce n’était pas un glyphe très puissant, mais c’était à ce moment-là ma plus belle réussite.
J’étais pressé de retrouver Laurelin, après un an et demi passé loin d’elle. Connaissant mieux le trajet qu’auparavant, je mis moins de temps à l’effectuer, bien aidé par les bottes qu’elle m’avait offertes. Mon trajet se déroula sans encombre, et je ne croisais finalement que très peu d’individus sur ma route.
V. Début de la guerre du Néant
Automne 1573 – Printemps de l’an 1 du Quatrième âge
J’arrivais à la fin de l’automne dans le royaume Elfique. Laurelin habitait toujours dans la vieille maison chaleureuse, et rien ne semblait avoir changé. Je m’approchais doucement, savourant la paisible tranquillité qui régnait en ces lieux. Elle était dehors, travaillant sereinement la sculpture d’un bâton de bois.
Elle prit quelques minutes à m’apercevoir, concentrée sur son travail. Lorsqu’elle me vit, un sourire illumina son visage tandis qu’elle se précipitait vers moi. A ma grande surprise, elle se jeta dans mes bras, calant sa tête au niveau de mon cou. Nous restâmes enlacés durant quelques instants, profitant de nos retrouvailles.
Le contact de ses lèvres sur les miennes me surprit davantage. Sans que j’aie pu le prévoir, elle avait remonté son visage à ma hauteur avant de m’embrasser. Après une seconde d’étonnement, je sentis une douce chaleur envahir ma poitrine, et je lui rendais son baiser, raffermissant doucement notre étreinte. De longues minutes plus tard, elle recula doucement et vint poser son front contre le mien, un sourire aux lèvres.
« Tu m’as manqué » Dit-elle simplement.
Je me rendis compte à quel point notre relation avait évolué. L’affection que nous éprouvions l’un pour l’autre avaient, grâce ou à cause de l’éloignement, évolué en un amour simple, sincère et passionné. Je réalisais combien il avait dû être difficile pour elle de me savoir courant les routes par ces temps, où la guerre et le chaos semblaient ressurgir d’un lointain passé que tous pensaient derrière eux. Je m’aperçus que, de mon côté, je n’avais cessé de penser à elle durant mes voyages, m’imaginant ce qu’elle pouvait bien faire ou devenir, et me remémorant les temps où nous voyagions côte à côte.
« Toi aussi. » Répondis-je en l’embrassant de nouveau, lui arrachant un petit rire surpris et un sourire amusé.
Nous nous sommes aimés durant les quelques mois qui ont suivi. J’ai cessé de voyager trop loin, ne m’absentant que quelques jours tout au plus. Nous vivions paisiblement, profitant de la tranquillité que nous offrait la maison et le Royaume Elfique, sans penser aux lendemains. Nous continuions à pratiquer l’glyphe, ensembles, et elle fut surprise par l’expérience que j’avais accumulée lors de mes voyages. Je parvenais à réussir des glyphes complexes, commençant même à créer des glyphes personnalisés. Nous avions peu de clients, mais nous ne manquions de rien.
Malgré tout, le voyage me manquait un peu. Laurelin craignait de s’aventurer trop loin, et à juste titre, mais j’avais toujours l’envie d’explorer toujours plus loin les terres d’Ambarhùna. A bien y réfléchir, cette histoire de artefacts draconiques n’avait été qu’un prétexte pour parcourir les routes. Maintenant, je n’avais plus de réel but ni d’endroit spécifique à découvrir. Je me contentais donc de mes petites excursions, savourant avec bonheur mes premiers moments de réelle quiétude.
C’est toutefois pendant cette période que nous avons entendu parler du débarquement, et de l’avancée des Almaréens. Le monde que nous connaissions était en train de sombrer dans le chaos et, même si nous n’étions pas encore directement concernés par les combats, nous sentions la détresse qui commençait à habiter de peuple Ambarhùnéen.
Un jour, l’un de nos clients nous parla de l’avancée fulgurante des troupes, et des pertes titanesques que subissaient les armées humaines. J’étais particulièrement sensible au sort des humains, imaginant ceux que j’avais connus blessés, tués, ou encore en proie à la tyrannie. Laurelin, elle, avait peur que je retourne sur les routes. Peur que je ne me fasse attraper par des éclaireurs, ou bien encore tuer par une patrouille. Mais elle savait aussi que je brûlais d’envie d’apporter mon aide. C’est pourquoi, lorsque je décidais finalement de reprendre la route, elle ne me retint pas.
Mon départ fut l’un des moments les plus difficile de ma vie. D’une part, je dois bien l’avouer, j’avais peur. Peur d’effectivement ne pas pouvoir revenir et de ne pas la revoir. Je tentais tant bien que mal de le cacher mais je savais qu’elle le sentait. D’autre part, Laurelin tâchait tant bien que mal de cacher sa tristesse et son angoisse de me voir partir, et, la connaissant, je le sentais aussi bien qu’elle pouvait détecter ma peur. Elle resta dans mes bras pendant un long moment puis elle me regarda partir, les yeux embués de larmes. Moi, j’avais préféré ne pas me retourner, de peur de ne plus vouloir partir. J’aurais dû, pourtant.
VI. Le néant et la rébellion.
Printemps de l’an 1 – Printemps de l’an 2
Je recommençais donc à voyager à la fin du printemps de la première année de l’âge d’obsidienne. Mes voyages étaient clairement plus complexes. Je devais éviter au maximum les routes et les chemins connus, de peur de tomber sur des troupes de l’empire Almaréen. De plus, la position de l’armée des envahisseurs m’empêchait régulièrement d’atteindre certaines zones. Je redoublais de prudence, évitant les combats au maximum.
Le spectacle que m’offraient certains lieux me laissa bouche bée. Ce n’était pas la première fois que j’entendais parler de la guerre, mais c’était la première fois que je voyais réellement ses ravages. Je cherchais simplement des gens que je pourrais aider tant bien que mal grâce à la magie ou aux glyphes, me refusant toutefois de prendre part aux combats, ne voulant pas faire partie du problème. Quand j’y repense aujourd’hui, je me dis que je n’étais qu’un idéaliste et, pourtant, j’aurais bien aimé continuer à penser de cette manière.
C’était à la fin de l’été que j’entendis parler de ce qu’il s’était passé dans les bois sombres. La guerre avait donc rattrapé mon peuple, le frappant au cœur de son royaume. Inquiet pour lui, et surtout pour Laurelin, je décidais de rentrer auprès d’elle. Qu’avais-je donc dans la tête ? J’avais vraiment pensé qu’elle serait en sécurité, et que jamais l’ennemi de s’aventurerait aussi loin ? Je me hâtais donc de rentrer dans mon royaume natal, espérant que les dégâts subits n’étaient pas trop importants.
Je suis donc revenu au début de l’automne. La guerre avait sévèrement atteint mon peuple et, lorsque j’arrivais finalement à la demeure de Laurelin, je n’y trouvais personne. Je tâchais de me calmer, réfléchissant à toute vitesse à tous les scénarios possibles. La maison était en bon état, et rien ne semblait avoir été détruit. Au contraire, même, ses affaires n’étaient plus là. Tout portait à croire qu’elle avait eu le temps de plier bagage pour échapper à la bataille, même si cette dernière ne semblait pas avoir atteint cette zone-là.
En revanche, elle ne semblait avoir laissé aucun indice sur son éventuelle destination. Je ne pouvais qu’espérer qu’elle aille bien, sans pouvoir le vérifier par moi-même. Je réussis à me convaincre du meilleur avant de reprendre ma route. Dès le début de l’hiver, avec l’alliance entre le royaume humain et l’empire Almaréen, je redoublais de prudence. J’entendis alors parler de la formation d’une coalition rebelle dans une ville souterraine : Aigue Royale. Je décidais de m’y rendre pour apporter mon maigre soutient sur place, espérant que, une fois que nous aurions rétabli une paix durable, je puisse me mettre à la recherche de Laurelin plus sereinement.
Evitant au maximum les routes connues, j’aperçus en passant non loin de l’une d’elle une femme et sa fille, qui semblaient désorientées. Après avoir vérifié qu’il n’y avait pas de troupes dans le coin, je me rendis à leur rencontre. D’abord légèrement effrayée, elles comprirent rapidement que je ne leur voulais aucun mal. Elle me raconta que son mari lui avait demandé de le rejoindre à Aigue Royale, mais qu’elles n’avaient pas assez de vivres pour continuer. J’hésitais longuement. D’un côté, je voulais les aider, mais de l’autre, elles allaient considérablement me ralentir et donc probablement me mettre en danger. Je ne pouvais me résoudre à les abandonner, aussi je leur proposais mon aide pour les accompagner jusqu’à ce qui était, de toute façon, ma destination.
Le chemin fut donc plus long qu’à l’accoutumée. Je ne pouvais pas utiliser mes bottes glyphées, et je devais redoubler d’effort pour rendre le trajet supportable pour les deux humaines. Après un long voyage, où heureusement nous n’avions croisé personne, nous sommes arrivés à la cité souterraine. J’accompagnais alors Lise, la mère, accompagnée de Maïa, jusqu’à son mari, qui se trouvait être un forgeron qui avait rejoint la cause rebelle. Fou de joie de les voir saines et sauves, il me serra longuement la main avant de m’inviter à manger avec eux. J’acceptais. Il s’appelait Alvis, et, comme moi, il souhaitait apporter son aide pour qu’Ambarhùna retrouve la paix. Idéalistes, nous nous sommes rapidement liés d’amitié.
Durant l’hiver et le début du printemps, j’apportais mon aide, associé à Alvis, pour créer des armes et armures glyphées. Bien sûr, nous en faisions commerce, mais à moindre coût. Je devais régulièrement sortir en douce pour récupérer des ingrédients. Les dérèglements climatiques liés aux blessures de Néant ne me facilitaient pas la tâche, et je ne ramenais pas beaucoup de composants pour les glyphes. Nous faisions de notre mieux avec ce que nous avions, espérant que la guerre soit finie le plus vite possible.
Lorsque j’appris que la forêt elfique avait était attaquée par le dieu du Néant, je ne pus m’empêcher d’espérer que Laurelin allait bien, et qu’elle n’avait pas été blessée par les assauts. Je fus surpris d’apprendre que le peuple Elfique se dirigeait vers Aigue Royale pour y trouver refuge. La cité souterraine allait bientôt devenir beaucoup plus peuplée et animée et, peut-être, reverrais-je également mes parents. Mes parents… ça faisait longtemps que je n’avais pas eu une pensée pour eux. J’espérais tout de même qu’eux aussi allaient bien.
L’arrivée des elfes fit beaucoup parler autour de nous. J’étais habitué à vivre avec le peuple humain, mais savoir qu’ils allaient cohabiter avec autant de représentants de la race elfique semblait les perturber. Après leur arrivée, je choisis tout de même de rester auprès d’Alvis, jugeant que j’étais plus utile ici qu’auprès des miens.
VII. Un jour…
Printemps de l’an 2 – Eté de l’an 2
C’était peu après l’arrivée des elfes à Aigue Royale. J’étais sorti hors de la cité dans l’espoir de récolter quelques ingrédients pendant quelques jours. A mon retour, je me dirigeais vers la forge d’Alvis. Il m’attendait visiblement, m’interpellant dès mon arrivée.
« Seö, mon ami, il faut absolument que tu nous réserves ta soirée de ce soir. » Me dit-il, calmement.
Je me demandais ce qu’il avait derrière la tête. Nous invitions peu de monde et, j’avais beau réfléchir, ce n’était pas l’une des dates d’anniversaire de la famille. De toute façon, je n’avais pas vraiment autre chose à faire pour cette soirée, donc je haussais les épaules, en répondant par l’affirmative.
« Si tu veux, Alvis. On fête quelque chose ? Une coutume de votre région peut être ? »
Il me fit signe que non, me souriant doucement.
« Pas exactement, pas exactement, mais je voudrais te présenter quelqu’un. » Me répondit-il.
Je haussais les épaules, déposant mon matériel à l’entrée de la forge. Je travaillais ensuite le reste de la journée à ses côtés, en silence, comme souvent. Nous n’avions pas besoin de parler pour apprécier la compagnie de l’autre, et je respectais ça, chez lui.
La soirée arriva et, m’étant éloigné quelques heures pour marcher et prendre l’air, je revins vers l’atelier, qui servait à l’étage comme habitation pour la famille. Après avoir grimpé les escaliers jusqu’au premier, je leur signifiais mon arrivée.
« Bonjour tout le monde » lançais-je, content de passer un peu de temps avec Lise et Maïa.
La jeune fille vint immédiatement me voir, sautant dans mes bras.
« Seö ! Tu ne passes jamais de temps avec moi ! » Lança t’elle, feignant d’être en colère.
Je lui ébouriffais tendrement les cheveux. J’éprouvais beaucoup d’affection pour la petite famille. Ils étaient simples, naturels, et, plus important encore, ils avaient le cœur sur la main.
« Maïa, arrête de l’embêter sinon il ne viendra plus du tout ! » Cria Lise, de la cuisine, d’un air amusé.
Je reposais la jeune fille au sol, puis je me rendis dans ladite pièce, qui servait également de salle à manger. Alvis attendait là, et me fit signe de m’assoir, alors que Lise tournait la tête vers moi.
« Salut Seö, installe-toi, le dîner est presque prêt. » Dit-elle en me souriant.
Je m’asseyais donc en face d’Alvis, étrangement calme, comme plus tôt dans l’après-midi. Il y avait bien une cinquième assiette installée à table, et ma curiosité grandissait doucement.
« Et donc, qui avez-vous invité ce soir ? » Lançais-je en soupirant.
« Ne soit pas si pressé ! Un vieil ami à moi nous rend visite, et il a toujours été fasciné par l’glyphe. Il sera ravi de te rencontrer. » Me répondit Alvis, amusé.
J’entendis derrière moi Lise laisser échapper un petit rire. J’avais l’impression qu’ils ne me disaient pas tout : Ils n’avaient encore jamais parlé de cette personne auparavant. Je discutais donc avec la famille pendant une petite heure, parlant de ma récente excursion et de la situation dehors. Je n’avais par chance croisé aucune patrouille, et j’avais veillé à camoufler mes traces afin qu’on ne me repère pas. Une discussion banale, mais agréable.
C’est alors que l’on tapa à la porte de l’atelier.
« Ah ! Enfin, on va pouvoir passer à table. Seö, tu veux bien aller ouvrir pendant qu’on finit de préparer, ça serait parfait ! » Me dit Alvis, accompagnant ses paroles d’un clin d’œil.
« Pas de soucis. » lui répondis-je en souriant.
Je me levais alors pour accueillir leur ami qu’ils venaient juste de retrouver. La soirée s’annonçait festive, riche en histoire et en anecdotes. Un léger sourire aux lèvres, je descendis les escaliers tranquillement, puis je me dirigeais vers la lourde porte d’entrée, et ouvrais à l’inconnu.
« Bons-… » Lançais-je poliment, avant de m’interrompre brutalement, écarquillant les yeux.
Mes yeux se posèrent sur sa magnifique chevelure rousse, puis dans ses beaux yeux ambrés, plongeant dans leur profond et mystérieux regard. Une lueur mêlée à la fois de surprise et d’une joie indicible brillait dans ses douces pupilles. Le même sentiment m’envahit peu à peu, alors que nous restions plantés l’un en face de l’autre sans bouger. Je vis alors une larme perler au coin de ses yeux qui s’embuaient peu à peu, tout comme les miens.
« Seö… » Souffla Laurelin, avant de se jeter dans mes bras, me propulsant en arrière.
Je tombais lourdement sur le dos, mais ça importait peu. Elle était là, blottie contre moi, le visage enfouit dans mon cou. Son corps était animé de légers soubresauts. Elle pleurait. De soulagement, de Joie. J’avais moi-même du mal à contenir mes larmes, respirant profondément et étreignant doucement celle qui m’avait tant manqué. Nous sommes restés ainsi de longues minutes, j’attendais qu’elle se calme en caressant tendrement son dos. Elle releva la tête, posant son front contre le mien comme elle avait l’habitude de le faire, laissant échapper un petit rire parmi son visage encore mouillé de larmes.
« Si je pleure, c’est à cause de tes amis. Ils m’ont dit qu’ils ne te connaissaient pas mais qu’un autre elfe pourrait me renseigner » Dit-elle, amusée, essuyant légèrement son visage.
« On ne voulait pas rater cet évènement ! » Je tournais la tête et je vis trois visages illuminés par de grands sourires nous observer depuis le sommet des escaliers.
Je rougis légèrement, comprenant qu’ils nous épiaient depuis le début. Laurelin, qui tourna la tête en même temps que moi, vit ses joues prendre une jolie teinte cramoisie également. Nous voyant ainsi gênés, Alvis éclata de rire.
« Si vous voyiez vos têtes… Allez, venez. On n’a pas préparé un repas de fête pour rien ! » Lança-t-il, visiblement heureux de l’effet que sa surprise avait eu.
Laurelin se releva, puis je fis de même. Nous nous rendîmes dans la cuisine pour partager un repas avec la petite famille, qui semblait absolument ravie de rencontrer celle dont je leur avais tant parlé. Maïa semblait fascinée par sa beauté, la faisant légèrement rougir. Elle n’était pas habituée à côtoyer des humains, et encore moins des enfants. Pourtant, elle était loin d’être froide, discutant gentiment avec la jeune fille et répondant à chacune de ses questions.
J’appris que Laurelin était venue les voir peu de temps après mon départ. Ils avaient alors tous joué le jeu pour que nous puissions nous retrouver. La famille humaine avait préparé une petite chambre pour nous deux au sous-sol de l’atelier pendant mon excursion et, malgré nos premiers refus, elle insista pour que nous restions habiter avec eux, le temps que la guerre finisse.
Après que Maïa fut partie se coucher, j’emmenais Laurelin visiter la cité souterraine. Je lui montrais également mes itinéraires de sorties et les différentes destinations de mes voyages, amusé par l’ironie de notre histoire. Je devenais son mentor comme elle fût le mien bien des années auparavant. Je la taquinais d’ailleurs à ce sujet, la faisant beaucoup rire. Elle semblait comme libérée d’un poids qu’elle devait porter depuis mon départ. Nous rentrâmes nous coucher peu après. Avant de s’endormir, elle plongea ses yeux dans les miens, se relevant légèrement en s’appuyant sur mon torse.
« Tu sais, je crois savoir pourquoi tu aimes tant voyager. » Me souffla t’elle, en souriant.
« Ah oui ? Et pourquoi ? » Répondis-je, sur un ton amusé.
« Et bien, au début je croyais que c’était simplement par goût pour le risque… » Elle s’interrompit un instant. « Mais maintenant, je dirais que c’est pour tous ces gens que tu as pu rencontrer, et leur richesse… Je n’aurais jamais cru qu’une famille humaine soit aussi passionnante et attachante… Et… Je regrette de ne pas avoir eu le courage de partir avec toi. » Elle s’allongea complètement, posant sa tête sur mon torse.
« Tu sais… Ils ne sont pas tous comme ça non plus… » Lui répondis-je, tâchant de la rassurer en montrant qu’elle n’avait pas eu complètement tort de se méfier de certains d’entre eux.
« Ce n’est pas grave… Il suffit qu’il n’y en ai… que quelques-uns… » lança t’elle, d’une voix de plus en plus ensommeillée, à mesure qu’elle glissait peu à peu dans les bras de Morphée.
Alors que Laurelin s’était profondément endormie contre moi, je restais éveillé quelques temps, heureux sentir son corps contre le mien, et réfléchissant à ses paroles. Elle avait raison. Les meilleures choses que j’avais vécues durant mes voyages étaient mes rencontres. Bjön, Lise, Maïa, Alvis… Et elle bien sûr. Surtout elle. Si je n’avais pas bravé les chemins, nous ne nous serions probablement jamais rencontrés…
Durant le mois qui suivi, Laurelin nous prêta main forte pour la création d’objets glyphés. Non seulement elle m’aidait pour le travail d’maitre des glyphes, mais elle m’accompagnait également lors de mes sorties. Je lui faisais alors découvrir la zone qui entourait Aigue Royale, et les endroits où nous avions une chance de trouver des ingrédients. Je savourais sa présence tous les jours, découvrant le plaisir de voyager en compagnie d’un être aimé. Cette sensation valait toutes les autres, et son air émerveillé devant chacune de ses découvertes me comblait de bonheur. Je la regardais en souriant, pensant que je devais être le même lors de mes premiers voyages.
Nous vivions à nouveau paisiblement, entourés de nos nouveaux amis, et partageant avec eux contes et légendes de nos peuples respectifs. Nous mangions tous ensembles, appréciant la compagnie de chacun. Nous apprîmes auprès de Lise la cuisine humaine, et Laurelin lui enseigna certaines spécialités dont elle avait le secret. Nous menions une vie simple, sans prétention, nous souciant de moins en moins de l’état d’Ambarhùna, pourtant juste au-dessus de nos têtes.